Le Triangle des échoppes réouvre


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Le Triangle des échoppes réouvre

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 12/12/2016 PAR Romain Béteille

Elle était là, la plaque officielle de l’inauguration de la reconstruction du Triangle des Échoppes ce lundi à Pessac. L’objectif de cette réouverture d’un raccordement ferroviaire fermé depuis 1951 ? favoriser la multi-modalité des transports, décongestionner les dessertes TER et gagner du temps ; 33 minutes entre Macau et Pessac sur le papier, sans passer par Bordeaux et la Gare Saint-Jean. Ce kilomètre et demi de ligne doit donc permettre aux médocains un accès direct au sud de la région et mettre Blanquefort à 21 minutes de Pessac (contre 52 actuellement). Elle bénéficiera de plusieurs connexions avec le réseau de tramway de la métropole : la ligne C à Blanquefort et Bruges vers Bordeaux Nord, la ligne A à Mérignac-Arlac vers Mérignac et Bordeaux Centre, la ligne B à Pessac vers le campus et Bordeaux-Sud et une connexion envisagée avec la future ligne D.

Gaspillage financier

La cadence est officielle : ce sera neuf allers/retours quotidiens entre Macau et Pessac en semaine et six le week-end, soit une fréquence d’une demie-heure. Bilan financier officiel ? 25,6 millions d’euros, auxquels la région Nouvelle-Aquitaine a participé à hauteur de 20,5 millions, le reste étant assuré par SNCF Réseau. Le gain de temps est lui aussi assumé : 40% en terme de fréquentation sur la ligne. Ca, c’est la version officielle qui a été inaugurée et discourue aujourd’hui par le président de la région Aquitaine, Alain Rousset, et les élus. Sauf que quelques dissidences se sont invitées à la fête. Des associations de riverains locaux, d’abord. Parmi elles, l’association Talence Gare Multimodale, dont Germain Suys est le président. Les panneaux de protestation étaient eux aussi de sortie, dénonçant un gaspillage d’argent public. Sur les tracts distribués par les associations, on y dénonce un coût d’investissement de 32,6 millions d’euros, puisqu’on y ajoute le coût de l’achat de la nouvelle rame. « On nous dit que la ligne en question est saturée, c’est faux. Il ne reste que 11 trains qui viennent du Médoc et vont sur Bordeaux aujourd’hui, et 11 autres pour le trajet inverse. Des études ont été faites par le cabinet de polytechnique de Lausanne, précisant que 320 trains au maximum pouvaient circuler sur ces voies dans les deux sens. On est aujourd’hui à 136 trains au total, alors qu’on ne vienne pas nous dire que c’est saturé », s’indigne Germain Suys, tracts en main. Cet ancien chef de service à la SNCF déplore le terminus créé à Pessac au détriment d’une « plus logique » fin de ligne en gare de Bordeaux, « puisque cet arrêt est le plus fréquenté des deux ». 

Un engorgement simulé ?

Plusieurs associations de riverains de la gare de Pessac-Alouette et des associations d’usagers de la SNCF se sont clairement opposées à la suppression d’un passage piéton en gare de Pessac, fermé suite à la réouverture du Triangle des échoppes : les trains y rouleront à 160km/h au lieu de 60km/h. Au lieu de ça, la SNCF a imposé la construction d’un pont enjambant la voie via un contournement de 400 mètres et un escalier, non accessible aux personnes handicapées avant l’été prochain. Enfin, certains élus et militants EELV étaient aussi présents dans le mini-cortège. La réouverture du Triangle diminue le nombre de trains desservant Macau et leur fréquence (trois allers-retours quotidiens en moins). Mais leur principal argument à eux, c’est que cette opération de réouverture se fait au détriment d’autres travaux, ceux de la gare de Talence-Médoquine, fermée elle depuis 1957. « On pourrait en faire un pôle multimodal. Aujourd’hui où on a l’assurance d’avoir un tramway ou un BHNS, la Médoquine est plus qu’indispensable », affirme l’élue EELV Monique De Marco. « Elle est à cinq minutes de l’hôpital Pellegrin et du campus. Vu les pics de pollution actuels et les problèmes de déplacement, elle a un sens sur les deux voies. On nous prétexte des problèmes techniques et l’absence actuelle de la LGV au sud de Bordeaux, c’est se moquer du monde que de dire qu’il n’y a pas suffisamment de voies. On est confronté à du gaspillage d’argent public, les travaux sur la gare de la Médoquine auraient coûté beaucoup moins cher ». Coût total présumé de l’opération selon les associations : quatre millions d’euros. Enfin, toujours selon Germain Suys, « les dépenses de fonctionnement pourraient coûter 1,6 millions d’euros par an tandis que les recettes ne seraient que de 175 600 euros. C’est facile de faire le calcul du déficit d’exploitation annuel… ». 

Rompre une logique métropolitaine

Du côté de la version officielle, la réouverture de la Médoquine reste bridée aux conditions de la réalisation des LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. « Ce Triangle est un investissement structurant. Les coûts ferrés sont très élevés, mais on remet aussi en marche la voie ferrée de ceinture, tout en assurant un gain de temps d’une demi-heure. Les gares de Caudéran et de Talence seront réouvertes le moment venu, il faut faire les choses dans l’ordre. Quant au problème de la fermeture du passage piéton, le problème des accidents de personnes sur les voies existe depuis des dizaines d’années, nous allons demander la création d’ascenceurs avant de relever la vitesse des trains et prendre en compte les personnes handicapées », s’est défendu Alain Rousset devant des riverains excédés. Chrystel Colmont-Digneau, maire de Macau et Franck Raynal, maire de Pessac, ont accordé leurs violons avec ceux de la région. « Une intention de rompre la logique métropolitaine des transports en commun dont nous souffrons » pour l’une, « une décision audacieuse qui devrait mettre environ deux ans à trouver son public » pour l’autre. Les détracteurs de l’opération étaient présents comme promis lors de cette inauguration, bien que résignés face à un projet qui ne reviendra pas en arrière. Quant à l’avenir de la gare de Talence, la livraison des lignes reliant Bordeaux à Toulouse et Dax n’est, elle, pas prévue avant 2024, au mieux. De quoi animer les débats pendant encore un bon moment. 

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