Grands groupes, startups, université, centres de transfert technologiques, collectivités, acteurs de l’emploi et de la formation… les partenaires privés et publics du Territoire d’industrie Lacq Pau Tarbes l’ont bien compris : l’hydrogène renouvelable, est la technologie clé pour atteindre l’objectif climatique européen de la neutralité carbone à 2050. Tout en contribuant à diminuer la dépendance énergétique européenne et créer des emplois industriels locaux. Ils étaient près de 200 en début de semaine à l’hippodrome de Pau, pour participer au lancement du cluster Pyrénées-Hydrogène accompagné de son livre blanc éponyme.
Le territoire d’industrie Lacq Pau Tarbes, à cheval sur deux Régions aux politiques volontaristes sur le thème de l’énergie hydrogène, a déjà en la matière certains atouts. Son héritage industriel d’abord, avec des acteurs et une recherche et développement historiquement très liés à la question énergétique et gazière autour du bassin de Lacq. Une situation géographique ensuite, sur un massif pyrénéen non seulement propice au stockage, mais aussi semble-t-il à la formation d’hydrogène. Une certaine appétence, enfin, en matière d’usages. C’est par exemple à Pau que circule Fébus, le premier bus de 18 mètres à hydrogène au monde.
Structuration et attractivité de la filière hydrogène
Mais évidemment, comme toute technologie prometteuse qui »se lance » avec, qui plus est, un soutien fort des pouvoirs publics européens et nationaux, via notamment le plan de relance et ses 7 Md d’euros pour le développement de l’hydrogène bas carbone et renouvelable, l’enjeu de son développement se joue dans un cadre concurrentiel. Il était donc temps pour l’écosystème local de se démarquer en travaillant au renforcement, à la structuration et à l’attractivité de sa filière hydrogène et en inscrivant son ambition de développement dans un objectif de vingt années.
Ainsi, le Livre blanc « Pyrénées Hydrogène » pose à 2040 l’ambition de faire du territoire d’industrie Lacq Pau Tarbes, un territoire résolument « performant et innovant » en matière de « production, stockage, transport et distribution » de cette énergie. Autre enjeu concomitant : encourager le développement de la consommation de l’hydrogène en soutenant par exemple les projets innovants autour des mobilités lourdes. Au-delà de permettre l’accélération de la transition énergétique et de la décarbonation, c’est aussi pour les acteurs, la nécessaire création d’un marché qui se joue là.
Positionnement européen
Mais dans une optique de rayonnement et de « stratégie offensive », les contributeurs du livre blanc, représentants de toute la chaine de valeur de la filière, encouragent le territoire à devenir une vitrine d’innovation et d’expérimentations autour de l’hydrogène, et ce tout au long de la filière. Certes au niveau des usages, mais aussi de la production (voire de l’extraction), en passant par les solutions de stockage, ou de transport.
Le tout sans exclure, bien au contraire, des proximités avec les acteurs espagnols voisins qui par delà les Pyrénées, s’inscrivent aussi dans une dynamique forte autour de l’hydrogène. Une coopération transfrontalière qui permet aussi d’affirmer la démarche dans un positionnement européen, toujours bien vu par Bruxelles, tout en permettant ici de pouvoir bénéficier « d’un approvisionnement en hydrogène renouvelable à prix compétitif », reconnaît le Livre blanc.
Formations et métiers, face au défi de l’attractivité
Le Livre blanc et le cluster d’acteurs naissants, plaident ici pour une « identité Hydrogène » du territoire, qui devra aussi se lire dans les formations qui y seront proposées. Un sujet des métiers et de la formation, évidemment indispensable au déploiement réussi d’une nouvelle industrie. Au niveau national, la filière hydrogène pourrait en effet créer jusqu’à 100 000 emplois d’ici à 2030 estime l’ADEME. Une belle perspective qui porte, en réalité, un défi de taille quand on sait la mauvaise image de nombreux métiers industriels et leur difficulté à recruter.
Si l’hydrogène peut espérer gagner en attractivité grâce son visa « Transition énergétique », c’est tout de même une véritable opération séduction que devra livrer cette industrie en devenir, en lien avec le monde académique et universitaire, pour ses futurs recrutements. Tout en veillant à ce que les parcours eux-mêmes prennent de plus en plus la « coloration » hydrogène correspondant à son besoin.