« Les demandeurs d’asile peuvent aussi être une solution! »


C’est une utopie qui est devenue réalité voilà quatre ans à Saint-Just-le-Martel, près de Limoges. L’association « La Terre en Partage » permet à des demandeurs d’asile d’être actifs et de se sentir utiles durant l’instruction de leur demande.

Halil et BorisCorinne Merigaud | Aqui

Halil, un afghan qui a fui son pays, est accompagné par Boris kierkowski qui a créé La Terre en Partage avec son épouse en 2018.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/04/2023 PAR Corinne Merigaud

Depuis décembre 2018, des demandeurs d’asile sont accueillis par cette association au lieu-dit Le Mazet, une propriété de 10 ha louée aux Apprentis d’Auteuil. Ce lieu de vie a pour vocation de proposer des activités à des demandeurs d’asile volontaires. Ils peuvent ainsi faire du maraîchage, préparer les repas, apprendre le français et nos codes culturels.

le magasinLa Terre en Partage

Un magasin est ouvert aux particuliers qui souhaitent s’approvisionner en circuit-court.

Modèle innovant

Suite à l’ouverture d’un centre d’hébergement d’urgence près de chez eux, un couple de parisiens à voulu faire bouger les lignes. « Nous avons eu envie de faire de l’entrepreneuriat social et utile, raconte Boris Skierkowski. Nous avons écrit cette utopie en 2016 et été demi-finalistes parmi 40 projets retenus sur un millier de l’European Social Innovation Competition. »

Le début d’un long parcours qui aboutira, en août 2018, à un agrément OACAS accordé par la Préfecture de la Haute-Vienne à leur association constituée six mois plus tôt. « Elle est reconnue comme un organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires, la troisième en France après Emmaüs précise-t-il. Les demandeurs d’asile perçoivent une indemnité de 150 € par mois, pas en contrepartie d’un travail, mais parce qu’ils participent à toutes les activités de l‘association et qu’ils viennent volontairement. »

S’appuyant sur ce cadre légal, les demandeurs d’asile n’attendent plus, désoeuvrés, leur demande d’asile mais ils participent à des activités. Cela leur apporte un statut reconnu et valorisé. L’accueil au Mazet leur permet de retrouver quelques repères après une période de fuite. « Ils sont isolés, exilés et en plus il y a la barrière de la langue constate Boris, ils ont subi le traumatisme du départ, un long trajet avec la peur d’être pris par la police. Ils ont souvent des problèmes de santé mentale et surtout, ils croyaient que la France était l’Eldorado. »

« Important d’apprendre le français »

Ce séjour leur redonne un rythme de vie dans une ambiance familiale propice à la reconstruction. C’est le cas pour Hilal 27 ans, arrivé en France en décembre 2021, après avoir fui l’Afghanistan des Talibans. « Je travaille dans le jardin trois heures par jour, je prépare les repas et c’est aussi très important pour moi d’apprendre le français car j’en ai besoin pour vivre en France indique le jeune homme. Je ne parlais pas du tout français avant de venir ici, seulement l’anglais. »

Un homme arrose des plantation avec un arrosoirLa Terre en partage

un des demandeurs d’asile, Ahmed, à l’arrosage dans le jardin maraîcher de l’association La Terre en partage

Halil a patienté un an avant d’être convoqué par l’OFPRA. Depuis quatre mois, il attend la décision suite à sa demande d’asile. « Tout est bien ici, on apprend à vivre et à travailler ensemble se réjouit-il, je voudrais ensuite travailler dans le bâtiment, faire de la peinture et du carrelage, je faisais ça dans mon pays. » Les demandeurs d’asile sont également accompagnés pour préparer un projet professionnel.

Des légumes bio pour la cantine

Sur 2 hectares, les résidents cultivent des légumes bio, fournis à la cantine de l’école du bourg ou vendus sur place aux particuliers. Un verger de 2 hectares a également été planté. L’association organise des événements culturels pour renforcer les liens sociaux et ouvrir la structure sur l’extérieur. « Nous voulons montrer que les demandeurs d’asile peuvent aussi être une solution, par exemple, ils encadrent les élèves lors des sorties scolaires à vélo » signale-t-il.

Depuis l’ouverture, quarante-six hommes de dix nationalités différentes, âgés de 28 ans en moyenne, ont été accueillis ; 73 % ont obtenu un titre de séjour. « Parmi ceux-ci 65 % ont retrouvé une activité professionnelle et 15 % suivent une formation, après ces quatre ans d’expérimentation, l’objectif est de faire changer les pratiques de l’intérieur, de créer un modèle et d’essaimer. »

Cette innovation a été plusieurs fois primée et même classée dans le Top 50 de l’entrepreneuriat à impact 2021 réalisé par Carenews et l’ESSEC. Deux projets de structures similaires sont à l’étude en région Pays de la Loire et Occitanie.

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