Pour 2020, la Gironde encore (et toujours ?) résiliente


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Pour 2020, la Gironde encore (et toujours ?) résiliente

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 09/01/2020 PAR Romain Béteille

Il faut dire que les exemples déjà lancés ne manquent pas pour la collectivité, malgré une contrainte budgétaire récemment sanctionnée (et dénoncée comme une « situation absurde » par l’adjoint aux finances Jean-Marie Darmian) : un ambitieux plan collège, une labellisation « Territoire 100% inclusif » (la PCH, en augmentation, représentant une grande part du budget solidarités), 4600 enfants placés sous protection (et la récente création d’un « conseil des jeunes de la protection de l’enfance »), la création pour 2021 d’un premier « village de fratries » à Sablons dans le Libournais, un plan « très haut débit » en réseau public qui continue de se déployer et quelques 850 projets communaux et intercommunaux financés pour un total de 32 millions d’euros en 2019.

Alimentation et territoires

Pour 2020, visiblement, pas question non plus de réduire la voilure. Est-ce pour se légitimer en tant que collectivité intermédiaire, comme le pensait il y a peu le vice-président aux finances ? Peut-être, en tout cas les quelques actions annoncées suivent la même ligne de la résilience. Dans une logique de soutien des villes moyennes (à l’intérieur d’un département qui gagne en moyenne 20 000 nouveaux habitants par an), la Gironde a voté en juin 2018 la création de « contrats de villes d’équilibre ». Depuis cette date, plusieurs villes ont déjà apposé leur signature en bas de la feuille : Lesparre-Médoc, Libourne, La Réole et Castillon-la-Bataille ont donc acté l’aide pour revitaliser leur centre-ville. En 2020, ce sera au tour de Sainte-Foy-la-Grande, de Langon et de Blaye de faire de même, « avec une volonté assumée de maintenir notre budget quoi qu’il arrive. L’idée, c’est qu’il y ait une homogénéité dans l’approche », a précisé Jean-Luc Gleyze, non sans glisser un petit tacle au passage au dernier contrat passé entre la métropole et Véolia sur la gestion des ordures ménagères. « La renégociation du contrat avec Veolia différencie assez fortement la tarification du traitement et de la collecte des ordures entre la métropole et l’extérieur. Je ne suis pas certain que ce soit le meilleur signe donné aux territoires périphériques en termes de collaboration et de complémentarité. On peut toujours réclamer des assises des territoires » a-t-il ajouté, évoquant le souhait d’Alain Juppé formulé peu avant son départ pour le Conseil constitutionnel, depuis resté lettre morte, « mais si c’est pour en faire un objet artificiel qui n’a aucun effet et qu’à côté on produit ce type de résultat, c’est catastrophique en termes d’image. La métropole devrait se questionner sur ses actions concrètes et être plus démonstrative de la complémentarité du partenariat avec sa périphérie ».

En 2020, la Gironde compte aussi renforcer son dispositif SLIME (créé en 2014). Pas un truc gluant qui colle aux murs, plutôt l’acronyme de Service Local d’Intervention pour la Maîtrise de l’Énergie. Ce dernier s’est fixé l’objectif d’aider 1000 foyers en situation de précarité énergétique, alors même que la Gironde avait reçu en 2017 et 2018 respectivement 148 et 136 alertes (données par des travailleurs sociaux structurés en réseau). Le département veut aussi se tourner vers la création d’un plan baptisée Gironde Aliment’erre, dédié spécifiquement à l’alimentation locale (comme elle le fait pour la santé au travers d’un plan spécifique, qui ajoute de nouvelles entrées au Plan Régional de Santé de l’ARS). « On veut pousser plus loin la production locale et la consommation en circuit court, notamment dans la restauration collective mais pas uniquement. Nous sommes en train de construire un partenariat avec le département du Lot-et-Garonne, notamment pour ce qui est de la production fruitière, et nous ouvrirons prochainement la première ferme départementale à Nodris (domaine de Vertheuil, l’endroit même où se tient désormais chaque été le festival Reggae Sun Ska), avec six hectares en plein air pour les maraîchers et deux hectares en couveuse. Son but sera d’alimenter cinq collectivités alentours et une partie des écoles maternelles du Médoc. Le modèle sera duplicable ailleurs » a affirmé Jean-Luc Gleyze.

