A Bordeaux, le radiologue Jean Palussière étudie depuis 1998 le cancer du sein à Bordeaux, à l’Institut Bergonié, le centre de lutte contre le cancer du Sud Ouest. Et, aujourd’hui, après dix ans de recherche avec l’équipe de Chrit Moonen, directeur d’un laboratoire CNRS à l’université Bordeaux 2, ils viennent de mettre au point une machine, qui permet de brûler les cellules cancéreuses par des ultrasons, en augmentant localement la température jusqu’à 60-70°. Une avancée majeure, qui pourrait révolutionner les techniques d’opération. Certaines femmes pourraient ainsi éviter une ablation du sein, dont les conséquences esthétiques sont mal supportées. Cependant, le procédé n’est pas nouveau. A Lyon, une équipe traite déjà les tumeurs de la prostate par ultrasons. Mais, ici, à Bordeaux, le prototype, qui vaut près de 3 millions d’euros, est spécialement adapté à une application mammaire et allie à la fois la technique des ultrasons avec celle de l’IRM (imagerie par résonance magnétique). Aujourd’hui, non seulement, leur appareil, peut repérer la tumeur grâce à l’IRM, mais surtout, il permet de piloter, avec précision, le faisceau des ultrasons, car il mesure en temps réel la température dans la zone à détruire. Une première en France, financée, entre autres, par le Conseil régional d’Aquitaine et la Ligue contre le cancer.
« Avec la radiologie interventionnelle, j’ai pu retrouver le contact avec les patients »
Pour Jean Palussière, marié et père de trois enfants, c’est aussi l’aboutissement d’un choix de carrière, mûrement réfléchi. Quand, en 1998, l’Institut Bergonié lui a proposé un poste pour développer la « radiologie interventionnelle », il n’a pas hésité un instant. « J’ai ainsi pu retrouver le contact avec les patients. Souvent, dans notre métier de radiologue, nous ne faisons plus que du diagnostic », explique t-il. Cette discipline, qui consiste à utiliser les techniques d’imagerie médicale à but thérapeutique, et non plus seulement de diagnostic, n’en était alors qu’à ses balbutiements. Avec passion, il s’est donc pleinement investi dans sa mission et a participé à l’évolution de la « radiologie interventionnelle ». Pour cela, il a intégré le laboratoire de recherche du CNRS de Chrit Moonen, dès 1999, et a même repris ses études, obtenant avec succès un DEA « rayonnement et imagerie » à Toulouse, en 2000. Discret, modeste, il se veut aussi prudent, par peur de décevoir ses patients. Les tests n’ont pour l’heure été réalisés que sur des animaux. D’ici la fin de l’année, dix patientes vont tester l’efficacité de ce traitement par ultrasons focalisés. Si les résultats sont positifs et que le procédé est validé par le comité d’éthique, la machine pourrait être instaurée dans les hôpitaux à l’horizon 2010. Jean Palussière en est déjà convaincu : « une partie de l’avenir de la lutte contre le cancer du sein, ce sont les ultrasons ».
Nicolas César