Réchauffement climatique: le champ agricole des possibles


A l'occasion de son assemblée générale, la Coopérative Euralis a organisé une table ronde à Pau sur le thème de l'impact du réchauffement climatique sur l'agriculture. Parmi les intervenants, le climatologue Hervé Le Treut.

Hervé Le Treut, Climatologue, membre du GIEC, Professeur à Sorbonne Université et à l'Ecole Polytechniquevp64

Hervé Le Treut, Climatologue, membre du GIEC, Professeur à Sorbonne Université et à l'Ecole Polytechnique a participé à l'assemblée générale d'Euralis, organisé au Palais Beaumont de Pau

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/02/2023 PAR Solène MÉRIC

L’image est forte:  « Un Everest qu’il faut gravir ». C’est ainsi que Christophe Congues, président du groupe coopératif Euralis mesure l’ampleur de la tâche du monde agricole face au réchauffement climatique. Une vision à la hauteur d’un constat, celui de Laurent Dubain, directeur général du Pôle agricole d’Euralis : « Sur les quatre premiers mois de l’exercice 2022-2023, nous sommes à 10M€ d’impact, entre la sécheresse, la collecte qui ne va pas être au rendez-vous, et le coût de l’énergie ». La fin de l’année 2022, n’était pourtant qu’un avant-goût d’un futur plus proche que ce que l’avait imaginé les scientifiques.

Ce n’est pas comme de l’eau renversée sur une table que l’on pourrait essuyer

Un rythme de réchauffement accéléré que confirme le climatologue Hervé le Treut. « Aujourd’hui, nous sommes dans une situation où les choses s’amplifient de manière très rapide et qui est appelée à durer. C’est une évolution non rattrapable dans une certaine mesure. Les gaz à effet de serre s’accumulent depuis les années 60 et le rythme des émissions est aujourd’hui multiplié par quatre… » Autrement dit, même si on arrêtait toute émission, les choses ne se résorberaient pas du jour au lendemain. « Ce n’est pas comme de l’eau renversée sur une table que l’on pourrait essuyer d’un coup de torchon. » commente le climatologue du GIEC.

Pour autant, s’il reconnaît que « l’on va vers un futur que les scientifiques peuvent difficilement décrire avec précision en termes d’impact », et que l’on n’est « déjà plus dans le monde que l’on aurait souhaité », le cadre dans lequel on vit permet encore « des espaces d’actions », lance-t-il invitant chacun à s’en saisir.

Christophe Congues, président du groupe coopératif EuralisVP64

Christophe Congues, président du groupe coopératif Euralis

Choix précurseurs

« Un devoir de se projeter » auquel n’échappe pas l’agriculture, qui, selon le scientifique, peut encore agir de manière importante. Un devoir sur lequel le monde agricole, et singulièrement les groupes coopératifs, dont Euralis, se veulent exemplaires. Christophe Congues le clame haut et fort : « Nous ne devons rien nous interdire, nous devons saisir toutes les opportunités et savoir les provoquer ! ».

Parmi « les choix précurseurs » du groupe, il liste l’abandon de la vente de produits phytosanitaires, au profit du conseil technique et agronomique aux agriculteurs adhérents, le déploiement d’outils de pilotage de l’exploitation, divers outils numériques, de nouveaux engrais sans émission de particules fines, la méthanisation et l’épandage du digestat, l’utilisation de couverts végétaux, ou encore « le choix assumé d’avoir des plantes productives, car plus une plante est en bonne santé plus elle fixe du carbone ».

Les participants à la table ronde : Aude Witten, Directrice Générale Adjointe de l'Agence de l'Eau Adour-Garonne, Céline Vautrelle, Directrice Régionale Pyrénées Landes chez Enedis, Quentin Mathieu, Responsable Économie à la Coopération Agricolevp64

Les participants à la table ronde : Aude Witten, Directrice Générale Adjointe de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, Céline Vautrelle, Directrice Régionale Pyrénées Landes chez Enedis, Quentin Mathieu, Responsable Économie à la Coopération Agricole et Laurent Dubain, directeur du pole agricole chez Euralis


Du côté des perspectives dessinées par les intervenants à la table ronde, elles sont encore nombreuses, et démontrent que les leviers d’actions sont aux mains de la profession agricole bien sûr mais aussi de ses clients de l’agroalimentaire ou de l’industrie, des acteurs de l’énergie, de l’ensemble des usagers de l’eau qui va aller s’amenuisant, des acteurs financiers, des collectivités, du législateur… le tout dans le dialogue.

Vision systémique, contrat social et comptabilité

Au total, « une vision systémique », comme le relève Céline Vautrel, directrice générale d’Enedis 40 et 64 doublée d’un « un enjeu de contrat social », considère dans le même sens Aude Witten directrice générale adjointe de l’Agence de l’Eau Adour Garonne. Dans cette approche globale, l’économiste Quentin Mathieu souligne qu’une part des efforts est aussi à faire sur le plan comptable et financier car « le coût de la transition sera élevé » prévient-il. « Avec des rentabilités à 15 ans, il faut des projets calibrés et des partenaires technico-financiers pour accompagner les agriculteurs dans ces défis ».

Les acteurs agricoles doivent pouvoir « aller chercher des fonds, et structurer leurs dettes différemment en fonction d’objectifs environnementaux et sociaux ». Il appelle par exemple, à intégrer une comptabilité environnementale dans les business plans des structures agricoles, manière de démontrer, qu’au-delà de la performance et de la compétitivité, « la transition environnementale a aussi une valeur financière »… Un sujet européen et normatif sur la taxonomie verte à accélérer dans le secteur agricole. Moins visible que les pratiques au champ mais nécessairement complémentaire.

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2 Comentaires

2 commentaires

  • Solène MÉRIC, le 17/2/2023 à 09h54

    Bonjour Monsieur,
    Sans préjuger de la qualité des travaux de M.Hervé Le Treut, et bien que ceux-ci soient reconnus internationalement, l’Académie des Sciences rappelle dans le curriculum vitae de M. le Treut (https://www.academie-sciences.fr/pdf/membre/LeTreutH_bio1109.pdf) qu’il est « directeur de recherches au CNRS et Professeur de mécanique à l’École polytechnique et qu’il dirige le Laboratoire de météorologie dynamique ». Selon cette même instance, il travaille sur « la modélisation numérique du système climatique et la compréhension des perturbations radiatives du climat, en particulier le rôle de l’effet de serre additionnel lié aux activités humaines ». En tant que chercheur sur des questions climatiques, le terme générique de climatologue, nous semble pouvoir convenir quant à la désignation des activités d’Hervé Le Treut. Cordialement, S.Méric


  • denise, le 16/2/2023 à 21h18

    Hervé le Treut n’a jamais été climatologue …


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