En guise d’annexe, l’élu est revenu sur ses rencontres, annoncées en septembre dernier, avec des viticulteurs girondins pour discuter d’un sujet hautement sensible, celui des pesticides, au moment même où les très décriées zones de non-traitement deviennent effectives (non sans craintes). À l’entendre, le bilan est clair et la ligne à suivre l’est tout autant. « Le sujet n’est ni noir ni blanc et sa complexité se situe dans l’immense zone grise. Beaucoup de vignerons ont conscience du problème que posent les pesticides. Un certain nombre d’entre eux sont déjà passés en bio ou sont dans des démarches labellisées qui démontrent aussi leur volonté d’avancer. Tous disent qu’il serait important qu’au niveau national, on décide des produits qui peuvent ou pas être autorisés. Ce que j’ai mesuré, c’est un degré fort de conscience de la problématique et des difficultés qu’ils rencontrent avec la population. Ils ont mesuré le chemin qu’il fallait accomplir mais disent qu’on ne peut pas leur imposer l’arrêt complet de ce qu’ils font. Nous avons pris la décision, dans le cadre du plan de résilience, de ne plus aider quiconque dans les vignobles utiliserait des produits considérés comme nocifs. Nous pousserons sûrement le curseur progressivement par la suite, il nous revient d’inciter à la modification des pratiques », a répété l’élu. Cette année, le département mettra aussi en place son premier budget participatif. D’un montant de deux millions d’euros, une partie de son règlement a été élaboré avec les habitants par concertation. Elle n’est d’ailleurs pas terminée : deux rencontres citoyennes doivent encore se tenir courant janvier et le vote des girondin(e)s pour leurs projets favoris est programmé pour la rentrée avant une phase de réalisation prévue pour débuter en fin d’année. « Il a une autre particularité : il sera dédié aux jeunes de sept à trente ans ».

Incertitudes et soutiens

2020 sera, enfin, une année électorale (tout comme 2021 pour les régionales et les départementales). Questionné sur le visage de la gauche à Bordeaux, qui a connu quelques soubresauts en fin d’année après le départ de Matthieu Rouveyre et de Vincent Feltesse, retirés du jeu, Jean-Luc Gleyze affirme : « nous avons une liste d’union de la gauche très large. Elle a tout mon soutien et je m’engagerai à la promouvoir. Le projet pour Bordeaux me semble être beaucoup plus en phase avec la réalité de la ville et les attentes de ses habitants ». Moins de certitudes, en revanche, lorsqu’il s’agit d’un dossier enterré depuis plusieurs mois sous le tapis déjà bien rempli de Matignon : le Revenu Universel d’Activité. Après avoir plaidé aux côtés d’autres présidents de conseils départementaux socialistes pour l’expérimentation d’un revenu de base, le chef de file de la majorité socialiste en Gironde déplore n’avoir « eu aucune nouvelle depuis ».

« Je crains que le gouvernement n’ait tendance parfois à lancer des idées et à se demander ensuite la manière dont il pourrait s’en saisir et le moduler. Je veux bien contribuer à une réflexion d’ensemble, il faudrait juste qu’on sache ce qu’on a envie de faire. On ne connaît toujours pas les allocations concernées par le RUA ni l’avancée de la concertation. Je ne sais pas si les municipales vont être propices à sortir quelque chose. J’avais presque envie d’être expérimentateur du Service Public d’Insertion mais chaque fois qu’on nous demande de contractualiser avec l’État, on vient nous taper sur les doigts en nous disant qu’on doit dépenser moins. La contractualisation pose question, y compris sur le Fonds Social Européen redistribué aux associations. Je serai très attentif à toutes les propositions de l’État en la matière, mais je pense que la volonté est de recentraliser le versement d’une allocation d’insertion, quel que soit son nom ». Voilà qui promet une folle ambiance pour les mois et réformes à venir.

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