Municipales : « Bordeaux Maintenant » avance ses pions


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Municipales : "Bordeaux Maintenant" avance ses pions

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 19/11/2019 PAR Romain Béteille

« On s’appelle Bordeaux Maintenant pour une bonne raison : on considère qu’il faut des réponses aujourd’hui, mais on ne peut pas occulter l’avenir ». Ce mardi 19 novembre, Matthieu Rouveyre a présenté un nouveau document destiné à être débattu avec les habitants autour de huit thématiques (se déplacer, se loger, s’épanouir, travailler, gérer, respirer, s’épanouir et fraterniser) mettant en avant une centaine de propositions pour alimenter la campagne des élections municipales qui se dessine. L’élu d’opposition municipal et conseiller départemental évolue dans un contexte politique quelque peu éclaté pour les forces socialistes à Bordeaux. Si un sondage Elabe paru en octobre spécifiait qu’une alliance entre les différentes forces de gauche aurait plus de chances de l’emporter face à l’actuel maire Nicolas Florian, on sent que rien n’est encore totalement joué et que les négociations internes des prochaines semaines seront décisives pour les quelques mois de campagne à venir.

Regards mutuels

Car sans forcément opiner, l’initiateur du mouvement Bordeaux Maintenant (qui n’est pas un parti politique) n’a fermé ce matin aucune porte, qu’elle soit verte ou… jaune. « On n’a pas délaissé la question de la stratégie. On participe aux réunions, il y en aura une en interne ce vendredi soir. Nous serons présents pour voir comment les uns et les autres acceptent de travailler ensemble. Ca semble un peu patiner, on ne voulait pas perdre de temps sur le fond et continuer à avancer parce qu’on sait de toute façon que ce travail servira. Aujourd’hui, les sondages nous disent que si la gauche se rassemble, elle atteint péniblement 40%. Il ne s’agit pas de faire une accumulation de candidats ou de listes à gauche, il faut une vraie dynamique et montrer aux habitant(e)s qu’il y a une volonté de travailler ensemble sur des propositions importantes. La simple addition des listes à gauche ne suffit pas à gagner la ville. Rien n’est exclu. Il y a des discussions, on s’est plus concentré sur le fond mais on est resté dans les discussions stratégiques. On saura vendredi si des choses sont possibles, la réunion est à l’initiative des forces de gauche et pilotée en priorité par EELV, Bordeaux Maintenant est invité ». Mais pas Bordeaux Métropole des Quartiers : à entendre Matthieu Rouveyre, l’ancien président de la Cub Vincent Feltesse fait toujours cavalier seul dans l’affaire. Si les forces socialistes (et Emmanuelle Ajon) sont pour l’instant si dispersés, c’est sans doute pour laisser un peu plus de place aux écologistes, Pierre Hurmic ayant été crédité dans le même sondage de 30,5% des voix dans le cas d’une alliance. « Le PS a aussi ses propres interrogations ; on est dans une situation un peu nouvelle où le PS recule partout en France. On peut le regretter, mais en tout cas les forces en présence ont évolué. La question, c’est comment on travaille ensemble pour afficher un front commun ? J’irai jusqu’au bout pour aller le chercher, parce que je pense qu’il faut aller jusqu’au bout. Les écologistes ont un leadership assez légitime, mais il ne va pas falloir se tromper : la population attend aussi des forces progressistes qu’elles s’unissent ».

