CHU de Bordeaux : un traitement contre le stress post-traumatique des patients aux urgences


CHU Bordeaux
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 31/07/2018 PAR Romain Béteille

Une autre approche

L’EMDR. Ca ne vous dit peut-être rien et pourtant, derrière ce sigle un peu barbare se cache peut-être une solution pour les patients atteints de stress post-traumatique plusieurs mois après leur passage aux urgences. Les symptômes de ce type de stress sont multiples : insomnies, nervosité, dépression ou impression de danger en font partie. En 2007, une équipe de chercheurs de l’INSERM avait mené une étude révélant que le niveau de stress chez certains patients admis aux urgences étaient plus élevé que chez d’autres et s’était demandé s’il était possible de faire baisser ce stress invalidant, voire d’en prévenir les symptômes.

On retrouve ici l’EMDR, qui se traduit en français par « désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ». Il s’agit d’une approche psychothérapique relativement nouvelle et importée des Etats-Unis. Son objectif est d’identifier le(s) souvenir(s) responsable des traumatisme d’un patient et de le stimuler en lui faisant effectuer des mouvements oculaires (sans aller jusqu’à l’hypnose). Bien qu’encore jeune, cette thérapie a déjà trouvé son explication dans plusieurs publications de l’Inserm, qui précise que « la thérapie EMDR est basée sur le modèle du traitement adaptatif de l’information ». Dans les cas de stress post-traumatique, des situations présentes viennent réveiller de mauvais souvenirs, et le but de l’EMDR serait d’identifier ces souvenirs et de « traiter le mal à la racine ». L’Inserm, dans un rapport évaluant l’efficacité des techniques d’hypnose, ou proches de l’hypnose, ont montré que l’EMDR était efficace dans la prise en charge de personnes atteintes de stress post-traumatique, sachant qu’il demeure encore des questionnements quant à son efficacité dans la prévention des symptômes.

Des premiers résultats encourageants…

C’est là que l’étude du CASPERTT (le Centre d’Accueil SPEcialisé dans le Repérage et le Traitement des Traumatismes psychiques), une antenne du Centre Hospitalier de Cadillac situé à Lormont, réalisée en partenariat avec le CHU et l’Inserm, vient changer un peu la donne. Son objectif a été de suivre 130 patients divisés en trois groupes pendant six mois au sein des urgences de l’hôpital Pellegrin. Parmi ces trois groupes, l’un d’entre eux devait suivre une séance d’EDMR. Et les résultats, trois mois plus tard, sont plutôt parlants : tandis que le groupe n’ayant bénéficié d’aucun accompagnement a développé des troubles de stress post-traumatique à hauteur de 20%, les patients du second groupe ayant bénéficié d’une séance d’un quart d’heure sur place avec un psychologue du CASPERTT ont vu ce taux baisser à 19% et à 3% pour ceux ayant bénéficié d’une séance d’EDMR d’environ une heure. En clair, ces résultats montrent l’efficacité de l’EMDR même de manière précoce pour réduire les risques de développement du trouble.

… mais à confirmer

Le fait qu’il n’y ait pas de psychologue aux urgences ? Le CASPERTT semble vouloir y pallier. Depuis juin dernier, le centre a passé une convention avec le CHU de Bordeaux pour faire en sorte que tous les « patients à risques » soient redirigés vers les spécialistes de Lormont, avec une volonté de prise en charge allant jusqu’à la prévention des troubles. L’étude bordelaise, censée « prévenir l’apparition des manifestations du trouble de stress post-traumatique et du syndrome post-commotionnel, en utilisant un protocole d’intervention précoce (dans les 6 heures suivant l’événement ayant conduit aux urgences) », a été relayée par une publication scientifique au sein du « Journal of Psychiatric Research ». Mais les chercheurs ne comptent pas s’arrêter là.

Pour Cédric Gil-Jardiné, urgentiste à Pellegrin, « il va falloir mener une nouvelle étude sur une population différente On est en train d’en monter une autre entre Lyon et Bordeaux. Son objectif est d’y intégrer également une dimension économique : savoir combien coûtent les traitements pour les personnes atteintes de stress-post-traumatique et surtout combien peut faire économiser la méthode de l’EMDR ». Si cette seconde étude, qui sera certainement suivie d’autres à une échelle internationale, apporte des preuves concrètes, un psychologue formé à la méthode de l’EMDR pourrait, demain, se retrouver dans tous les services d’urgences. La nouvelle étude, menée depuis le mois de janvier auprès de plus de 400 patients, doit délivrer ses résultats d’ici la fin d’année.

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