« Les nouvelles ruralités » face au choc attendu de la décentralisation


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"Les nouvelles ruralités" face au choc attendu de la décentralisation

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/05/2014 PAR Joël AUBERT

L’élu qui est également président du conseil général de son département – 270.000 habitant à la fin du XIX° siècle et 123.000 aujourd’hui – est le co-auteur du rapport de la mission des « Nouvelles ruralités » dont la genèse remonte à 2010, à l’initiative de quatre présidents de conseils généraux, le sien mais aussi l’Allier, la Nièvre, le Cher. Une analyse approfondie qui est devenue la bible de l’Assemblée des Départements de France et a débouché sur un Manifeste qui mérite davantage de considération que celle qu’on lui accorde dans les élites « politico-urbaines » dont parle Jean-Jacques Lozach.

Les inégalités territoriales s’accroissentQuel constat cet homme de terrain dont le discours est empreint de modération fait-il ? Depuis 2006 les inégalités territoriales s’accroissent et contredisent l’objectif de péréquation pourtant affiché, en 2003, dans la Constitution. Les symptômes ont été observés et décrits, rappelle-t il, dans les notes des préfets qui ont stupéfié le pouvoir central : sentiment d’abandon, climat quasi insurrectionnel, montée de l’égoïsme territorial et une traduction électorale évidente, encore confirmée ces deniers jours, la montée d’une forme de populisme. Les ruralités sont « balayées par plusieurs vents, celui de la mondialisation, la fin du cycle industriel de l’après guerre » dont Jean-Jacques Lozach trouve des prolongements évidents dans l’inégale répartition des effets de la crise actuelle. « Depuis 2009 la multiplication des plans sociaux a lieu essentiellement dans les villes petites et moyennes ». Et, ceci, à un moment où la situation de nombre de PME dépend de fonds de pension extérieurs au pays.

« Une religion des métropoles »C’est dans ce contexte que l’acte 3 de la décentralisation vient affirmer la prééminence de la métropolisation : quelques 14 métropoles en devenir dès l’an prochain et, selon le sénateur de la Creuse, « un texte à venir dont il y a fort à parier que les grandes régions de demain seront organisées autour… des métropoles. » Ne parle-t-on pas ces dernières heures d’une région Grand Sud Ouest regroupant depuis Bordeaux, Aquitaine, Poitou-Charentes, Limousin ? « Nous entrons dans une sorte de religion des métropoles ; on ne peut pas dire que tout le développement va venir des métropoles » ajoute le sénateur de la Creuse qui, d’ailleurs, fait remarquer qu’en Ile de France entre 2006 et 2011 les inégalités se sont accrues le plus, en même temps que la richesse. Et d’esquisser une carte de France qui, une fois dessinées les métropoles, révèle un centre béant. La politique d’aménagement du territoire a disparu. «Comment peut-on rester indifférent à la géographie? A considérer le niveau de l’emploi, des revenus, des retraites, le combat pour l’aménagement du territoire et la cohésion sociale sont les mêmes » souligne Jean-Jacques Lozach dont le rapport sur les nouvelles ruralités ne se contente pas de pointer les écueils de la nouvelle donne territoriale mais insiste sur ce qu’il appelle « une opportunité historique » : jamais depuis six sept ans le désir de campagne n’avait été aussi fort. Il faut donc en tenir compte et réussir à créer dans cette autre France, cette France des interstices, de l’activité, entraîner les banques dans une réflexion adaptée aux besoins de micro-crédit, mettre en œuvre une véritable ingénierie territoriale….

Le Département garant des liens, selon Philippe MadrelleUne analyse que partage Philippe Madrelle le président du Conseil général de la gironde qui tout en se félicitant que son département voit s’installer sur son territoire 15.000 habitants supplémentaires chaque année et « a la chance d’avoir une métropole en construction accélérée insiste sur la force « des liens quotidiens et évidents entre les territoires qui s’irriguent l’un l’autre » non sans affirmer, une fois encore, « que le Département plus que jamais est le garant de la pérennité de ces liens. »

Le Département ? Quel département demain matin ? La réponse ne va pas tarder… En tout cas on sait désormais qu’il ne va pas formellement disparaître, ce qui d’ailleurs d’un point de vue constitutionnel semblait aujourd’hui impossible. On va lui conserver quelques compétences et en redistribuer d’autres vers les Régions et les intercommunalités. Reste que la ruralité, cette « nouvelle ruralité » que défend le président d’un département de 123.000 habitants, la Creuse, mérite d’être considérée autrement qu’avec quelques beaux discours à géométrie variable, façon François Hollande.

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