Dire les choses haut et fort. “Bordeaux ne mérite pas ça”, scande Pierre Hurmic, le maire de la ville, devant les locaux du Planning Familial de la Gironde, au début du rassemblement. “Nous avons décidé de ne plus nous taire”, affirme de son côté Annie Carraretto, co-présidente de l’association. Face à eux, environ 350 personnes venues pour soutenir le Planning Familial. Si l’ambiance est légère, la raison du rassemblement, elle, ne l’est pas.
Dans la nuit du 27 au 28 février derniers, les locaux bordelais de la structure ont été tagués pour la troisième fois en moins d’un mois. Si la première vandalisation avait pris la forme d’une inscription “Aujourd’hui stérilisés, demain pucés ?”, l’association n’a pas donné de détail concernant le dernier tag dont elle a été victime. Cette fois, le Planning Familial a décidé d’agir en organisant un rassemblement de soutien devant ses locaux, ce 1er mars 2023.
“Si je peux venir, je viens”
Le regroupement se tient non loin de la gare Saint-Jean, sur une petite place calme de Bordeaux, à 17h30. Les tags ont été enlevés, et sont remplacés par un collage “L’IVG est un droit”. Quinze minutes avant le début du rassemblement, une centaine de personnes sont déjà présentes, sous 6°C. Mais le froid ne décourage pas les manifestants.
“En tant que femme, je suis concernée, et si je peux venir, je viens”, affirme Michelle, 63 ans. “L’IVG est un droit qui a été acquis difficilement, et qu’il faut maintenir absolument”, se désole la sexagénaire. “Ce sont les femmes qui décident, personne ne peut remettre ça en question et encore moins les hommes”. Très peu de pancartes sont visibles, mais de nombreux individus arborent des badges ornés du logo du Planning Familial ou d’associations. La police n’est pas présente.
Myrtille Bondu de Gryse, co-présidente de l’association, est la première membre du Planning Familial de la Gironde à prendre la parole, sous les applaudissements de la foule. “Ces attaques sont le reflet d’une dédiabolisation du discours liberticide de l’extrême-droite envers les droits sexuels et reproductifs. À Bordeaux, en France, et partout dans le monde ! “, assène-t-elle avant d’interpeller les élus, leur demandant “d’assurer la pérennité financière du Planning Familial de la Gironde.”
De nombreuses personnes ont pris la parole durant la mobilisation, dont Myrtille Bondu de Gryse, co-présidente du Planning Familial de Gironde.
“Encore une de plus”
Toutes les générations ont répondu à l’appel. Femmes, et hommes aussi. Alain Guillerdon, 72 ans, fait partie des doyens du rassemblement. “Le Planning Familial est attaqué de toutes parts”, regrette-t-il. “C’est une cause importante, et c’est toujours l’extrême-droite qui la remet en cause. Eux, ce sont les pires”, dit-il d’un regard sombre.
Les plus jeunes se sont aussi déplacés. Ana, 24 ans, est présente pour “montrer aux fachos que la peur doit changer de camp. Toucher au Planning Familial, c’est toucher à mes droits. Et quand j’ai entendu parler de ces vandalisations, je me suis dit : “Encore une de plus”, malheureusement”, explique la jeune femme.
Des cas de vandalisations récurrents à Bordeaux
Durant plus d’une heure, les prises de paroles se succèdent. Beaucoup d’associations qui interviennent ont également été vandalisées. C’est le cas de l’Association de Solidarité avec Tous les Immigrés (ASTI), qui vient d’être taguée pour la troisième fois depuis novembre 2022. Mais aussi de SOS Racisme, vandalisé la même nuit que le Planning Familial. “On a été tagués pour la deuxième fois. Alors que la semaine dernière, les membres de groupuscules d’extrême-droite qui ont attaqué dans le quartier Saint-Michel ont été mis en garde à vue”, raconte un représentant de SOS Racisme. Annie Carraretto n’hésite pas citer ces mouvements. “On les nomme Bordeaux Nationaliste, Jeunesse Catholique Française, Action Directe Identitaire”, affirme-t-elle.
Une fois les différentes prises de paroles terminées, peu avant 19 heures, la foule commence déjà à se disperser. Le Planning Familial a annoncé vouloir déposer plainte dès le lendemain. Bien qu’aucune suite n’ait jamais été donnée aux plaintes déposées par la structure, selon Annie Carraretto.