Les Tribunes de la presse ouvrent le débat


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Les Tribunes de la presse ouvrent le débat

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Temps de lecture 1 min

Publication PUBLIÉ LE 21/11/2016 PAR Romain Béteille

Dans le programme détaillé, on a déjà découvert plusieurs approches autour de ce thème du pouvoir (les intellectuels, les lanceurs d’alerte, le pouvoir d’informer, les conséquences du Brexit, ect.). Mais c’est sans doute celui choisi pour le premier débat qui reste l’un des plus forts : « La fatigue démocratique ». C’est avec ce premier thème en tête que quelques personnalités ont décidé d’ouvrir la marche au travers du traditionnel discours d’introduction qui déclare les Tribunes ouvertes. Alain Rousset, président de la région Nouvelle Aquitaine, a d’ailleurs choisi ses mots en parlant de « confrontations, d’échanges. C’est tout le sens du soutien de la région aux Tribunes de la presse : offrir aux jeunes un nouvel éclairage sur le monde ». « Nous ne sommes pas dans le monde fantasmé d’Orwell », a pour sa part ajouté Catherine Marnas, directrice du TnBa, « le flux continu de l’information fait que les archives que l’on avait le temps de construire s’effacent les unes après les autres ». 

En bon parrain de cérémonie, Bernard Guetta a voulu ces trois jours comme un moyen de « trouver des idées différentes, même si elles sont contradictoire, de cette période autour desquelles se réorganiseront les partis politiques, la presse, les institutions. La crise du pouvoir actuel fait que le monde ne peut pas rester dans ce flottement. Essayons de faire remonter des idées », a-t-il dit, perché sur un pupitre. C’est ce que devrait permettre les thèmes abordés durant toute la manifestation, avec une grande place laissée au public dans la salle, comme toujours, pour interpeller les invités sur des sujets ou des notions oubliées. Twitter s’est d’ailleurs rapidement emparé de la manifestation et l’a inscrit dans ses tendances locales. Tout au long de ce programme, partagés entre des conférences au TnBa et des ateliers à l’IJBA, des étudiants de l’EFJ vont intervenir sur aqui.fr afin d’apporter leur regard sur les interventions et ce qu’ils en retiennent. Car l’ouverture n’est bien sûr qu’un préambule aux idées qui pourront en émerger…

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Le nouveau visage de l’annexe B


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Temps de lecture 11 min

Publication PUBLIÉ LE 20/11/2016 PAR Romain Béteille

La Caserne Niel, l’Espace 29, les Vivres de l’Art, l’exposition Transfert : depuis quelques années, les initiatives de la mairie de Bordeaux en faveur des artistes et de la culture artistique en général fleurissent, et elles ont en commun la volonté de vouloir s’ouvrir à de nouveaux publics et s’adresser au plus grand nombre. L’un des derniers projets en date a ouvert officiellement ses portes en mai dernier après un appel à projets auprès des acteurs culturels bordelais, qui devait obligatoirement comporter un volet d’accueil d’artistes en résidence. Le tout a été annoncé en grande pompe par les élus car le lieu de mise en place de cet atelier réaménagé était plus que symbolique : l’ancienne annexe du groupe scolaire Condorcet, situé au coeur du quartier du Grand Parc.

Une entrée discrète dans le paysage culturel 

L’idée initiale était d’accueillir une cinquantaine d’artistes dans les seize anciennes salles de classes de l’établissement inscrit auparavant dans la case des « mètres carrés glissants », autrement dit vacants et temporairement désaffectés. Le coût initial (on parlait d’une enveloppe de 15 000 euros fin 2015) de la transformation comportait un diagnostic concernant l’amiante statique présente dans les plafonds. L’Annexe B avait tout pour être un projet important et symbolique de l’incrustation de l’art dans la politique culturelle et sociale de la ville. Le 19 novembre dernier, elle s’est présentée au public (par groupe de 50 personnes, le bâtiment n’étant pas aux normes pour en accueillir davantage). Quelques jours avant, c’est à nous qu’elle a ouvert ses portes. 

