Mobilités : Vincent Feltesse entre deux voies


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Mobilités : Vincent Feltesse entre deux voies

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 22/10/2019 PAR Romain Béteille

« Ce qu’on peut retenir, c’est que Nicolas Florian va être battu. Perdre quinze points en six mois, c’est assez remarquable… ». Lorsqu’on lui a posé la question de ce qu’il avait pensé du premier sondage des municipales bordelaises (réalisé par Elabe pour La Tribune), Vincent Feltesse ne s’est pas fait prier pour répondre. Candidat malheureux aux dernières municipales de 2014, l’ancien président de la Communauté Urbaine de Bordeaux brigue, avec Bordeaux Métropole des Quartiers, le fauteuil de maire comme annoncé depuis janvier. Au moment de lister ses propositions sur les mobilités, il tire un bilan plutôt catastrophé de la dernière mandature en termes de transports. « On sort d’une mandature très particulière. On n’avait jamais vu un tel empilage d’annonces et aussi peu de résultats. Le pont Simone Veil est encalaminé, le BHNS vers Saint-Aubin-de-Médoc est un échec juridique et les annonces font des confusions en mettant au même niveau le batcub, le projet de téléphérique et les trotinettes. Il faut sortir du concours Lépine permanent et avoir des vraies priorités », a réaffirmé l’ancien conseiller de François Hollande, non sans évoquer le best-of d’annonces effectué la semaine dernière par le maire sortant. 

Remise à plat

« Il faut une remise à plat totale de la politique de mobilités, à l’exception de ce qui est déjà dans les tuyaux comme les extensions des lignes D et A du tramway ». Exit, donc, la liaison tram vers Gradignan, le BHNS ou l’extension du tram D vers Saint-Médard. Même sort (ou presque) pour le métro bordelais, dont l’étude de faisabilité avait beaucoup fait parler avant que la métropole ne sonne la fin de la récréation. Remis aux « calendes grecques », tout comme le spectre tenace (et réapparu sous la forme d’un barreau routier) du grand contournement. La priorité majeure pour le candidat, c’est le RER métropolitain. Il pourrait prendre une forme inédite avec quatre lignes de « tram+ » envisagées : une ligne Cestas/Ambarès sur la liaison Libourne/Arcachon (qui desservirait les gares de Pessac-Alouette (BHNS), Pessac (tram B), la gare Saint-Jean (tram C), Cenon (tram A) et Bassens La Gorp); une ligne Villenave/Cubzac sur la liaison Langon/St Mariens (qui desservirait Villenave/Bègles, la gare Saint-Jean (tram C), Cenon (tram A), Sainte-Eulalie et Ambarès); une ligne Macau/Pessac/Bordeaux « par dédoublement de la ligne du Verdon » (avec desserte des gares Saint-Jean (tram C), Talence Médoquine (BHNS), Arlac (tram A), Caudéran, Le Bouscat (tram D), Bruges, Blanquefort (tram C) et Parempuyre) et enfin la ligne de ceinture Pessac/Arlac/Le Bouscat/Cracovie/Cité du Vin/Cenon.

« Ping-pong institutionnel »

Le but de cette diamétralisation ? « Repousser le terminus des TER au-delà de la gare de Bordeaux et créer un parcours urbain en correspondance avec plusieurs lignes de tram ». Les ambitions sont grandes, autant en termes de fréquence (toutes les 10 à 15 minutes aux heures de pointe et un objectif de traverser la métropole en 30 minutes) que d’implication financière. Cette dernière n’a d’ailleurs toujours pas été clairement tranchée par la SNCF qui s’est associée aux discussions. Mais Vincent Feltesse plaide, de son côté, pour un volontarisme fort de la métropole. « Il faudra dégager des marges de manœuvre financières parce que ce projet là devient très structurant pour la métropole, c’est à partir de ça qu’on réarticulera les circuits de bus, les BHNS, ect. On est aussi dans la prespective d’un renouvellement proche de la DSP (Délégation de Service Public), il faut commencer à réfléchir ce qu’on met dedans et comment cette question de la tarification unique pourrait être traitée de manière aisée. On n’arrivera pas à tout faire ». Coût potentiel de l’opération ? Entre 800 et 900 millions d’euros, une assiette qui reste encore à répartir entre la région, l’État et la métropole, à qui la facture pourrait potentiellement coûter « environ 300 millions d’euros, sans compter potentiellement un déficit en termes de fonctionnement (le tarif du train étant plus élevé que celui du réseau TBM) ». Pour trancher définitivement le gâteau, il faudrait un « G5 » auquel la SNCF serait associée « pour déployer en cinq ans 80% du projet ». Ce dernier serait « à échéance trimestrielle pour éviter les parties de ping-pong institutionnel ».

Péage et partage

Le grand contournement mis confortablement dans le carton duquel il est régulièrement ressorti depuis quarante ans, le candidat Feltesse, faisant bande à part (alors qu’un potentiel accord entre les socialistes bordelais et EELV serait actuellement en discussion), y oppose plutôt un péage urbain sur la rocade, « un terme qui incite au débat ». Voilà sans doute pourquoi cette proposition est formulée par des questions plus que par de vraies réponses : vignette locale et abonnement obligatoire au « réseau urbain » ? Un péage modulé en fonction des heures pour les poids lourds (pour lesquels Vincent Feltesse avait réfléchi pour la région à une écotaxe, depuis rangée dans les tiroirs) ? Une tarification sociale ? Un péage en hyper-centre, en franchissement de la rocade ou des boulevards ? Des recettes qui pourraient permettre une gratuité des transports ? Pas beaucoup de réponses concrètes à ce stade, si ce n’est que l’élu parle d’une potentielle « baisse de trafic de l’ordre de 15% » et d’une possibilité de « faire payer les mauvais circulants (ceux qui ne co-voiturent pas » ou les poids lourds de transit), le tout en gardant à l’esprit que la mesure pourrait constituer une forme de « régulation sociale » et être dans une logique « redistributive » selon Boubbakar Ska, co-lisiter de Vincent-Feltesse. Le débat reste ouvert, et il est aussi corellé avec la volonté de supprimer le stationnement de surface pour les voitures dans l’hyper-centre pour donner plus de place aux vélos et aux piétons. On lui préfererait des parkings de rabattement, de l’autopartage et des dérogations spécifiques pour certains professionnels, ce qui correspondrait à la volonté affichée d' »apaisement du trafic dans les zones résidentielles » et de la « primauté donnée à la question économique et au trajet domicile/travail ».
Concernant le vélo, justement, hormis un « grand emprunt vert » dont l’une des priorités serait le développement des vélos, Vincent Feltesse n’a pas vraiment avancé de plan précis ni de chiffres concrets à opposer aux propositions du maire sortant, qui envisageait un nouveau « plan vélo » à vingt millions d’euros et le doublement du nombre de kilomètres de pistes cyclables. Pour ce qui est de la question des boulevards enfin, s’il s’est « abstenu de voter pour au lancement de la concertation parce que la question de la mobilité n’était pas traitée », la candidat à la liste « 100% société civile » prône un aménagement « tronçon par tronçon » (couloirs de bus, pistes cyclables sécurisées) et un politique commune entre le RER et la rocade. « À Oslo, la gauche s’est alliée aux écologistes pour réaliser le péage urbain » glisse l’un des co-listiers de Vincent Feltesse, Thierry Fahmy. Plus qu’à savoir si cet appel du pied sera entendu ou non…

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