Mauriac à l’écran – présenté par la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux


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Mauriac à l'écran - présenté par la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 06/03/2008 PAR Piotr Czarzasty

Le cycle vient compléter une exposition consacrée aux « Nouvelles acquisitions patrimoniales », enrichies, récemment, par une collection importante de manuscrits, journaux intimes et correspondances famililales de Mauriac. Plusieurs brouillons, croquis, photos de famille et dessins-caricatures ont donc inspiré l’idée d’un cycle de projections autour du grand écrivain bordelais. « Parmi ces nouvelles acquisitions, on peut admirer, notamment, le manuscrit ainsi que le scénario de « La fin de la nuit » » explique Evelyne Rocchetto, initiatrice du projet, « En ayant déjà le scénario, nous avons donc, immédiatement pensé à retrouver son adaptation télévisée de 1966. » Quant à « Génitrix », le choix semblait naturellement s’imposer, dans l’esprit d’une certaine continuité avec sa création en novembre dernier à L’Opéra National de Bordeaux.

Portrait – souvenir

En introduction à ces oeuvres, c’est un vrai « Portrait souvenir » de Mauriac qui nous est d’abord présenté. « Cette interview est dailleurs devenue, par la suite, « la pièce matrice » de tous les documentaires et émissions consacrés à François Mauriac. » comme nous le dévoile Mme Rocchetto. Dans le « Portrait souvenir », tourné en 1962 dans la maison de l’auteur à Malagar et dans son appartement à Paris, François Mauriac nous raconte les événements marquants de sa formation d’écrivain. Il revient, entre autres, sur son enfance dans la lande, l’affaire Dreyfus, la guerre 14-18 et sa rencontre avec Barrès. La deuxième partie traite, elle, de l’engagement politique de l’auteur, de sa carrière ainsi que du journalisme politique.

Une interview exclusive de François Mauriac

Mort il y a déjà plus presque 30 ans, Mauriac est pourtant bien là, en chair et os, souriant, bavard, racontant sa vie avec enthousiasme et humour devant la caméra. 87 min d’entretien, tournées quasiment en un seul cadre, bien statique, sont presque entièrement investies par l’écrivain. Entrecoupées, de temps en temps, par quelques illustrations des propos développés par Mauriac, les images surprennent d’emblée par une manière de réalisation impensable aujourd’hui. « C’est, en effet, la période où sont créés les premiers reportages sur les grandes figures de la littérature. » explique Mme Rocchetto. « Le journaliste est complètement effacé, on entend uniquement les questions qu’il pose, et toute l’attention est tournée vers la personne interviewée. »

Les Landes – « ma terre patrie »

C’est une expérience unique que de regarder et écouter François Mauriac parler avec tant d’émotion et de nostalgie d’une époque, qui nous semble pourtant très lMauriacMeriadeckointaine. Et on apprend bien des choses sur la vie de Mauriac, et ce, de son témoignage personnel. On passe donc, dans un premier temps, par les Landes et St Symphorien, la maison de son enfance. « Les Landes, terres de cendres et de pin, ont toujours été ma vraie patrie. » avoue Mauriac «…C’est là que je suis devenu plus attentif aux passions des gens autour de moi; que j’ai pris pour la première fois conscience de ma vocation d’écrivain. »

« J’ai toujours rêvé d’être Dickens »

Une conscience qui fut, en même temps, développée par de nombreuses lectures d’enfance, mais sûrement pas par « Tintin ». « On lisait de vrais romans. » raconte l’écrivain « … mais aussi plusieurs journaux, comme le St Nicolas; ces lectures m’ont donné le goût de l’invention. » C’est Dickens qui fut son idole inégalé. « Toute ma vie j’aurais voulu faire un Dickens. » dévoile Mauriac « J’ai été fasciné par ses romans poétiques; c’est grâce à lui, si mes romans restent toujours imprégnés de poésie. »

