Passer de 400 000 à 1 million de paysans en vingt ans


Le congrès de la Confédération paysanne vient de s’achever au « Domaine de Combas », à Vicq-sur-Breuilh, haut lieu de la race bovine limousine après trois jours d’intenses débats... Et deux actions surprises de la Coordination Rurale 87.

membres du syndicatCorinne Merigaud | Aqui

Nicolas Girod, porte parole national de la Confédération paysanne, Véronique Marchesseau, secrétaire générale, Laurence Marandola, secrétaire nationale, Paul Reder, co-président de la Fédération Associative pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural et Thomas Gibert, porte parole de la Confédération paysanne 87.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/05/2023 PAR Corinne Merigaud

Quelques 400 adhérents, et jusqu’à 500 au plus fort des débats, sont venus de toute la France y compris des territoires ultra marins notamment de Mayotte, seule Chambre d’Agriculture détenue par la Confédération paysanne.

Pour saluer l’arrivée des congressistes, la Coordination rurale 87 a déversé, le 25 avril, du lisier sur la route menant à la ferme de Combas, route dégagée dès 7 heures. Une action à laquelle a participé Bertrand Venteau, président de la Chambre d’agriculture de la Haute-Vienne. Le syndicat majoritaire estimait que ce congrès ressemblait à un « rassemblement de zadistes » venu chercher « une couverture médiatique, politique et de blanchiment suite aux actions à Sainte-Soline. » Une seconde action a été menée le 27 avril, dernier jour du congrès, pour bloquer les accès avec des déchets végétaux et un message « Bientôt vous pourrez dégustez des ronces, des genets et des arbres ! »
Deux actions que Nicolas Girod, le porte parole national de la Confédération paysanne, décode : « C’est dans la continuité de ce qu’a pu faire la Coordination sur certains territoires. » Quant à Thomas Gibert, porte parole du syndicat sur la Haute-Vienne, il prône l’apaisement. « Cela n’a pas vraiment de sens de se diviser entre paysans. Au contraire, il faut plutôt se serrer les coudes. On est extrêmement étonné que la CR soit venue ici. Le syndicat majoritaire veut faire taire une opposition. Mais ici on n’est pas des zadistes. »


« Il faut être nombreux et diversifiés »


Les congressistes ont fixé le cap pour les deux ans à venir « résister, construire et faire vivre l’agriculture paysanne » indique Laurence Marandola, secrétaire nationale. L’objectif est d’inverser la courbe d’une profession en manque de bras. « Il y avait 1,2 million de paysans en 1990, l’agriculture a perdu les deux tiers de ces paysans et paysannes avec 400 000 aujourd’hui et un bon tiers est âgé de plus de 55 ans. Face à cette hémorragie, s’il n’y a pas de politiques extrêmement ambitieuses et claires avec des lois, des règlements et des budgets pérennes, on ne va pas atteindre le renouvellement des générations. »
Pour y parvenir, la Confédération a fixé deux étapes, la première, dans les deux ans, afin de « donner immédiatement les moyens de remplacer chaque départ à la retraite. » La seconde se situe à un horizon plus lointain: « dans une vingtaine d’années, il nous faut un million de paysans, espère-t-elle. C’est indispensable pour affronter les défis, adapter l’agriculture française aux difficultés climatiques et continuer à produire. Il faut être nombreux et diversifiés sur tous les territoires et ce n’est pas seulement la mécanisation, l’agrandissement et la spécialisation qui nous le permettront. »

congrès Confédération paysanneConfédération paysanne

Le congrès national de la Confédération paysannes s’est déroulé à Vicq-sur-Breuilh avec la participation de 400 à 500 paysans et paysannes.


Défi qui passera par un travail sur l’attractivité des métiers et une meilleure rémunération. « Il n’y aura plus de problème d’attractivité si chaque paysan est rémunéré à la hauteur de son travail, ni de problème de surcharge de travail, estime-t-elle. L’accès au foncier est aujourd’hui une difficulté majeure pour ceux qui veulent s’installer, il faut travailler là dessus. »


« On sent des vents contraires »


Ce cap d’un million de paysans fait écho à la loi d’orientation agricole, en cours de discussion, qui place le renouvellement des générations comme la priorité du gouvernement. « Il nous faut une loi urgente et ambitieuse sur l’installation, annonce la secrétaire nationale. Mais on sent des vents contraires au Sénat avec une loi en préparation sur le choc de compétitivité dont les objectifs nous semblent incohérents et incompatibles avec les enjeux autour de l‘installation. »
Afin de peser dans le débat, le syndicat mise sur les élections dans les Chambres d’agriculture, en janvier 2025, pour renforcer sa représentativité. Pour atteindre cet objectif, le congrès a adopté deux motions relatives à l’élargissement du corps électoral à tous les actifs, en incluant les cotisants solidaires. La seconde motion plaide pour une véritable proportionnelle et à fortiori une reconnaissance des syndicats minoritaires.

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