Combler les manques

Sur le fond, les cent propositions faites par Bordeaux Maintenant viennent consolider les travaux déjà effectués depuis juin sous forme de dossiers thématiques. Au sein de la thématique se déplacer, par exemple, dont on sait qu’elle est un des éléments majeurs des futurs meetings, on retrouve par exemple la volonté d’un nouveau réseau structurant de transports en communs, ligne de fond affichée ce lundi par Thomas Cazenave et les 22 candidats La République En Marche. Ici, en revanche, la forme diverge : Bordeaux Maintenant plaide pour la création d’un tram ou d’un BHNS circulaire sur l’emprise de l’ancienne ligne d’Eymet (rive droite) et sur les boulevards (rive gauche) et le souhait d’une consultation citoyenne au sujet du projet de métro, trop vite enterré par la métropole pour Matthieu Rouveyre, qui a qualifié l’épisode « d’hypocrisie électoraliste ». Le même rapprochement peut être fait sur l’idée de création d’un vrai réseau d’autoroutes à vélo ou le soutien à un RER, qui se veut ici départemental et non plus métropolitain (ce qui n’est pas que sémantique, défend-on). En guise de « tarification sociale », face à l’idée du tarif réduit pour les jeunes et les familles proposée ce lundi par LREM, Bordeaux Maintenant dévie un peu du chemin tracé en prônant la gratuité des transports pour les personnes sous le seuil de pauvreté et les jeunes de moins de quinze ans.

Pour ce qui est du logement, sans être une surprise puisque Matthieu Rouveyre est également à l’initative de l’Observatoire Airbnb, on voit apparaître un nécessaire renforcement de la règlementation sur la location saisonnière aux côtés d’une politique qui veut combler les trous : « faire revenir les logements vacants dans le parc résidentiel », « requalifier des locaux à usage professionnel inoccupés en habitation », « expérimenter l’encadrement des loyers » ou encore « permettre une densification équilibrée du bâti » pour lutter contre le phénomène de l’étalement urbain. En matières d’emploi, on peut citer la lutte contre le chômage comme ligne forte  : expérimentations d’opérations « zéro chômeurs de longue durée », , développement des emplois dans les quartiers résidentiels de la rive droite ou axer le développement économique autour de l’économie circulaire figurent ainsi au menu. Enfin, sans les citer toutes, parlons tout de même des quelques propositions ayant trait à la gouvernance seule, avec le souhait de la création d’un « référendum d’initiative bordelaise » délibératif, la fin de la cogestion métropolitaine, le basculement des services publics municipaux et métropolitains en régies publiques « lorsque c’est pertinent », s’engager à ne plus recourir aux partenariats publics-privés ou encore « permettre à l’opposition de soumettre un projet de délibération à chaque conseil municipal et mettre en œuvre toute action lui garantissant un accès transparent aux informations budgétaires ». Voilà qui respire le vécu…

Ce cahier de propositions, reste maintenant à le faire vivre et à en informer les habitants (déjà 1738 rencontrés et 13 278 documents sur l’état des lieux -publié en juin- distribués). A entendre l’élu départemental, c’est le chantier qui attend les membres du mouvement associatif et citoyen dans les prochaines semaines, avant même de penser à toute réunion publique. « On voudrait qu’il y ait une discussion avec la population pour discuter ces propositions et les enrichir. On est en train de les budgéter dans les finances locales, qu’elles soient municipales ou métropolitaines », a assuré ce dernier. « Si on regarde la plupart des projections, on voit qu’on sera à un million d’habitants sur la métropole à l’horizon 2030. Effectivement, il faut se questionner sur les manières qu’ils auront de se déplacer et de se loger en ville. Les décisions qui vont être prises dans la mandature à venir vont avoir un impact bien au-delà des six ans de mandat municipal. Il est donc important d’avoir des débats de fond sur ces sujets, qu’on n’en ferme aucun. La première ambition, c’était de faire des propositions et d’essayer de stimuler l’intelligence collective. Évidemment, la concrétisation ou l’aboutissement dans le cadre d’une élection municipale nous intéressent, on voudrait donner corps à l’ensemble des propositions. On voudrait déjà parvenir à sensibiliser l’ensemble des candidats sur les enjeux qui nous semblent importants et les idées qui pourraient permettre d’y répondre sont déjà une première victoire. Si on a l’occasion de les transformer dans les urnes, ça aura beaucoup plus de sens. On espère donc que ces propositions seront versées dans un pot commun qui dessine le projet municipal d’une liste qui, j’espère, gagnerait la ville de Bordeaux et la métropole en 2020 ». Plus qu’à en extirper définitivement les visages qui la porteront.

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