Plus de 800 cavités recensées sous les pieds des Limougeauds


Le centre-ville de Limoges est un véritable gruyère

La visite cavité immeuble FourniéLimoges Métropole

La visite cavité immeuble Fournié

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/03/2021 PAR Corinne Merigaud

C’est bien connu le centre-ville de Limoges est un véritable gruyère et lorsqu’il s’agit d’effectuer des travaux sur le domaine public, les choses peuvent se corser. Car il n’est pas rare qu’un engin de chantier passe à travers la chaussée, une cavité apparaissant inopinément sous le bitume. Pour prévenir ce genre de mésaventure, la communauté urbaine Limoges Métropole a effectué un recensement des cavités. Après deux ans et demi d’inspection souterraine, quelque 801 cavités ont été répertoriées.

Avec les importants travaux entrepris depuis 2015 en centre-ville de Limoges au niveau des rues piétonnes, des cavités inconnues des services techniques de la Communauté urbaine de Limoges ont été mises à jour. Pour assurer les travaux de voirie en toute sécurité, les élus avaient voté en mars 2017 un programme de recensement des cavités du centre-ville, qui a pris fin en décembre dernier avec un résultat stupéfiant : pas moins de 801 cavités détectées sur les deux centres historiques de la ville que sont la Cité et le Château. « Lorsque nous avons commencé ce recensement en 2017, nous savions que 165 avaient déjà été recensées en 1995 explique Gilles Bégout, vice-président en charge de la voirie, nous avons été aidés par les membres de l’association Archéa qui disposaient d’un historique des cavités. Limoges a été construite à différentes époques, c’est un véritable gruyère mais nous ne connaissions pas toutes ces cavités. Lors de travaux sur le domaine public, avec les engins qui travaillent profondément, on peut taper une cavité ce qui pose un problème de sécurité pour les entreprises qui interviennent. » C’est ce qui s’est produit à l’occasion de travaux réalisés rue du clocher lorsqu’un effondrement a dû interrompre le chantier. Dans l’urgence, il a fallu procéder au comblement de la cavité avec des tonnes de béton.

Un recensement grâce à la micro-gravimétrie

Pour inventorier les cavités, le Bureau de recherches géologiques et minières à la population (BRGM) a opté pour une technique éprouvée, la micro-gravimétrie. Cette méthode permet de détecter des espaces vides dans le sous-sol grâce à un petit engin qui sillonne la surface pour détecter, avec précision, la présence de cavités. « Cette technique n’est pas invasive et analyse la densité du sou-sol souligne l’élu, la seule contrainte est de fermer les rues à la circulation. Cela permet donc de savoir où se situent précisément les cavités et de prévenir les effondrements. » Lorsqu’un chantier est programmé, il est alors possible d’accéder à la cavité par la cave d’un propriétaire privé ou de réaliser un sondage plus invasif. Ces cavités qui remontent à la période gallo-romaine pour les plus anciennes ont ensuite évolué au cours du Moyen-Age avec l’édification de plusieurs niveaux successifs, jusqu’à trois parfois, pour créer des cavités dans lesquelles étaient entreposées les réserves de nourriture. Quelques unes possèdent aujourd’hui encore un patrimoine remarquable avec des hauteurs sous plafond pouvant atteindre les huit mètres et de belles colonnes en granite taillées.
Cependant, nombreuses ont été utilisées au cours des siècles comme fosses d’aisance et elles sont souvent en très mauvais état avec des infiltrations d’eau, ce qui les fragilisent, d’où un risque accru d’effondrement. Au-delà des cavités, tout un réseau de souterrains serpente sous la ville, interrompu par la fermeture des caves par les propriétaires d’immeubles successifs. Il est également complété par des aqueducs qui alimentent toujours les fontaines de la ville.

Un diagnostic envisagé à Solignac

Le recensement a concerné les deux coeurs historiques de la ville et le résultat a été intégré à la base de données de la communauté urbaine. Cela a confirmé l’importance de ces cavités dans l’hyper-centre ancien situées, en majorité, rue du consulat, rue du clocher, rue Jean-Jaurès, place de la motte et place d’Aine ainsi que dans les rues autour de la cathédrale. « Nous pourrons faire des visites pour établir un diagnostic afin de planifier des travaux de consolidation pour assurer la sécurité assure François Montazaud, technicien en charge des cavités, deux d’entre elles ont par exemple été renforcées rue haute cité. Tous les travaux sont validés en amont par la DRAC que ce soit un comblement lorsque la cavité est en très mauvais état ou pour un renforcement avec banchage et parois en béton. »

Ce recensement a mobilisé un budget de près de 600 000 euros sur le million d’euros voté, la communauté urbaine ayant financé à hauteur de 30 %, le BRGM pour 20 %, le fonds Barnier pour la prévention des risques naturels majeurs ayant abondé pour 50 %. « Nous ne pouvons pas garantir qu’il n’y aura pas d’autres éboulements, ni consolider toutes les cavités mais cela permet de faire attention quand des travaux sont prévus dans telle ou telle rue précise le vice-président, maintenant nous souhaiterions mener la même démarche à Solignac. » Avec, à n’en pas douter, de nouvelles découvertes souterraines en perspective…

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