Du houblon sous les pins du Médoc


A Saint-Aubin-de-Médoc, Thierry Escarret cultive depuis 2020 du houblon dans son Domaine de la Fleur des Pins. Un projet d'agroforesterie expérimental atypique et osé, dont la première récolte en septembre dernier donne des résultats encourageants.

Thierry Escaret à gauche sur la photo, dans la pinède où il cultuve du houblon, avec deux autres personnesPatrick Forsans

Thierry Escaret (à gauche sur la photo) au milieu des pins qui abritent des plants de houblon bien acclimatés.

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 14/10/2022 PAR Emmanuelle Diaz

A une époque où le nombre des micro-brasseries explose et où la culture du houblon investit le Sud-Ouest, allant même parfois jusqu’à se nicher au cœur des vignes, Thierry Escarret a choisi de tenter l’expérience au sein de sa propriété familiale d’une centaine d’hectares de pins maritimes, au Domaine de la Fleur des Pins. Depuis 2020, quelques 200 plants de 18 variétés différentes sont répartis sur
1200 m2. « L’idée est venue lors du confinement. J’avais du temps pour réfléchir et je souhaitais faire quelque chose de cette propriété laissée à l’abandon depuis des années. J’y ai vécu jeune et j’ai un lien fort avec ce lieu. J’ai cherché un autre scénario que le modèle un peu  »intensif » de sylviculture qui fait aujourd’hui l’actualité avec les problèmes climatiques, sans forcément remplacer le pin maritime. Peut-être en y associant
d’autres types de cultures ? »

Une idée qui lui trottait dans la tête depuis longtemps: dès 2011, une première expérimentation avait été tentée avec des plants de pommes de terre, « un légume qui tolère bien l’acidité qu’on retrouve en forêt de pins, donc plus facile sur le plan agronomique », précise-t-il. Des plantations réalisées « en amateur », dont il tire une expérience suffisante pour franchir près de dix ans plus tard un nouveau cap, plus sérieux celui-là : le houblon.


Une bonne adaptation au sol


« C’est une plante assez rustique qui préfère l’acidité. Ici, on a un sable humifère et le sol est riche en matière organique. Ça ne correspond pas au sol d’origine du houblon sauvage qui d’ordinaire pousse en bord de rivière mais il s’acclimate bien », explique avec satisfaction ce « paysan de famille » et aventurier de l’agroforesterie, venu au houblon
grâce à sa compagne alsacienne. La méthode ? Une corde fixée aux pin permet au rhizome, planté à la base de l’arbre, de s’accrocher. Et la plante s’y développe telle une liane, parallèlement au tronc. Coupée à sa base en septembre pour la récolte, elle repart au printemps suivant pour assurer un nouveau cycle.

Les rizhomes se développent sur des cordes le long des troncs des pinsPatrick Forsans

Une association osée mais fructueuse

Quant aux avantages d’une telle association, ils semblent multiples : l’utilisation et la mise en valeur de l’arbre mais aussi le nettoyage préalablement nécessaire de la forêt, notamment grâce à l’élagage des pins jusqu’à 6-8 mètres, ce qui diminue les nœuds et améliore leur rectitude. Une opération qui contribue aussi à lutter contre les incendies.
« C’est un système déconnecté du modèle initial de rentabilité de la forêt puisqu’il existait déjà mais on y ajoute un modèle économique qui va permettre de faire des actions valorisantes pour la pinède », précise le forestier dont l’objectif de départ était de remettre en vie la propriété en y implantant une activité plus agricole que sylvicole.

Récompensée en 2020 lors du 6 e concours Agrinove « Innovations pour l’Agriculture », cette initiative a d’ailleurs fait l’objet d’un dépôt de brevet « procédé de culture de plantes grimpantes en milieu forestier » déposé auprès de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) en collaboration avec Aquinov et accompagné par le dispositif Prestation Tremplin Innovation de la Région Nouvelle-Aquitaine.

Prochaine étape ? La fabrication d’une bière « la Pinastère », produite avec les 22 kg de la première récolte. « Elle va nous servir à valoriser le brevet et éventuellement à convaincre d’autres forestiers de choisir la même
culture », conclut-il.

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