A quelques minutes du tramway, le quartier est très calme. En guise d’horizon, les vieilles tours HLM dominent, et une résidence de vacances apparaît comme l’un des seuls bâtiments neufs du lot. Pour trouver l’Annexe B, il faut chercher un peu, seule une boîte aux lettres indique qu’on se trouve au bon endroit, lardée de bouts de scotch orange indiquant l’adresse de l’atelier collectif. Il faut passer une cour et une salle de prière pour enfin avoir droit à un panneau d’entrée officiel. Depuis le mois de mai, trois organismes ont pris les commandes du projet entériné au travers d’une convention de 24 mois renouvelable 12 mois supplémentaires. Il y a d’abord l’Agence Créative pour l’Art Contemporain, déjà responsable de l’opération Tinbox, un concept de gallerie d’art mobile dont la dernière exposition (avec pour thème l’emploi par l’artiste Natacha Sansoz) est installée jusqu’au 2 décembre Place Pierre Renaudel et investira du 4 décembre au 4 janvier Place Pey Berland. Vient en deuxième titre Bibliotheca, un projet monté pour l’occasion dont l’objectif est l’installation d’une bibliothèque dans les murs et enfin, sans doute la structure la plus emblématique du lot car la plus ancienne, l’association MC2a (Migrations Culturelles Aquitaine Afrique) fondée en 1989 par Guy Lenoir et ayant profité de l’occasion pour déménager ses anciens bureaux installés au 44 Rue du Faubourg des Arts au sein de l’annexe.

On ne peut pas vraiment dire que le bâtiment en lui-même a fière allure. Les couleurs sont un peu défraichies, et ce dès la porte d’entrée. Certaines salles, comme celle consacrée aux sciences, sont encore innocupées et restées en l’état. Les murs violets et les structures en bois dans le couloir du premier étage sont un peu d’une autre époque, de même que le carrelage en damier des escaliers principaux, ce qui donne une dimension un peu hors du temps à l’ensemble. Et puis il y a les artistes. C’est eux, le coeur du projet. Ils sont une trentaine en tout, répartis entre le premier et le deuxième étage, mais tous ne sont pas là le jour de notre visite. Ceux présents ont en tout cas un point commun, celui de ne pas en avoir. Entre Tommy, qui vient des Pays-Bas, Emmanuel formé aux Beaux Arts de Bordeaux, Dalila originaire d’Algérie et formée à l’école berlinoise, Margot la polonaise et Susanna qui partage ses racines entre Bilbao et le Pays Basque, il suffit d’un seul lieu pour voir du pays et autant d’histoires et de parcours différents. 

Chacun son but

« Il y a quelque chose qui m’a attiré dans son travail, sa sensibilité, un côté poétique. Ca s’est fait rapidement », confie Nadia Russel, directrice artistique de l’Agence Créative en pénétrant dans l’atelier partagé de Tommy Vissenberg, venu du dessin pour s’orienter vers la céramique. A Bordeaux depuis deux ans, il a répondu à l’appel des structures souhaitant concourir à l’appel à projets et cherchant des candidats. Son atelier est plein de morceaux non terminés, de bouts qui ne se sont pas encore assemblés. « J’avais besoin d’un lieu pour pouvoir travailler, un endroit où il y ait plusieurs artistes parce que ça donne une autre dynamique, une autre énergie », confie cet ancien étudiant des Beaux Arts de Maastricht. Lui est venu à l’art par intérêt, et aussi parce qu’il « ne sait rien faire d’autre », comme il nous l’avoue dans un accent très prononcé.

Emmanuel Aragon Annexe B

Emmanuel Aragon, lui, est plus centré sur l’écriture. Cet ancien professeur à l’école d’art d’Annecy en a d’ailleurs fait sa marotte. Il grave partout : sur du granit, du marbre, des poutres, de la terre cuite ou même des meubles (en pièce, comme des portes d’armoires ou entiers comme une table basse). Actuellement en plein travail sur un projet autour du thème  du loup et du « sauvage », il exposera au sein d’un collectif d’artistes au printemps prochain aux nouvelles archives municipales de Bordeaux. Il a un peu plus de bouteille et son C.V parle pour lui : Hangar G2, espace29, centre culturel Montséjour, Résidence d’artistes à Montflanquin, festival Expoésie de Périgueux mais aussi Forum des Images parisien ou festival marocain, la liste s’allonge au fur et à mesure qu’on la découvre. Emmanuel est aussi très engagé, à sa manière, dans la transmission de l’art et de la culture auprès des plus jeunes. « Je consacre un quart de mon temps à réaliser des ateliers d’arts dans des crèches sur l’agglomération de Bordeaux. Les séances durent environ une heure et demie mais c’est le rythme de l’enfant qui est le guide, pas le mien. Je fais ça depuis environ six ans parce que je me suis trouvé une passion pour ces dispositifs de rencontres ».

