Les organisateurs de l’exposition « Présumés innocents » à Bordeaux poursuivis au tribunal


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Les organisateurs de l'exposition « Présumés innocents » à Bordeaux poursuivis au tribunal

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 23/06/2009 PAR Nicolas César

Les juges d’instruction Jean-Louis Croizier et Marie-Noëlle Billaud ont renvoyé devant le tribunal de grande instance de Bordeaux les organisateurs de l’exposition « Présumés innocents, l’art contemporain et l’enfance », présentée du 8 juin au 1er octobre 2000 au CAPC, le musée d’art contemporain de Bordeaux. Sous l’angle du jeu, de l’imaginaire, de la sexualité et de l’émotion, près de 80 artistes internationaux, dont Christian Boltanski, Annette Messager ou Garry Gross, avaient croisé leurs regards sur l’enfance à travers 200 œuvres. Henry-Claude Cousseau, actuellement directeur de l’École nationale supérieure des Beaux-arts, ainsi que les deux commissaires de l’exposition, Marie-Laure Bernadac et Stéphanie Moisdon-Tremblay, doivent aujourd’hui répondre des délits de diffusion et représentation d’images et de messages à caractère violent ou pornographique mettant en scène des mineurs ou susceptibles d’être vus par ces derniers.

Des oeuvres choquantes pour des enfants ?

Une dizaine d’œuvres, dont des dessins d’Hugo Rondinone, montrant des enfants et des animaux ayant des sexes humains, ainsi qu’une vidéo de l’artiste autrichienne Elke Krystufek, où on la voyait, se masturber avec un concombre et se coudre le sexe ont choqué, par « leur aspect pornographique », l’association lot-et-garonnaise de protection de l’enfance, La Mouette, qui a déposé plainte à la clôture de l’exposition, sur la base du catalogue de l’exposition et de quelques témoignages oraux.

Le parquet avait requis un non lieu

« Par le passé, des artistes ont déjà été poursuivis par la justice, mais c’est la première fois en France que l’on s’en prend au directeur d’une institution publique et à deux commissaires pour avoir exposé certaines œuvres », s’indigne Me Emmanuel Pierrat, avocat de Marie-Laure Bernadac et Stéphanie Moisdon. Pour lui, il s’agit d’une « atteinte à la liberté de créer ». Il rappelle que le parcours de l’exposition avait été validé par le rectorat de Bordeaux. Une signalétique, des avertissements, des surveillants postés à proximité déconseillaient l’exposition au jeune public. Sur la base de ces arguments, le parquet de Bordeaux avait d’ailleurs requis un non-lieu en mars 2008, estimant que si les images étaient susceptibles de surprendre ou de choquer, elles ne pouvaient être perçues uniquement comme une « représentation grossière de la sexualité blessant la délicatesse et tendant à exciter les sens ». Une analyse que ne partagent pas visiblement les juges d’instruction. Selon Me Richard Malka, l’avocat de Henry-Claude Cousseau, « ce procès est digne du Moyen-âge ». « Il n’est pas raisonnable de considérer comme pornographique des œuvres qui ont fait le tour du monde ».L’exposition avait reçu un accueil favorable. Des dizaines d’enseignants ont amené leurs classes la visiter. « Si cette exposition avait été présentée uniquement à des adultes, nous n’aurions pas porté plainte. Cela n’a rien à avoir avec la liberté d’expression de l’artiste », conclut Me Christine Maze, l’avocate de l’association La Mouette.

Nicolas César

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