La future grande région agricole sera remarquable par sa « production de qualité » et par « son sens de l’innovation », ou ne sera pas. On peut aussi ajouter qu’elle devra être «forte et compétitive à l’export», tout en sachant rester « une agriculture de proximité », développant les circuits courts, le bio, et conservant de fortes retombées de valeur ajoutée sur le territoire. C’est en synthèse ce que l’on peut retenir des propos tenus tour à tour par Alain Rousset, Gérard Vandenbroucke et Jean-François Macaire ce vendredi matin sur le stand Poitou-Charentes quant à leur ambition pour la région à naître.
Ouvrir Sud Ouest France à toute la grande région?Des ambitions qui pour ne pas rester de simple vœux nécessitent de répondre à « des enjeux considérables », note Alain Rousset. D’abord, l’enjeu de savoir accompagner l’agriculteur et l’agriculture dans « les défis du moments », et ils sont nombreux, listés par le président aquitain : « la situation de l’élevage, la variabilité des prix, la question de l’eau ou encore la modernisation du tissu industriel, la diversification des ressources pour les agriculteurs… ». Ensuite, il faudra « anticiper » et enfin, on y revient il faudra « innover », l’un n’allant pas sans l’autre, ni sans « la co-construction avec les partenaires professionnels », ont souligné les trois présidents.
De manière pragmatique, Jean-François Macaire, insiste sur la nécessité d’« un outil puissant à l’export » pour favoriser la promotion et la vente des produits de la future région à l’international. Une allusion à peine voilée à la bannière Sud Ouest France créée en commun par l’Aquitaine et Midi-Pyrénées en 2012, et depuis déclinée avec succès en Maisons Sud Ouest France sur le territoire chinois. Interrogés sur le sujet, Jean-François Macaire et Gérard Vandenbroucke, opinent vivement du chef à l’idée de développer cette marque au profit de tout le territoire de la future région. Mais Alain Rousset tempère, cela « suppose d’abord réflexion avec Midi-Pyrénées ». D’autant, que si cette dernière peut se prévaloir de produits clairement Sud-Ouest, notamment dans le Gers et les Hautes-Pyrénées, d’autres pourraient tout autant entrer sous la marque Sud de France, développée par Languedoc Roussillon, avec qui Midi-Pyrénées s’apprête justement à fusionner.
Mutualisation progressiveEnfin, si les trois hommes assurent que leurs services travaillent, de manière globale, à une harmonisation des aides et dispositifs régionaux sur l’ensemble de leurs politiques, il reste que désormais, en matière agricole, nombre de ces dispositifs, sont financés par le biais de fonds européens, autrement dit sur des axes et des programmes d’actions validés par la Commission européenne, auprès de laquelle les régions doivent rendre compte. Des programmes qui sont donc différents d’une Région à l’autre (puisque conçus avant la fusion) et ce, jusqu’à 2020, date du renouvellement de la PAC au niveau européen. Rappelant que la fusion des régions ne remet pas en cause l’existence de ces programmes et la délégation du second pilier de la Pac aux régions, Alain Rousset rassure : « tout l’argent de l’Europe prévu pour l’agriculture nos régions pourra et sera dépensé ».
D’autre part, « ces programmes concernent principalement l’installation en agriculture et les mesures compensatoires aux handicaps naturels, ils ont donc été adoptés en continuité de ce qui était fait auparavant et de la réalité de chaque territoire » continue-t-il. Et Jean-François Macaire de tirer le fil: « si après 2020 un programme unique à l’échelle de la grande région, est mis en place, celui-ci sera de toute façon aussi adapté à la diversité des paysages et des agricultures présentes dans la Région ». Par ailleurs, conclut Alain Rousset, « il est impossible d’aligner les 3 régions d’un seul coup. Il ne peut pas y avoir de rupture au 1er janvier 2016 ; ce n’est que progressivement que l’on mutualisera pour créer au terme de la mandature, une seule et même région ». Une remarque valable pour l’agriculture comme pour la plupart des autres politiques régionales.