Le constat fait par Noël Mamère, dans sa lettre envoyée ce24 septembre à Nicolas Sarkozy est sans appel. « Aujourd’hui, en Europe, la situation est plus que contrastée, entre les pays qui ont choisi de régulariser ceux qu’ils appellent les « travailleurs du sexe », et les pays qui se ferment les yeux, en pensant que quelque texte de loi à visée abolitionniste résoudra tous les problèmes ». Il rappelle qu’en France, 80% des prostituées sont des victimes de la traite des êtres humains : des hommes et des femmes à qui l’on a confisqué leurs papiers, qu’on a fait venir ici pour se prostituer, qui ont vécul’enfer du « dressage »…
« L’Union européenne ne peut pas éviter la question d’une politique commune en matière de prostitution »
Il cite l’exemple de la Suède, qui a adopté une politique de pénalisation du client en 1999. Cela n’a conduit qu’au déplacement des prostituées : elles étaient dans la rue ; elles sont maintenant dans des appartements ou des salons de massage.Selon lui, ces tentatives nationales isolées en matière de prostitution ne font que déplacer voire dissimuler les problèmes. Par conséquent, « l’Union européenne ne peut pas éviter la question d’une politique commune en matière de prostitution : seule une harmonisation des politiques et une coopération à l’échelle européenne peuvent permettre de combattre efficacement la traite des êtres humains et les réseaux de criminalité », clame Noël Mamère.
A la fin de sa lettre, Noël Mamère ne manque pas de rappeler au président de la République qu’une politique de répression, comme celle qu’il a engagé avec la loi de 2003, n’est pas forcément la bonne solution. Sera t-il entendu ? Rien n’est moins sûr…
Nicolas César