Pau chasse la chenille processionnaire au paintball


Voilà l’été, la chasse au papillon est ouverte pour les agents du service patrimoine arboré de l'agglomération de Pau. Leur cible : les chenilles processionnaires. Leur arme : un paintball et des capsules de phéromone.

Un agent de la ville de Pau tire au paint ball sur les arbres hôtes de chenilles processionnairesPatrice Martins de Barros / Ville de Pau

Cet été, 130 pins noirs situés sur des zones sensibles sont ciblés par les services de la Ville de Pau

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/07/2023 PAR Solène MÉRIC

Chaque année au début du printemps, la procession reprend. En file indienne, les chenilles processionnaires du pin, descendent des arbres pour s’enfouir dans le sol, où elles vont poursuivre leur métamorphose jusqu’à devenir papillon. Avant même d’entamer sa descente l’insecte est un indésirable au regard de la santé de l’arbre qui l’abrite, généralement un pin ou un cyprès. Elle l’épuise à trop manger ses aiguilles. Une fois les chenilles en transhumance, elles deviennent aussi nocives pour la santé humaine, et ne sont pas les bienvenues en ville.

Brune, avec des taches rougeâtres et son ventre jaune, la bestiole en farandole est fortement velue et recouverte de soie urticante et allergisante. En cas de contact, les réactions sont variables, mais peuvent être graves. Une simple rougeur chez certains quand d’autres déclencheront un œdème de Quincke ou un choc anaphylactique… Les animaux de compagnie, tentés d’en renifler de trop prés, voire d’en croquer quelques unes, ne sont pas plus épargnés. Pour limiter les risques, l’agglo de Pau agit tout au long de l’année, au fil du cycle de vie de cette indésirable.

Séparer les couples avant même qu’ils ne se forment

Ces jours-ci, c’est au paintball que les agents palois s’attaquent de manière préventive à la chenille, en ciblant (gentiment) le papillon, son aïeul. Grâce au paintball, des billes de phéromone femelle sont envoyées dans les arbres afin de perturber les sens des papillons mâles. Ne sachant plus où donner de la tête, un certain nombre d’entre eux ne trouveront pas de partenaire femelle. Séparer les couples avant même qu’ils ne se forment, on n’a pas trouvé mieux pour éviter la ponte des œufs.

Chenilles processionnaires en fil indiennePere Igor - wikimedia

Train de chenilles processionnaires. À ne surtout pas toucher !

En pratique « on cible la cime de l’arbre. On tire 5 à 10 fois selon sa taille et son envergure… Les billes vont exploser, la phéromone qu’elles contiennent va se répandre sur les branches et attirer tous les mâles au même endroit », explique Alexandre Bourgoin, technicien de l’arbre au sein du service Paysage et Foresterie Urbaine de l’agglo. Encapsulée dans de l’amidon de maïs, qui se désagrègera naturellement, la technique biologique, ne laisse aucune trace. Rien de bruyant non plus. La phéromone, elle, reste efficace « environ 2 mois » dans les arbres ciblés. Simple leurre, « elle n’est pas nocive pour les humains pas plus que pour les animaux et les plantes ».

130 pins noirs dans le viseur

Au total sur le domaine public à Pau, le service patrimoine arboré recense « jusqu’à 1 500 pins et cèdres, dont près de 400 pins noirs, leur préféré ». Afin de cibler au mieux les périodes et lieux d’intervention, l’organisme à vocation sanitaire Fredon 64 a formé les agents qui, en mai et juin, ont procédé au suivi et au comptage des pics d’envol de papillons sur 4 stations de Pau. 

Au total, ce sont 130 pins noirs situés sur des zones sensibles, c’est à dire à moins de 50 mètres d’une structure accueillant des enfants ou d’une structure médicale, qui sont dans le viseur cette année. « L’utilisation du paintball nous permet une simplicité et une rapidité d’action sans avoir besoin de camion nacelle, d’élagueur ou autre gros véhicules. Cette opération ne prend que deux jours. Le plus long pour nous finalement, c’est de se déplacer d’un site à l’autre ! », pointe l’expert.

Beaucoup moins de nids et moins de plaintes

Mais la lutte contre la processionnaire du pin se poursuivra au fil de l’année. Le paintball à phéromone n’étant « qu’un moyen parmi d’autres » de cette stratégie de lutte. A chaque stade du cycle de vie, son moyen d’action. En septembre octobre, sur des stations pilotes : traitement au bacillus thuringiensis, une bactérie qui cible les larves de papillon lépidoptères. En décembre et janvier : prélèvement des nids à la nacelle, suivi jusqu’au mois de mars du piégeage des processions de chenilles par l’installation de cerclages et de poches autour des troncs.

Un réservoir de paintball rempli de billes de couleur jaune, qui contiennent la phéromone femellePatrice Martins de Barros / Ville de Pau

Cinq à dix billes de phéromone sont nécessaire selon la taille de l’arbre traité.

Le paintball a l’avantage d’être moins contraignant. Quant au résultat, « il est difficile à quantifier par des pourcentages » admet Alexandre Bourgoin. Mais la présence et l’expérience des équipes sur le terrain confirment tout de même l’intérêt de l’opération estivale, en complément des autres. « Au fil du temps on constate qu’il y a beaucoup moins de nids dans les arbres traités et aussi moins de plaintes de la part des riverains, c’est un indicateur précieux ! » Coût de l’opération, 4 000 € environ, pour couvrir l’achat des billes de phéromones.

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