Une semaine avant la première, Kattrin Michel revient sur son parcours aux côtés de Dominique Pitoiset et sur son métier aux multiples facettes.
Aqui! : Pouvez-vous nous parler de votre première rencontre avec Dominique Pitoiset ?
Kattrin Michel : J’ai rencontré Dominique il y a une quinzaine d’années, lorsque j’étais encore étudiante à l’Ecole des Beaux-Arts de Berlin-Weissensee. Il était à la recherche d’un scénographe et il souhaitait connaître les étudiants qui terminaient leurs études. J’étais en troisième année et j’exposais à ce moment-là. Mon travail lui a plu, nous avons discuté quelques temps par l’intermédiaire d’un traducteur et puis il m’a engagé sur son spectacle « Faust ». C’était notre première création ensemble, j’étais alors sa costumière.
@! : Qu’est-ce qui pour vous intéresse dans le fait d’instaurer une relation durable avec un metteur en scène ?
K. M. : Travailler sur la durée avec le même metteur en scène permet de partager les expériences, de développer un langage commun et d’instaurer une compréhension mutuelle. Personnellement, j’aime travailler avec le même metteur en scène car cela permet de prolonger le désir de réalisation tout en se rendant compte de ses éventuelles répétitions. Il y a une remise en question permanente qui oblige à réinventer à chaque fois de nouvelles choses, à mettre en œuvre de nouvelles idées.
@! : Lorsque vous travaillez un texte, considérez-vous être entièrement au service du texte ou de la mise en scène ?
K. M. :Je crois qu’il faut réussir à inventer son langage à partir du texte. Vous savez, il existe une grande différence entre la France et l’Allemagne, la France ayant parfois l’habitude de mettre en avantla langue des grands auteurs dramatiques.Je me situe plus du côté de l’école allemande, qui dit qu’il y a au départ le texte mais qu’ensuite on doit pouvoir s’en séparer pour donner à voir son propre univers.
@! : Dans « Le Soleil ni la mort… », vous êtes présente en tant qu’illustratrice. Pouvez-vous nous parler de votre création, les thématiques et les techniques ?
K. M. : En ce qui concerne les thématiques, mon travail s’est d’abord basé sur le texte comme je le disais précédemment. Dominique a eu l’idée des illustrations, je pense parce qu’il souhaitait revenir à l’origine de mon travail. On a réfléchi ensemble à la compréhension de la pièce puis j’ai fait quelques esquisses de mon côté avant de ma lancer dans le cœur du sujet : l’animation. J’ai appris réellement à animer un dessin, j’ai dû changer mon angle de vue sur mes illustrations car cette fois il fallait instaurer du mouvement. Ce fut un apprentissage très long mais en même temps passionnant. Chacun travaillait de son côté puis on se revoyait régulièrement pour faire le point. Dans cette pièce, le dessin plus qu’une simple illustration est un méta langage qui traverse les grands thèmes présents: l’homme qui marche, qui court, qui boite… Il est plus important dans la première et la deuxième partie de la pièce, la troisième étant plus théâtrale à proprement parler.
@! : Avant cette pièce, étiez-vous familière des grandes pièces tragiques ?
K. M. : Pas du tout, j’ai tout découvert avec ce travail, c’était fantastique. Je me suis constitué une bonne base de connaissances et j’ai également découvert l’écriture de Wajdi Mouawad. J’ai lu tous ses textes avec un grand plaisir et aujourd’hui je suis vraiment heureuse de pouvoir faire partie de cette aventure théâtrale.
Propos recueillis le 06/05/08