La nomination de Gilbert Azibert “constitue une possible menace pour la neutralité de l’administration de la justice”, alerte le Syndicat de la magistrature (à gauche) dans un communiqué, pointant ainsi du doigt “ses choix pédagogiques lorsqu’il dirigeait l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) et “ses manières volontiers autoritaires en tant que procureur général de Bordeaux”. Directeur de l’ENM entre 2002 et 2005, Gilbert Azibert avait été accusé par ce syndicat d’écarter ses membres des postes d’enseignants. Ce qu’il a toujours réfuté. Il avait également organisé une visite controversée de Nicolas Sarkozy en 2003, alors ministre de l’Intérieur. Emmanuelle Perreux, la présidente d’origine bordelaise du Syndicat de la magistrature, ne cache pas “une grande inquiétude sur sa neutralité”.
“Une reprise en main de la justice par le pouvoir politique”
La nomination de Gilbert Azibert, réputé pour être autoritaire, préoccupe d’autant plus, que la chancellerie l’a chargé de gérer les effets de la réorganisation de la carte judiciaire et la suppression effective des tribunaux, un dossier sensible. Pour le Syndicat de la magistrature, ceci est le signe d’une “reprise en main par le pouvoir en place” dans les nominations de hauts magistrats. Des propos qui visent l’arrivée de Stéphane Noël, l’un des deux directeurs adjoints du cabinet de la ministre de la Justice Rachida Dati, comme procureur général de la cour d’appel de Bourges. “Il est nommé “avec moins de seize ans d’ancienneté, là où nombre de magistrats attendent souvent le seuil de la retraite pour bénéficier d’un tel avancement”, écrit le syndicat dans un communiqué. “En faisant fi de toutes les règles imposées en matière de promotion des magistrats pour favoriser l’un de ses proches, la garde des Sceaux démontre une nouvelle fois à quel point la magistrature est reprise en main par le pouvoir en place”, poursuit le syndicat.
Nicolas César