Le coup de pouce de Barrès

Sa carrière d’écrivain bascule avec la rencontre d’une autre grande figure de l’écriture – Maurice Barrès. « Après la sortie de mon premier roman « Les Mains Jointes » en 1910, j’ai reçu une lettre de Barrès où il me félicitait en écivant « Monsieur, vous êtes un grand écrivain. » » raconte François Mauriac. « Tout ma vie a dépendu de sa critique, parue par la suite dans un journal; l’enthousiasme et l’espoir qu’elle m’a donné, m’ont permis de tenir 12 ans où je n’arrivais pas à écrire quoi que ce soit. » Il démarre, pour de bon, finalement qu’après la guerre avec « Le baiser au lépreux ».

Un écrivain aimé et detesté

Autant qu’il fut aimé de son vivant, il suscita beaucoup de controverses. Ceci notamment, avec sa sympathie non-cachée pour le journal de l’Action Française. « Le contenu était, certes, grave, même effrayant; mais que c’était bien fait. » raconte l’écrivain. A la fin de la guerre en 1918, sa première réaction aurait pu provoquer non moins de polémiques. « Quand j’ai entendu les cloches sonner l’armistice, je me suis dis: « Quel bonheur, le roman de Proust va enfin pouvoir être publié. » ». Mais on reprochera surtout à François Mauriac d’avoir, d’une certaine manière, « nié » ses origines; ce qu’il semble d’ailleurs confirmer. « Toute mon écriture est une réaction contre mon milieu, ma classe sociale, mais pas ma famille. » avoue l’auteur.

La reconnaissance

François Mauriac rentrera néanmoins, dans le panthéon des grandes figures de la littérature française et internationale. Ceci notamment, avec sa nomination à l’Académie française en 1933 et un prix Nobel de littérature en 1952. A la fin de ses jours, il se replie, dans ses dernières années, dans « la maison de son adolescence » à Malagar. « Je sentais toujours appartenir à un monde ancien. » nous raconte Mauriac « Malagar me permettait de le retrouver; c’était mon « vivier » dans un monde qui avait tellement accéléré. »

Celui qui « ne pourra plus se défendre »

Il s’éteint en 1970 et regrettera sûrement de ne plus pouvoir parler, lui-même, de ses oeuvres. « C’est une grande chance d’être oublié, mais une plus grande encore lorsqu’on ne l’est pas. » explique Mauriac « Il est tout de même embettant de ne plus pouvoir se défendre, une fois qu’on est plus là » Le grand écrivain peut être cependant certain de ne pas être oublié. L’un de ses admirateurs nous a fait part de sa rencontre avec François Mauriac « Je me rappele très bien, Louison Bobet venait de remporter le Tour de France; et j’entends encore dire Mme Mauriac: « Mon époux est presque aussi populaire que Bobet maintenant. »

Piotr Czarzasty

Infos pratiques

Bibliothèque Mériadeck
85, cours du Maréchal Juin,
Salle de conférence, niveau -1,
entrée libre et gratuite
05 56 10 30 02
www.bordeaux.fr

Exposition « Les Nouvelles acquisitions patrimoniales »
jusqu’au 21 mars
Du lundi au vendredi de 13h00 à 19h00
Le samedi de 13h00 à 18h00
Visite commentée de l’exposition le mercredi à 15h00 (durée une heure).

Mauriac à l’écran
(tous les films et émissions proviennent des archives de l’INA)

Jeudi 6 mars à 18h
Le Bloc-notes
Mauriac explique dans l’émission « Lectures pour tous » (ORTF, 1958) comment lui est venue l’idée du Bloc-notes ; 3 émissions de la scène consacrées au Bloc-notes (INA-FR3, 1986) font entendre le texte de Mauriac sur des images d’archives de la guerre d’Algérie et des événements de mai 68.

Mardi 11 mars à 18h
Genitrix

Mercredi 19 mars à 16h30
La Fin de la nuit

 

 

 

 

 


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