Emmanuel ne va pas que dans les crèches, il s’est aussi occupé d’un travail de coordination avec un hôpital psychiatrique ou une université. Installé depuis le début de l’opération, il espère que le projet s’installera durablement dans le temps. « C’est un cercle vicieux, plus on passe de temps dans ce genre de structure, plus un peut voir des projets intéressants émerger. C’est une histoire de dialogues et de relations individuelles, le but c’est de faire un projet durable et un travail de fond. Il faut que l’annexe B existe dans le paysage culturel, qu’on l’identifie, qu’elle soit davantage en lien avec les écoles du quartier ». Emmanuel a déjà déménagé plusieurs fois, il essaye de se familiariser avec son nouveau lieu. « Il faut un certain temps pour s’habituer à un nouvel atelier, quelques mois pour le connaître. C’est comme quand on arrive dans une ville. Mais je pense qu’au niveau politique, c’est intéressant, il faudrait que la métropole développe davantage de lieux comme celui-là, qu’elle ait le courage de le faire. Des écoles, des entreprises ou des lieux désaffectés, il y en a partout, ce n’est pas un problème de locaux, c’est juste une volonté politique », dira-t-il, honnête. 

Un investissement nécessaire

Dalila Dalléas Bouzar Annexe B

Dans la pièce d’à côté, il y a Dalila. Elle a passé quatre ans à Berlin mais n’a pas fait tout de suite de l’art une vocation. Issue d’une formation en biologie, elle change de voie sans jamais avoir fait de peinture de sa vie et s’investit autour d’un stage de rencontres d’artistes. A Berlin, elle découvre un microcosme d’artistes très développé, une ambiance particulière et des artistes financièrement très soutenus par la politique culturelle de la ville. En revanche, pour parler de l’annexe B telle qu’elle est aujourd’hui, elle ne prend pas de gants. « C’est juste un endroit dans lequel on met des artistes pour ne pas que le lieu devienne un squat. C’est très précaire pour nous, on sait déjà que dans deux ou trois ans, l’immeuble sera soit détruit, soit affecté à autre chose. J’ai l’impression que la mairie ne met pas vraiment les moyens pour accueillir les artistes. Il y a encore du chemin à faire même si c’est une expérience intéressante parce que cette émulation nous permet de nous sentir moins isolés ». Comme les autres, l’eau et l’électricité de l’endroit où son atelier est installé sont à sa charge, cela représente environ 160 euros par pièce, partagés en fonction du nombre d’artistes, mais de ce que l’on a vu, ils ne sont pas plus de trois par « salle de classe ».

Dalila exposera l’an prochain au centre culturel de Molenbeeck, un « quartier dynamique avec un centre qui attire beaucoup de monde » selon elle, une zone populaire qui a defrayé la chronique pour avoir hébergé un temps de nombreux et notoires candidats au djihad. Elle a également pour projet de faire venir un artiste béninois au sein de l’annexe, pour rajouter encore un peu de diversité à l’ensemble : « j’aimerais bien le faire venir en résidence, mais le budget… », souffle-t-elle, comme pour lancer un appel. Aujourd’hui, elle vie de la vente de ses toiles, mais de manière inégale selon les périodes. Une de ses toiles grand format peut se vendre entre 6 000 et 10 000 euros sur le marché des galleristes. Elle aimerait bien faire le chemin inverse d’Emmanuel et devenir professeur dans une école d’art dans les années à venir. En attendant, elle a fait de l’annexe B son nouveau refuge, après avoir occupé une cabane champêtre dans un pré de Saint-Quentin de Baron. 

Margot Sokdowska, enfin, a quitté sa Pologne natale pour venir à Bordeaux. « C’est l’art qui m’a fait venir ici », avoue-t-elle. Longtemps hébergée en résidence d’artiste, elle a l’expérience de ce type d’organisation collective. Partagée entre la photographie et la peinture figurative, son style accroche l’oeil, entre le réalisme d’une image et l’imaginaire d’un fabricant de décor. Une seule oeuvre détonne avec le reste : un vieux miroir brisé dont il reste un bout de verre, orné de l’inscription « Casse toi » : c’est ce miroir qu’elle a présenté pour être l’une des lauréates de l’annexe en mai. Elle revisitera durant tout le mois de décembre le selfie et l’histoire des portraits au sein de l’école primaire Schweitzer. Elle le fait pour rentrer dans le cadre du projet social initié par MC2a, mais aussi par goût. « C’est quelque chose de vivant. Les enfants ont envie de travailler. On ne peut pas faire que ça, parce que nous ne sommes pas éducateurs du tout. Mais ce statut d’artiste les rend réceptifs ». Installée depuis quelques années, elle est aussi témoin du développement de l’offre culturelle locale, et prend les choses de manière plutôt positive. « Je suis persuadée qu’il y a un art, une identité artistique bordelaise, peut être parce que je viens de loin et que j’ai cette distance. Des gens se contaminent, s’inspirent les uns des autres », affirme-t-elle, entre deux explications de son travail.


