Recherche : priorités communes pour la région et le CNRS


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Recherche : priorités communes pour la région et le CNRS

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 20/03/2019 PAR Romain Béteille

Les onze commandements

C’est une première pour le Centre National de la Recherche Scientifique national, et c’est à Bordeaux qu’elle a eu lieu. Ce mercredi 20 mars, il a signé avec la région Nouvelle-Aquitaine un protocole de coopération visant à renforcer les liens avec le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche régional et renforcer les capacités dans la recherche scientifique. Le protocole en lui-même est « sans incidence financière directe », c’est-à-dire qu’il n’a pas de financement spécifique dédié. Il a été établi pour une durée de cinq ans et aura un parcours soumis à une évaluation ainsi que plusieurs feuilles de routes et un état des lieux pour chaque domaine scientifique engageant cette coopération déjà active mais dont les deux partis souhaitent le renforcement. Les objectifs concrets et les moyens à donnés seront alors définis dans ces feuilles de route. Onze domaines de recherche ont été retenus par les deux structures : efficacité énergétique (stockage et usages), performance des matériaux et procédés avancés, lasers/photonique et opto-électronique, immunologie, sciences archéologiques, réseau et traitement de la donnée, chimie pour la santé et les agro-ressources et mathématiques et modélisation. 

Trio prioritaire

Les trois domaines manquants ont été définis comme des priorités pour cette première année de coopération : elles devraient voir arriver leur feuille de route dès cette année. Il s’agit des domaines des neurosciences et de la bio-imagerie, des questions du littoral, de la biodiversité et de l’écotoxicologie aquatique et enfin des études africaines. Comme le souligne Antoine Petit, le président directeur général du CNRS, « nous avons répertorié les sujets sur lesquels on travaille depuis longtemps mais on a aussi décidé de mettre l’accent sur ces trois là en particuliers, pas forcément pour mettre tous nos moyens dessus mais pour cibler. Elles ne sont pas là pour cinquante ans, on aura l’occasion de les faire évoluer au cours des années, mais elles sont importantes. On sait très bien que Bordeaux est une place forte des neurosciences et leur impact est très fort pour soigner les maladies de demain, grâce notamment au centre Broca ». Inauguré en septembre 2017, ce centre, coeur central d’un plius vaste « Neurocampus », est notamment dédié à l’étude des mécanismes des neurones et des synapes du cerveau, de l’addiction et des maladies neuro-dégénéranives comme Alzheimer ou Parkinson). Les chercheurs y officiant ont notamment trouvé un mécanisme complexe pour soigner la dépendance au cannabis, qui concerne en France un million de personnes.

Pour ce qui est de ce premier partenariat avec une collectivité territoriale, l’organisme public ne s’interdit pas des « infidélités » et confirme qu’il devrait être le premier d’une plus vaste série. Les régions prennent en effet de plus en plus de place dans l’enseignement supérieur et la recherche en général. Selon les données fournies par le ministère de l’Enseignement supérieur, les collectivités territoriales ont flêché 1,6 milliard d’euros en direction de l’ESR en 2016 et 67% de ces collectivités étaient des régions. Si les région Ile-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes représentaient à eux seuls quasiment le tiers de cette somme,, pour ce qui est du « transfer de technologie », la Nouvelle-Aquitaine complète le podium, suivie par l’Occitanie. L’intérêt d’un dialogue renforcé avec le CNRS est donc facile à comprendre, mais pas questions pour ce dernier de trop changer d’échelle. « Nous ne définissons pas de priorités par région mais les priorités nationales doivent être instanciées en fonction des territoires, c’est notamment le cas pour le sujet de la biodiversité intégrant notamment la question du littoral de la Nouvelle-Aquitaine », poursuit Antoine Petit. Pour ce qui est des « études africaines », le président de la région, Alain Rousset, prévient d’avance : « notre démarche n’est pas néo-coloniale. La force d’une région, c’est qu’elle ne porte pas la Françafrique. Elle porte une démarche d’égal à égal et elle a un besoin de connaissances considérables, c’est aussi pour ça que l’appui du CNRS est bienvenu. On ne peut pas détacher notre réflexion de l’Afrique, c’est le continent qui va exploser sur le plan démographique ». « Nous avons un devoir collectif vis-à-vis de l’Afrique qui est un continent en pleine émergence. Même si les critères de masse critique utilisés d’habitude pour la politique internationale par le CNRS ne sont pas toujours là, il y a des individualités assez exceptionnelles et un fort potentiel », confirme le directeur du CNRS.

Nouvelles pistes

Le CNRS, qui dénombre pas moins 1300 permanents en Nouvelle-Aquitaine (et représente un volume financier d’environ 200 millions d’euros par an), compte en tout cas sur ce « protocole » pour « avoir un effet de levier sur l’ensemble des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche régionaux. Nous partageons l’ambition que la science puisse avoir un impact important dans le domaine socio-économique, son rôle étant de faire avancer le fond des connaissances dans tous les domaines en mobilisant plusieurs disciplines sur un thème donné ». La région, de son côté, a voté l’an dernier à l’élaboration d’un Schéma Régional de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (SRESRI) qui poursuit plusieurs ambitions importantes  : améliorer le potentiel régional en termes d’ESR (son volume de dépenses intérieures restant inférieur à la moyenne nationale selon les données de l’INSEE) en la structurant encore davantage (objectif auquel le protocole compte répondre, notamment via le grand chantier de nouveaux partenariats avec les universités dont celles de Bordeaux ayant acté son autonomie financière).

Il vise aussi à « lutter contre les inégalités territoriales et les très fortes disparités » (le protocole avec le CNRS souhaitant aussi être actif à La Rochelle, Poitiers, Limoges ou Pau) et enfin  assurer la promotion de « toutes les démarches de diffusion de la culture scientifique ». Quant aux applications tangibles derrière cette collaboration, elles ne devraient pas voir le jour avant plusieurs années, à une exception près : « Ce matin, nous avons participé à une réunion pour lancer un premier réseau régional de recherche sur la biodiversité », a précisé Gérard Blanchard, vice-président du Conseil régional en charge de l’ESR. Il fera l’objet d’une délibération à venir pour acter sa création et le début de son financement et de sa coordination, avec l’objectif d’animer un travail d’émergence de projets de recherche autour de la question ». Le rapport Acclimaterra rédigé par Hervé Le Treut et le récent comité régional des acteurs de la transition énergétique prouvent que les constats ne sont pas nouveaux. Tout l’enjeu est de savoir quelles connaissances concrètes ce nouveau partenariat compte en tirer.

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