Nouveau coup de frein sur la LGV vers l’Espagne


Dans un rapport détaillé, le conseil d’orientation des infrastructures (COI) étudie différents scénarios pour le développement du ferroviaire en France. Et défend un scénario qui repousse les échéances de la LGV dans le Sud-Ouest.

Quais et voies de la gare de Bordeaux Saint-JeanPline

Quais de la gare de Bordeaux Saint-Jean

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/02/2023 PAR Cyrille Pitois

C’est un épais rapport de presque 200 pages dans lequel les experts du conseil d’orientation des infrastructures (COI) émettent différents scénarios. Et ce n’est pas la première fois que cette instance est sollicitée par le gouvernement pour l’éclairer sur les choix à faire en matière ferroviaire, mais aussi routière, aérienne et même fluviale. Cette fois-ci, l’avis du conseil était sollicité sur les trajectoires d’investissement à mettre en œuvre, avec une nouvelle contrainte : une vision claire des enjeux de politique publique autour de la transition écologique.

Scénario de planification écologique

La remise du rapport au gouvernement, par son président le député des Vosges, David Valence, vendredi dernier a aussitôt fait dire à Elisabeth Borne que l’un des scénarios contenu dans ce rapport avait sa préférence : le scénario dit de planification écologique, qui est aussi celui que le COI présente comme « l’hypothèse centrale vers laquelle les choix publics doivent se tourner. C’est un scénario de transition des infrastructures tout autant que de transition écologique. »

Constitué de vingt experts, parmi lesquels plusieurs députés de toutes les tendances mais aussi des représentants de la société civile et du monde de l’entreprise, ainsi que des universitaires, le conseil pointe des choix forts pour la régénération et la modernisation du réseau existant et l’accélération des réseaux métropolitains façon RER. Il a aussi établi un autre scénario de planification dit de priorité aux infrastructures visant à accélérer les grands projets ferroviaires et davantage de projets routiers à la demande des collectivités. Même si ce scénario est argumenté, le conseil ne marque pas moins sa préférence pour l’autre hypothèse, celle de la planification écologique.

Le COI constate que « le traitement des nœuds de Bordeaux (AFSB) et de Toulouse (AFNT) a pris un grand retard au quinquennat précédent par rapport aux recommandations du COI 2018, notamment du fait de l’absence de gouvernance et de cadre de financement entre l’État et les collectivités. »  Il les inscrit au plus vite dans son scénario dit de planification écologique. Il accélère aussi la ligne nouvelle Bordeaux Toulouse. En revanche, la ligne Sud Gironde Dax et la réalisation de la liaison Dax-Espagne sont décalées d’un quinquennat dans le scénario préconisé, ce qui renvoie les échéances entre 2038 et 2042.

Pour la sortie Sud de Bordeaux et Nord de Toulouse les acquisitions foncières se font, les choses avancent

Le président la Région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset, militant des deux branches simultanées du projet GPSO, l’une vers Toulouse l’autre vers Dax,  ne lit pas l’avenir avec les mêmes lunettes. « La société GPSO a été créée. Il n’y a aucun feu vert de Paris sur la précision, mais sur la sortie Sud de Bordeaux et Nord de Toulouse les acquisitions foncières se font, les choses avancent ». Il promet rester de « vigilant quant à la concomitance des deux tronçons, vers Toulouse et Dax, pour que l’Europe intervienne. Bruxelles est capable d’intervenir au-delà des 20%, quand on sera dans l’interconnexion entre Dax et frontière. Elle peut aller jusqu’à 50 à 60% des financements », assure-t-il.

Autre argument selon lui : la date de forclusion de la Déclaration d’utilité publique. « Si on dépasse 2030 ou 2031, il faudra tout reprendre à zéro, car la DUP disparaît. » Il affiche tout de même de l’optimisme : « J’avoue que les échanges avec Matignon sont positifs, y compris sur la concomitance.»

Reposer la question de la pertinence du GPSO 


Les élus écologistes du conseil départemental de la Gironde et de métropole de Bordeaux ont une autre lecture. Pour eux, le COI pose la question de la pertinence du GPSO, à la fois, sur le plan financier, écologique et social. « Il est plus que nécessaire de reconnecter les territoires avec des lignes de RER performantes, utiles à toutes les Girondines et Girondins, et de renoncer à une LGV Bordeaux-Toulouse qui fracturerait les territoires« , estime Laure Curvale, vice-présidente à la transition écologique et au patrimoine du département de la Gironde. Si la préférence du COI rejoint et renforce celle des élus verts départementaux qui défendent un investissement massif dans les trains du quotidien, ils craignent cependant que Matignon ne vienne édulcorer cette position qui selon Elisabeth Borne « servira de base de travail dans les discussions que nous allons avoir à partir de mars avec les collectivités locales pour décider sur quoi nous allons investir »

Le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic réagit, lui aussi : « Des années de déclarations contradictoires ont terriblement pénalisé la dynamique ferroviaire sur notre territoire entrainant une très forte dégradation du service aux usagers du train. Aujourd’hui le choix des experts du Conseil l’Orientation des Infrastructures est sans ambiguïté :  privilégier le train du quotidien (TER et RER) au détriment de la LGV comme le préconisait déjà en 2017 Elisabeth Borne, alors ministre des Transports. Que de temps perdu et de déclarations contradictoires depuis lors ! »
Et le maire de Bordeaux de rappeler l’appel lancé en début d’année par les trois maires de Bordeaux, Bayonne et Irun réclamant la modernisation de la voie actuelle entre Bordeaux et l’Espagne. « Plus que jamais, cet appel doit être entendu » martèle Pierre Humic.

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1 Commentaire

Un commentaire

  • Virginie, le 2/3/2023 à 17h43

    Le retard pris par la région Aquitaine dans la modernisation du réseau ferroviaire me révolte car il a pénalisé les usagers du train. Il est nécessaire d’entreprendre au plus vite pour être effective au plus vite.


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