Réunion annuelle du Crédit Agricole d’Aquitaine : l’IA au cœur des débats


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Réunion annuelle du Crédit Agricole d’Aquitaine : l’IA au cœur des débats

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/04/2019 PAR Sybille Rousseau

C’est donc sur l’IA, l’intelligence artificielle, que le Crédit Agricole d’Aquitaine a souhaité porter le débat lors de sa traditionnelle réunion d’informations annuelle. Accompagnés d’un robot, Nao, qui prit la parole à de multiples reprises lors de cette soirée du 10 avril au Palais des Congrès de Bordeaux, les différents invités à la table ronde s’exprimèrent chacun leur tour sur l’impact des nouvelles technologies et des nouveaux usages numériques sur notre quotidien.

Cynthia Fleury

En amont de cette table-ronde, Cynthia Fleury, psychanalyste et philosophe, fit un exposé sur la transformation de nos vies grâce ou à cause du monde numérique. Cette dernière a souhaité rappeler en introduction à son propos que les innovations ne datent pas d’hier, « avec Léonard de Vinci, création de multiples androïdes ». Et dégréner d’année en année les innovations technologiques. La philosophe a désiré mettre en avant également les années 90 avec Elisa illustrant le travail mené sur l’empathie des robots, pour arriver à aujourd’hui et à la réalité fusionnée « le monde réel et le monde virtuel fusionnent. L’un impacte l’autre, et la socialisation y est tout autre avec notamment la notion de partage qui est omniprésent sur les réseaux sociaux. » Cette dernière a également mis l’accent sur le monde panoptique dans lequel nous vivons, nous évoluons, « le processus de surveillance est généralisé et son surveillant disparaît ». Pour Cynthia Fleury, « le lieu de réconciliation de l’IA avec le public est sans conteste celui de la médecine. L’IA possède un taux de réussite sur les opérations bien supérieur à celui de l’homme. »
La psychanalyste a conclu son propos en donnant l’exemple d’un robot émotionnel, Buddy. Bardé de capteurs, d’électronique, de briques technologiques, d’intelligence artificielle et émotionnelle, ce petit robot est à même de surveiller votre maison, de divertir vos enfants mais aussi de faire la toilette de séniors, de leur parler pour connaître leur état de santé, de se connecter au médecin pour une téléconsultation… Bref « ce petit robot qui est en test dans des EHPAD est assez bien accepté par les résidents qui préfèrent Buddy pour leur toilette intime car sont moins gênés. »

L’IA et la place de l’humain
Après cette intervention de Cynthia Fleury, une table-ronde prit place pour alimenter le débat sur la place de la technologie dans notre quotidien. Ainsi, pour accompagner la philosophe, Jérôme Leleu, président de la French Tech et dirigeant de Simforhealth, Patrick Désiré, directeur d’Aerospace Valley et Alexandre Petit, cofondateur d’Alogia prirent part aux conversations.


Jérôme Leleu


Jérôme Leleu est le président de la French Tech à Bordeaux et dirigeant de Simforhealth. Son entreprise propose une approche immersive, interactive et collaborative de la formation des professionnels de santé en respectant le concept éthique « Jamais la première fois sur le patient ». « Nous travaillons à la simulation d’actes que peuvent vivre les médecins dans leur pratique clinique », souligne-t-il. Ainsi, à ce jour, Simforhealth a déjà formé plus de 50 000 professionnels de santé dans le monde. Pour ce responsable d’entreprise, les nouvelles technologiques dans le monde médical permettent une médecine en 5P : personnalisée (avec la télémédecine), prédictive (questions éthiques), participative (interaction), de preuve (objets connectés) et préventive.



De son côté Patrick Désiré, le directeur général d’Aerospace Valley, a donné un exemple concret des bienfaits des nouvelles technologies en aéronautique. Patrick Désiré« Nous travaillons beaucoup avec la compagnie EasyJet qui innove pas mal dans le secteur. Elle a mis au point, notamment, un système d’essaim de drones qui tournent autour d’un avion qui vient de se prendre la foudre. Et au lieu de le clouer au sol pendant deux jours pour l’étudier de fond en comble, cet essaim de drones n’a besoin que de trois quart d’heure pour analyser le matériel et dire s’il peut repartir dans les airs. C’est un gain de temps et d’argent considérable ! » Mais ces innovations peuvent faire peur. En effet, « d’ici quelque temps, un pilote seul suffira dans le cockpit grâce à l’électronique et à l’intelligence artificielle. Reste à savoir combien d’individus oseront embarquer à bord d’un avion piloté par un seul professionnel ! »



 


Alexandre Petit est le cofondateur d’Alogia, 1ère start-up française spécialisée en innovations technologiques et ergonomie de logement au service des personnes âgées. L’entreprise participe à l’élaboration de missions d’ingénierie et de conseil, en analysant les besoins de la population senior.

Alexandre Petit

Elle propose des logements adaptables, évolutifs et réversibles. Ce dernier a fait l’expérience de la mise en place d’un robot au sein d’un EHPAD. « Au début, l’expérience n’a pas été concluante. Les résidents appréhendaient de croiser l’objet. Certains même faisaient un détour pour se rendre jusqu’à la salle à manger. Mais au fur et à mesure, avec un bon accompagnement humain, ils le prirent d’affection. Et lorsque l’expérience fut terminée, certains étaient même tristes de le voir partir. » Pour Alexandre Petit, « l’humain reste indispensable dans les rapports ». Aussi, selon ce jeune entrepreneur, les robots ne répondent pas à toutes les exigences. « Nous avons posé une montre géolocalisée sur un patient souffrant d’Alzheimer. Son premier geste fut de prendre une paire de ciseaux et de couper purement et simplement le bracelet ! Aussi, elle devait être rechargée toutes les 24 h. Donc ce matériel n’était vraiment pas adapté. »

Cette table ronde s’est achevée avec une brève conclusion de Cynthia Fleury. Pour cette dernière, il est indispensable de se demander ce que nous perdons et ce que nous gagnons avec l’intelligence artificielle. « Lorsque nous ne produisons plus certains gestes, nous les perdons, par exemple. » Enfin, pour cette psychiatre, les trois grands défis qui persistent sont celui de « la technicité et la robustesse des robots, la démocratisation de ce nouveau matériel avec un coût accessible et l’arbitrage écologique, car toutes ces nouvelles technologies restent grandes consommatrices d’énergie ».

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