Cenon 2030 : « renforcer les liens »


RB
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 10/02/2019 PAR Romain Béteille

En quête de satisfaction

C’est un bilan attendu par les quelques 300 personnes ayant participé aux quatre soirées débat thématiques autour de la ville de Cenon en 2030 auquel s’est livré le maire de la ville, Jean-François Egron (accompagné d’invités ayant fait office de « représentants culturels » de la commune) ce samedi 9 février. Ce travail de concertation, réalisé par le cabinet d’expertise Neorama, consistait à identifier les enjeux des futures politiques à venir. Il a démarré en octobre dernier, en amont des réflexions nationales autour du grand débat. Et après avoir épluché les 502 réponses au questionnaire diffusé en ligne et les différentes propositions effectuées lors de ces quatre « soirées à thème », l’heure du bilan global a su montrer l’appétit grandissant des participants pour la cohésion, le lien, l’ouverture sociale et la démocratie participative.

Les réponses au questionnaire, d’abord, on livré les premiers enseignements pour une commune dans laquelle 62,09% des 502 personnes interrogées sont « satisfaites » de vivre (21,12% de « très satisfaits », 13,39% de « peu satisfaits » et 3,31% de « pas du tout satisfaits »), à des degrés divers selon les thèmes abordés : 89% de satisfaction pour les services de santé, 75% pour les actions de solidarité, 47% pour le développement des crèches et des modes de garde et 41% seulement pour le développement des commerces. Des « centres d’intérêts prioritaires » ont également été présentés à l’occasion de ces assises : les écoles, la tranquillité publique, la propreté de la ville et la dynamique culturelle et sportive arrivent en tête quand le stationnement et la dématérialisation des procédures restent en bout de piste.

Ouverture et sécurité

Les pistes d’action dessinées par l’étude sont, elles aussi, riches en conclusions car elles répondent en large partie à des envies très actuelles : urbanisation maîtrisée, transports alternatifs, ville plus verte, actions en faveur des jeunes, moins de formalités dans les conseils de quartier, une action de concertation sur les grands projets immobiliers de la commune ont été clairement soulignés. En plus des nombreuses questions posées par les participants durant cette matinée d’échange, de nombreux témoignages sont venus ponctuer les restitutions, et il n’ont pas oublié de dénoncer les problèmes, notamment lorsqu’il s’agissait de « mieux comprendre les besoins des jeunes en allant vers eux ». Pour le cinéaste cennonnais Zangro, venu témoigner, le constat est clair : « On est face à une jeunesse éloignée de la pratique culturelle. Si les jeunes voyaient plus souvent des démarches artistiques comme l’improvisation, ils en feraient peut-être une passion, voire un métier. Ce qui manque ici, ce sont les personnes relais. Entre anciens animateurs, on s’appelait « la chair à canons » : mal payés, sans gratitude face à un public désœuvré et marginalisé. On a besoin d’avoir des associations qui fassent ces passerelles là, d’avoir des éducateurs de rue bien plus présents ».

Si le problème du trafic de drogue dans les quartiers a lui aussi été abordé par un participant comme une des raisons de cet éloignement, la tranquillité publique et les moyens mis en place pour la préserver ont également fait partie des nombreuses  questions soulevées et abondées par le maire de la commune face aux incertitudes et aux questionnements des participants (beaucoup de responsables associatifs, peu d' »habitants », ce qui a également été regretté). « Nous devons recréer une politique d’intervention dans les quartiers. La police est un problème en termes de moyens mis à notre disposition. On a perdu trente postes de policiers en quinze ans. On avait onze îlotiers sur Cenon, il n’y en a désormais plus que cinq pour toute la presqu’île », a notamment souligné Jean-François Egron. « La suppression des contrats d’avenir a mis des associations à plat, pareil pour le fonds national de développement du sport qui a disparu. La municipalité doit essayer de jouer les équilibristes pour tenter de conserver la culture, le sport et le reste à un niveau convenable. J’ai regretté que la deuxième vague de la Police de Sécurité du Quotidien ait oublié Cenon, j’espère qu’à l’avenir on y pensera ». Globalement, ce besoin de lien et de représentativité a dominé le fond d’une grande partie des débats : pourquoi ne pas filmer le conseil municipal, créer un budget participatif, poursuivre le développement des conseils de quartier déjà mis en place ? Pour Zangro, la ville dispose « d’espaces ouverts, comme le parc Palmer. Il faut que ça reste comme ça ». 

