« A compter du mois de septembre la mise en oeuvre de la loi Notre enlèvera toute compétence au Conseil départemental en matière de transport », concède Jean-Luc Gleyze. Mais pour ce qui est de la mobilité, la question est tout autre, puisqu’ « il s’agit d’aménagement du territoire, une politique pour laquelle la collectivité est pleinement compétente », pointe le Président du Département. C’est à ce titre que, pour dresser un diagnostic précis de la mobilité départementale, la collectivité a choisit de travailler en partenariat avec IBM et le Groupe PSA (propriétaire des marques Peugeot, Citroën et DS) autour du traitement de la donnée issue des voitures connectées de ces marques.
Comprendre les congestions et améliorer la sécurité routière
Grâce à la masse des données récoltées sur un échantillon de 3000 véhicules connectés d’habitants de Gironde, le double objectif du Département est de mieux comprendre les causes de congestions et d’améliorer la sécurité routière, indique le Président Gleyze. Sur la mise en œuvre de cette expérimentation Catherine Cantel en charge des initiatives véhicules connectés pour IBM France est aux explications techniques : « Un pool de 3000 véhicules girondins équipés de boîtiers connectés nous remonte des informations sur le trajet ou encore le comportement du conducteurs (freinage d’urgence par exemple). Celles-ci sont collectées, massifiées et agrégées de manière totalement anonymes. Cet ensemble de données, qui sont dans certains cas mis en relation avec des données météo, permet ainsi de créer des algorithmes sur les phénomène de flux routier permettant de répondre au enjeux spécifiques du Département, et d’en interpréter les résultats, au regard également de la connaissance du territoire par les services de la collectivité. »
Frédéric Perrière, Directeur général adjoint chargé du territoire au Conseil départemental synthétise : « ces études des données permettent d’identifier des lieux potentiellement dangereux, où se déclenchent par exemple les dispositifs de freinage d’urgence et de stabilisation des véhicule. Autrement dit des zones de presqu’accidents ». Mais outre la connaissance détaillée des zones à risques, ces éléments permettent aussi de vérifier l’efficacité et la pertinence des aménagements de sécurité existants (ralentisseurs par exemple) en constatant les vitesses réelles des véhicules à leurs abords. Autant d’informations, pour cerner les actions et investissements à réaliser pour assurer une meilleure sécurité sur ces zones ciblées.
Favoriser les modes de déplacements alternatifs
Mais selon les intervenants, les informations reçues et traitées peuvent également avoir un rôle plus global en matière de mobilité, « en permettant de comprendre les comportements des automobilistes et notamment sur les zones et périodes de bouchons afin là encore de proposer des actions correctives pour tendre à plus de fluidité ». Peuvent ainsi être notamment mieux connus la densité du trafic et les temps moyens de parcours entre deux zones choisies, et ainsi par exemple proposer des « itinéraires bis » de délestage ou mieux encore, utiliser ces connaissances pour favoriser les modes de déplacements alternatifs.
Un enjeu auquel les élus départementaux sont attachés à l’image du « Grand plan covoituage » voté en début d’année et du lancement d’un important projet d’aire de covoiturage innovante à Saint-André de Cubzac ce 7 juin. Sur cette question des déplacements alternatifs, Frédéric Perrière détaille : « Grâce aux données des véhicules connectés, on peut identifier de manière objective les points de jonctions des itinéraires des automobilistes pour proposer une localisation pertinente pour les futures aires de co-voiturage. De la même manière on identifie les secteurs où les déplacements automobiles courts (moins de 3km par exemple) sont nombreux et internes à une commune pour imaginer des actions visant à développer l’usage du vélo. »
Au total l’idée ici est bien « d’optimiser notre analyse de la situation en terme de flux, de mobilité et de réponses à y apporter », synthétise Alain Renard, Vice-Président du Conseil départemental en charge des infrastructures routières. Si les premiers apprentissages semblent d’ores et déjà convaincre les élus, cette expérimentation qui n’est conduite pour l’heure que sur l’ouest du Département et au nord de la métropole, a encore 6 à 7 mois devant elle pour affiner ses résultats. A l’issue de cette période, si l ‘expérimentation confirme sa pertinence et séduit toujours autant les responsables et élus girondins, son élargissement à tout le territoire départemental pourrait être envisagé, mais pas sans validation de la méthode par les services de l’Etat, indique le DGA.