« Les Usines » ressuscitent les anciennes filatures de Ligugé


Aqui.fr

« Les Usines » ressuscitent les anciennes filatures de Ligugé

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 17/07/2019 PAR Julien PRIVAT

Les Usines, une ancienne filature, devenue friche industrielle dans les années 1980, qui renaît depuis la fin de l’année 2013.  A l’intérieur de ce terrain de 20 000 m2, 25 structures sont installées, un fablab, des bureaux, des ateliers… Ce matin de juillet, les fondateurs et membres des entreprises installées ici ont accueilli le président de Grand Poitiers venu y faire une annonce importante pour la suite de cette aventure humaine portée par l’association Y128 : une lettre et un nombre qui correspondent au nom de la parcelle sur l’acte d’achat. L’ association  compte  désormais plus de 180 adhérents. 

De la friche à la pépinière d’entreprises

Visite des « Usines » de Ligugé : au bout de la grande allée centrale se trouve un salon de coiffure Urban Jungle. Jungle, c’était le surnom du site, qui était laissé en proie à la nature. Luck Martin, coiffeur de 33 ans, ne travaille qu’avec des produits à base végétale, bio de préférence. Plus loin, on trouve la rue des ateliers. Olivier Monteil y fabrique de la ferronnerie d’art. Son entreprise s’appelle Strukenfer. Olivier est en quelque sorte un forgeur plasticien. « J’ai appris sur le tas, explique ce passionné. Aux « Usines »  je trouve qu’il y a un échange de savoir-faire, de compétences. Je partage cet atelier avec un forgeron et il profite de mon expérience et moi des siennes ».

L’atelier d’à côté est occupé par « Toupie volante » une ludothèque itinérante, qui est dans une situation financière difficile. Bénédicte Rousseau, à l’initiative de ce projet, a alerté le président de Grand Poitiers, Alain Claeys, à ce sujet.  À côté des jouets, se trouve une marqueterie. Il s’agit de mosaïques de bois réalisées avec des essences différences. « Mon métier n’est pas très connu, confie Manon Neveu de l’atelier Intarse. Nous ne sommes pas très nombreux en France. Petit à petit, j’arrive à avoir des commandes des particuliers, sachant que nous organisons ici des événements qui nous font connaître ». Installée depuis février 2017, elle fabrique des petites séries ou des pièces uniques : un travail d’orfèvre.

Guillaume Masseteau, de la société « alternative habitat » s’occupe de la conception des plans et de la maîtrise d’ouvrage de bâtiments en éco-construction, aussi bien sur des anciens que des nouveaux bâtiments. « J’essaie d’effectuer des rénovations sans dégrader les bâtiments », précise-t-il. Sa structure monte de plus en plus en puissance. Notamment grâce à un secteur de niches dans le bois massif et la paille. Il peut prodiguer quelques conseils dans ce domaine qui séduit de plus en plus de personnes, qui se lancent dans leur propre chantier de construction. Concernant les « Usines », il est totalement convaincu par ce lieu. « Il est en cohérence avec ce que je développe ». 

Autre activité, celle des « Pirates du Clain » : ils sont trois, Antoine Benyayer, Antoine Ravard et Sébastien Vignol, à produire des bières artisanales en bouteilles et en fûts. Leur gamme est assez large et ils ont la particularité de proposer des recettes uniques. Cela fait trois ans qu’ils brassent leur bière sur le site de Ligugé et la proposent dans des magasins locaux ou de producteurs, et dans des brasseries. Leur aventure se développe face une concurrence plutôt rude. « Quand nous nous sommes installés, il y avait 300 brasseurs en France, aujourd’hui nous sommes 1 600 ». Un marché de la bière artisanale qui peut encore grandir, puisqu’il représente seulement 6% de la bière consommée. Ces bières des pirates revendiquent un goût très artisanal. Elles restent à consommer avec modération.

Autre entreprise, « HVO conservation », l’une des premières à s’être installée sur le site. Hélène Merlet est conservatrice-restauratrice de documents graphiques et de livres. Elle intervient sur des oeuvres d’art, des ouvrages, mais aussi des éventails, des puzzles, des boîtes… Poitevine d’origine, elle connaissait les Usines en friche et voir revivre aujourd’hui la filature lui procure un certain plaisir. « La restauration est arrivée au bon moment pour moi. Aujourd’hui, les Usines sont à la fois un lieu de travail et un lieu de vie. J’ai découvert une communauté bienveillante. » 

Le Fablab des Usines de Ligugé. Un lien de création artistique et de production de prototypes

Un Fablab

L’autre particularité des Usines est la présence d’un Fablab (pour fabrication Laboratory en français laboratoire de fabrication).  Dans ce lieu, il y a de la formation, du partage. Les productions servent à la fois pour des prototypes ou des créations artistiques. Il y a une fraiseuse à commande numérique, de l’impression 3D, de la découpe laser ou encore de la modélisation en 3d. Des outils à la pointe des nouvelles technologies. « Ce Fablab facilite la production et la création. C’est un maillon intermédiaire entre Recherche et Développement et avant projet de production », confie Cyril Chessé, fondateur des Usines qui s’occupe également du Fablab

La communauté urbaine de Grand Poitiers a signé une convention pluriannuelle avec Les Usines de Ligugé. Elle représente, sur deux ans, 50 000 euros

Une convention de partenariat entre Grand Poitiers et les Usines

Ce tiers-lieu dispose d’un soutien de taille de la part de Grand Poitiers. Le conseil communautaire a voté une convention pluriannuelle avec les Usines de Ligugé le 28 juin dernier. 25 000 euros seront versés dès 2019 et en 2020 pour soutenir et développer les projets. Un soutien qui s’inscrit finalement à la fois dans le Projet de territoire de la communauté urbaine et également dans le Schéma Local d’Enseignement Supérieur, de Recherche et d’Innovation (SLESRI). « Je crois que cette démarche définit parfaitement le projet de territoire. Vous êtes audacieux et faisons preuve de bienveillance. Ce tiers-lieu est une bonne chose pour la communauté urbaine. Un lieu de référence. Je me réjouis à chaque fois que je viens ici de voir comme le projet prend forme », explique Alain Clayes. Grand Poitiers participera et soutiendra les futurs idées des Usines. 

L’évolution passe par la réhabilitation de nouveaux bâtiments du site. Car la demande s’est accrue. Pour rejoindre les usines, il y a déjà une liste d’attente. « Nous avons un besoin d’extension », confie Cyril Chessé. Les Usines deviennent une image de marque. Leur logo, dans le style art déco des années 1930, avec la cheminée de briques qui culmine à 30 mètres de haut, symbolise aujourd’hui ce tiers-lieu ou plutôt tiers-espace comme les fondateurs préfèrent l’appeler. « Je crois que les Usines ont un bel avenir devant elles. Nous récoltons enfin les fruits de notre travail », conclut Cyril Chessé. 


Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Vienne
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles