Autoroute A 65: les mauvais résultats du concessionnaire inquiètent


Aliénor

Autoroute A 65: les mauvais résultats du concessionnaire inquiètent

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/11/2012 PAR Olivier Darrioumerle

« Il n’y a pas un chat sur cette autoroute. On dirait une route américaine, c’est effrayant ! », s’exclame Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF dans les Pyrénées-atlantiques. En 2011, durant sa première année d’existence, 5332 véhicules par jour en moyenne, dont 6% de poids lourds, ont pris l’autoroute entre Bordeaux et Pau. Des chiffres bien inférieurs aux prévisions de l’enquête publique de 2006 qui prévoyaient 2330 véhicules supplémentaires et deux fois plus de poids lourds, soit 7660 véhicules dont 12% de poids lourds. Bernard Uthurry, vice-président de la Région en charge des transports reste confiant dans l’avenir de l’autoroute, même s’il aurait apprécié que le concessionnaire fasse un effort en faveur des usagers  : « Il me semble que le constat n’est pas aussi calamiteux que les chiffres le disent. A ses débuts l’autoroute la Bayonne-Toulouse était déserte elle aussi. Il y a surtout le problème du coût qui se mêle à la crise. C’est pourquoi une politique incitative aurait été la bienvenue… »  

Bernard Uthurry s’en remet aux choix d’Aliénor, libre dans la gestion de la concession. « On est pris dans la tenaille du partenariat, ajoute-t-il. La région n’a pas mis d’argent public, le concessionnaire est seul à décider de l’exploitation de l’autoroute pendant 50 ans », avant de conclure : « la Région a participé au financement de la déviation d’Aire-sur-Adour, mais c’est terminé, désormais elle investit dans le transport ferré. » Financée à 100 % par le Privé, à part la déviation d’Aire-sur-Adour, la construction de l’autoroute A65 était réclamée depuis 20 ans par certains, comme le groupe de pression Béarn Adour Pyrénées, proche de la CCI. BAP avoue que les chiffres ne sont pas satisfaisants, mais continue de défendre bec et ongle les choix du concessionnaire. Pour eux l’autoroute n’a pas de prix : « en gagnant une heure de trajet, valorisé au SMIC, on gagne 15 euros. Et en ajoutant les 6 litres de gazole en moins, c’est le prix du péage que l’on rembourse ! », clame-t-on du côté de la CCI qui voit dans l’autoroute un argument pour attirer des entreprises, des investissements et des emplois. A vérifier…


Déficit et chiffre d’affaires de 35 millions d’eurosPierre Recarte, membre actif de la CADE, qui regroupe les associations de défense de l’environnement, conteste la politique de la Région, Alain Rousset en tête. « Il fustige les partenariat public/privé au motif que ce sont des bombes à retardement pour les finances publiques. Mais la Région utilise ces mêmes mécaniques d’endettements qui profitent aux majors des constructeurs pour financer hier l’A65, aujourd’hui la LGV. » Au centre des inquiétudes se trouve « une clause de déchéance », contenue à l’article 40 du décret de concession, qui engage l’Etat, la Région, les départements de la Gironde, des Landes et des Pyrénées-atlantiques à payer des indemnités, évaluées à environ un milliard d’euros selon certains calculs, au concessionnaire si celui-ci devait faire faillite. On n’en est certes pas là puisque 2011 est la première année d’exploitation complète, mais les opposants pointent du doigt cette clause qui cacherait « une subvention différée », selon les termes de Michel Aguer, élu communiste du Béarn et membre de l’association CODE béarn qui s’oppose au prolongement de l’autoroute entre Pau et Oloron jusqu’en Espagne.

La Sepanso, de son coté, alimente le malaise. Six exploitants d’autoroutes espagnoles ont déposé le bilan en 2012. Le dernier en date, le groupe Ferrovial qui exploitait l’AP-36 (Ocana-La Roda) explique que « la réduction substantielle du trafic prévu, la crise économique et l’augmentation de capacité des voies alternatives rendent imminente l’impossibilité de faire face aux différents paiements envers les banques. » Daniel Delestre, auteur d’un rapport sur l’A65 pour la Sepanso, ne veut pas dramatiser, mais constate qu’Aliénor est sur une pente douce : « le concessionnaire présente un déficit de 35 millions d’euros pour l’exercice 2011. Une entreprise qui a des prêts à rembourser ne peut pas endosser des déficits pendant longtemps. » Le chiffre d’affaires d’Aliénor, par ailleurs égal à son déficit, n’est pas à la hauteur des 45 millions d’euros prévus pour la première année dans le décret de concession qui table sur une progression de 8% par an jusqu’en… 2061. 

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