Ce mardi 3 décembre, l’écologiste bordelais Pierre Hurmic a esquissé les premiers contours de la future liste dont il souhaite prendre la tête pour les élections municipales de mars prochain. des listes qui rassembleront, pour moitié, des « primo-arrivants » en politique, c’est à dire des femmes et des hommes pour lesquel(le)s c’est la première campagne. C’est le cas, par exemple, de Camille Choplin, transformée sur les réseaux sociaux et le web en « écolo-girl », blog qu’elle a créé en 2006. Elle envisage, dans les prochains jours, de transformer son alter-égo dessiné en elle-même et de contribuer, par l’intermédiaire du web, à la campagne des écologistes portés par Pierre Hurmic à Bordeaux. « La première décision que l’on prendra, ce sera de décréter l’urgence climatique à Bordeaux, il faut trouver des personnalités capables de donner à cette urgence là du sens », a ainsi affirmé ce dernier en introduisant Camille Choplin. « J’aimerais convaincre les personnes qui ne votent pas ou sont désabusées de la politique pour leur faire comprendre qu’ils ont un rôle à jouer. L’action citoyenne du quotidien ne suffit plus, il faut passer à l’étape au-dessus », a justifié ce matin la blogueuse, autrice d’un livre prônant l’écologie positive. Interrogée sur son rôle dans la définition des propositions d’un futur programme qui tarde encore à venir (mais qui devrait se préciser dans une dizaine de jours), elle affirme avoir une volonté de « débitumer les cours d’école, pour reconnecter les enfants avec la nature ».
Jean-Baptiste Thony, 33 ans, est un militant assumé et le benjamin de la bande, pour l’instant incomplète. Dernièrement, il a fait partie des manifestants anti « Black Friday » à Bordeaux, mais il est aussi à l’origine du mouvement « Alternative Jallère » (action au sein de laquelle il a rencontré Pierre Hurmic l’année dernière) et un militant bordelais actif des marches pour le climat. Baroudeur, il s’est posé à Bordeaux il y a deux ans et est actuellement en train d’y monter une association autour de la low-tech. « Les jeunes ont toujours cette image du jeu politique et des valeurs mises de côté lorsqu’il s’agit de négocier avec d’autres candidats, ils se sentent donc beaucoup plus efficaces en agissant dans l’associatif, ils ne veulent pas des postures. Je joue quand même la carte à fond, je reste fidèle à mes valeurs. Je ne participerai pas aux négociations avec les autres partis parce que je ne veux pas couper le contact avec les jeunes. Je connais Pierre Hurmic depuis un an, j’ai vu qu’il avait un rapport différent au jeu politique, il est capable de remettre en question ses propositions. Je me sens à l’aise. L’urgence est telle qu’il faut prendre toutes les voies possibles », a précisé ce matin le militant, rejoint par d’autres noms (Nathalie Bois-Huygues, Dimitri Boutleux, Laurent Guillemin, Mathilde Raimond-Cagnato, Sylvie Schmitt, Florence Schweitzer, Aurélie Benjamin, Paul Bouyssou, Radouane-Cyrille Jaber, Joël Hillaireau, Olivier Lehmans et Olivier Saut).
Entre crispations et apaisement
L’urgence est aussi dans une campagne qui semble ramer un peu au démarrage. Si la candidate socialiste Emmanuelle Ajon semblait dire que la gauche allait se rallier derrière Pierre Hurmic, pour ce dernier, les choses sont claires : « les premières places de la liste seront attribués à des écologistes ». Le candidat laisse la porte entrouverte pour Matthieu Rouveyre, mais aussi pour Vincent Feltesse, « qui jusqu’à présent est un peu dans son propre couloir, il faudrait que lui aussi s’ouvre un peu.. ». Si Camille Choplin fait figure de visage idéal pour occuper une place de choix sur la liste, la place des autres forces politiques reste encore un peu floue. « Jusqu’à présent, ces différents partenaires ont plutôt contribué à enrichir le programme. Ils sont conscients que l’urgence climatique est un impératif qui s’impose à tous. On n’a pas la science infuse, on les laisse intervenir, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de difficultés ». Concernant le programme, justement, la mise en place et la restitution des résultats des ateliers participatifs semblent être la cause de ce petit flottement temporel. Une chose est sûre, cependant, tout tournera autour de l’écologie. « On a décidé de prendre des thèmes qui nous paraissent fondamentaux et qui permettent de décliner ce qui est une ville qui respire. Il y aura trois impératifs : adapter la ville au changement climatique, s’épanouir ensembles et être une ville conviviale et enfin partager le pouvoir. L’heure de la démocratie intermittente a vécu, il faut passer à une démocratie permanente. C’est un enjeu fondamental qui irriguera tout. On ne gagnera pas la transition écologique tout seuls, ça se fera avec les bordelais et au détriment de la voiture, mais il faut donner aux gens une alternative, en leur laissant par exemple un accès aux parcs relais la nuit ou en trouvant d’autres solutions au même prix qu’aujourd’hui, rendre le stationnement possible mais pas forcément devant chez soi. Le but d’un quartier apaisé, c’est de remplacer progressivement la voiture, on essaiera de le faire au cas par cas ».
Les « quartiers apaisés », c’est justement l’un des éléments sur lesquels Pierre Hurmic a insisté ce mardi autour de sa liste « Bordeaux Respire ! ». Tout en dénonçant un « mythe de l’attractivité devenu obsolète » et une « course aux labels qui ne correspond plus aux enjeux d’aujourd’hui et de demain », l’élu d’opposition prône un « nouveau modèle de ville » et des habitants qui devraient être associés à la création de ces « apaisements » dans les quartiers bordelais, qui s’inspirent clairement des « super-îlots » catalans ou des expériences en réflexion du côté de Montréal. Mais que trouvera-t-on dans ces « quartiers apaisés » ? Une vitesse réduite à 20 km/h, des « îlots de fraîcheur et de repos pour le piéton », des « promenades vertes » et une voiture cantonnée aux déplacements longs et dans des secteurs mal desservis par les transports en commun. Ainsi, Bordeaux Respire propose de redéfinir les plans de circulation dans Bordeaux pour « décourager les itinéraires qui ne font que traverser les quartiers », et de privilégier les transports en commun ou « navettes électriques avec arrêts à la demande ». Enfin, le dernier point d’insistance repose sur une démocratie permanente : urbanisme tactique, « implication des riverains dans l’entretien des espaces », mise en place d’un quartier apaisé « test » envisagé dès 2021. Questionné sur le coût de ces mises en place, Pierre Hurmic reste évasif, mais justifie : « on ne peut plus continuer à faire des tramways à 20 millions d’euros du kilomètre. Au prix du tramway vers Saint-Médard, on peut faire des quartiers apaisés ». La liste devrait donc être connue dans les prochains jours, une manière de couper court à tous les questionnements autour des alliances. « Une alliance ne se décrète pas, elle se construit. On avait peut-être sous estimé la difficulté de la tâche, mais on est plutôt optimistes ». La campagne et les réunions publiques, elles, devraient réellement commencer en janvier.