Une direction à suivre

Margot et les autres sont, de l’aveu même de Katy Bétoté, chargée de mission pour MC2a au sein de l’annexe, « ici comme chez eux ». Les bureaux de l’association, fraîchement réinstallés, sont dans une pièce aux grandes fenêtres à travers lesquelles résonnent encore les cris des enfants de l’école primaire jouant dans la cour d’en face, séparée de l’annexe par un grillage. Elle commente volontiers le but premier de l’établissement réinvesti, davantage « un espace de travail qu’un lieu où l’on va accueillir de façon importante du public. C’est aussi ce qui était intéressant pour nous : travailler avec les différents publics du quartier et trouver d’autres manières d’aller à leur rencontre ». Culture et social font donc pleinement partie de l’ADN de cette pépinière d’artistes, sans nécessairement que les structures qui les accompagnent ne dissocient les deux. « La question de la créativité et de la place de l’artiste dans la société, ce n’est pas juste une cerise sur le gâteau à la périphérie de la société. Une société qui n’est pas créative, c’est une société qui meurt. Forcément, ça joue avec le regard sur l’autre, l’ouverture au monde. L’art permet de poser un tas de questions sur la société et d’apporter un certain nombre de réponses face au vivre-ensemble et aux modèles que l’on veut développer », confirme Katy. 

Si la structure n’est pas un lieu d’accueil, les manifestations qu’elle organise tout au long de son « mandat » sont nécessairement hors les murs. C’est le cas du « lieu de l’oeuvre », l’installation de la création d’un artiste une fois par mois depuis septembre dans un espace public ou privé dans lequel « il n’y a d’habitude pas d’oeuvre d’art ». L’expérimentation a démarré depuis septembre au lycée Condorcet et s’étendra bientôt au collège et à des entreprises locales. En partenariat avec le bailleur InCité, l’idée d’une « gallerie éphémère » s’est aussi inaugurée dans la gallerie marchande du Grand Parc pour les journées du patrimoine et a su rencontrer son public, elle devrait être renouvelée, peut-être dans d’autres sites, dans les prochains mois. Le tout reste très expérimental, mais c’est là aussi le but de la manoeuvre.

Annexe B Grand Parc 

Les artistes, eux, s’ils sont libres de leur mouvement, ont tout de même une obligation leur servant de cadre, comme l’exprime Katy Bétoté. « Certains artistes ont surtout besoin d’un espace de travail durable ou ponctuel, d’autres vont être plus mobilisés dans l’idée d’échanger avec les publics et de faire de la médiation. Il y a dans l’esprit de la charte de l’annexe B le fait de ne pas être un sanctuaire, de partager et d’être présent dans le quartier. Chaque artiste doit quand même participer une ou deux fois dans l’année à un projet local, ça fait partie de nos obligations vis à vis de la mairie ». Même si l’annexe B est encore très discrète dans le paysage culturel et associatif du Grand Parc, il semble donc qu’elle tente de se faire une place de choix et veuille dépasser le simple statut de symbole de l’art s’exportant dans un quartier populaire de la ville de Bordeaux. Si pour l’instant rien n’est sûr quant à son avenir, son souhait est évidemment de rester un lieu d’accueil et d’échanges internationaux avec ceux qui font l’art contemporain et les structures associatives qui le partagent. On la quitte en laissant derrière nous tous ces visages déjà presque familiers, qui sont déjà affairés à préparer leurs premières portes ouvertes. Dans le couloir du fond trône encore une trace de Tommy : des horizons disposés dans tous les sens peints dans de vieilles assiettes en porcelaine, posées sur le mur comme des mosaïques. Comme une image de tous ces gens qui, même s’ils ne regardent pas tous dans la même direction, ont un souhait uniforme : celui de servir d’exemple ou de susciter des « contrefaçons ». 

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