Une ville qui continue sa mue

Assises Cenon 2030

L’une des nombreuses restitutions présentées, ici sur l’attractivité de la ville

Les enjeux d’urbanisme n’ont évidemment pas été oubliés, dans une commune où le programme des 50 000 logements de Bordeaux Métropole a permis de faire pousser beaucoup de murs et où de nouveaux projets sont toujours en cours. « À Cenon, qui est une des plus petites villes de la métropole avec Le Bouscat, la densification urbaine se voit beaucoup plus qu’ailleurs. Aujourd’hui, on est arrivés à un niveau où il faut modérer les choses. On a mis en place une charte de qualité environnementale mais il y aura d’autres étapes, notamment le prochain plan local d’urbanisme dans lequel on va encore plus préserver les secteurs pavillonnaires. La parole des habitants a bien été entendue sur ce sujet », a largement répété le maire de la commune, qui dit également « pousser pour que 20% de l’espace de terrain occupé par les nouvelles constructions soit en pleine terre, en sachant que ce pourcentage est aussi celui de la surface de Cenon consacrée aux espaces verts. Il faut préserver ça, c’est la raison pour laquelle les deux parcs sont classés en espace naturels sensibles. Personne ne pourra y toucher ». Plusieurs pistes ont également été données pour le « développement économique » de Cenon : beaucoup d’espoirs sont ainsi fondés sur le projet de la Vieille cure, censé devenir un nouveau « phare économique du territoire », qui sera discuté lors du prochain conseil municipal et où l’on a promis aux habitants qu’ils seraient « très agréablement surpris ».

L’Agence Nationale de la Rénovation Urbaine (ANRU) a validé, en début d’année, une enveloppe globale d’investissements de l’ordre de 24 millions d’euros. « Je regrette que nous n’ayons pas pu qualifier l’opération Palmer-Saraillère d’enjeu national. Néanmoins, nous avons obtenu des sommes qui vont nous permettre de rénover et de restructurer tous les logements de Palmer (888 logements) et de la Saraillère (environ 300 logements avec une tour qui va être détruite). On va créer des allées pour valoriser le parc de Palmer pour faire en sorte qu’elles soient le plus agréables possibles. On a aussi acté des reconstructions d’écoles et un nouvel usage sous l’Estacade  (viaduc construit pour le passage de la LGV) qui va devenir, dans un premier temps, un complexe sportif qui se fera en concertation avec la population. Au niveau de l’ouverture des quartiers on a déjà franchi une première étape en créant un espace de rencontre ou un espace vert dans chacun d’eux. La seconde étape sur laquelle on doit se pencher, c’est celle du lien. La ville continue de se transformer ». Si la restitution a fait office de grand bilan de concertation et que la municipalité s’interdit toute démarche similaire dans les mois à venir faute d’un renouvellement municipal à venir, elle promet que les échanges vont continuer : les panneaux d’exposition présentés lors de ces assises, qui reprennent quelques idées abordées au cours des quatre soirées thématiques, vont devenir itinérantes, notamment dans les mairies de quartier, « avec des boîtes à idées dans lesquelles les gens pourront déposer des réflexions ou des propositions destinées à affiner le projet », promet Jean-François Egron. L’ensemble des résultats des questionnaires et une synthèse des quelques 180 propositions relevées devraient être publiées par la ville dans les prochaines semaines. Plus que jamais, le débat reste ouvert.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
On en parle ! Gironde
À lire ! MÉTROPOLE > Nos derniers articles