Le rêve américain arrive à Bordeaux


Max Lieblich

Le rêve américain arrive à Bordeaux

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 23/05/2017 PAR Max Lieblich

Située dans le Hall 3 de la Foire internationale de Bordeaux qui se tient du 20 au 28 mai, l’Expo Route 66 recrée la voie mythique des Etats-Unis. C’est une des routes les plus connues dans le pays, ayant même inspiré une chanson et une série télé. Elle représente le rêve américain, la liberté d’aller n’importe où, pour quelque raison que ce soit. Cette semaine, avec cette exposition tous les bordelais peuvent faire ce rêve.

La construction de l’US 66 a commencé en 1926, mais elle n’a été achevée qu’en 1938. Néanmoins, avant cette date, la route avait déjà été beaucoup utilisée pendant les périodes de Grande Dépression et de Dust Bowl (série de tempêtes de sable et de poussière qui frappa le Midwest dans les années 30). Elle a été la route de la migration vers l’Ouest pour de nombreux agriculteurs ruinés cherchant de nouvelles opportunités pour eux et leurs familles. Elle a aussi été une source de commerce pour plusieurs villes, les nombreux automobilistes ayant besoin de restaurants et d’hôtel pour manger et dormir. Quand elle a été finalement été achevée, US 66 traversait huit états : l’Illinois, le Missouri, le Kansas, l’Oklahoma, le Texas, le Nouveau Mexique, l’Arizona et la Californie. Soit, au total, 3 940 km.

L’objectif de l’exposition c’est par le prisme de la Route 66 (et du rêve américain), de présenter la culture et de l’histoire de l’Amérique. L’exposition débute avec un retour en 1926, au commencement de la construction de la route, et une mise en scène de son chantier. Une salle qui revient aussi sur l’histoire américaine de cette période, grande dépression inclue. La deuxième partie de l’exposition consiste en une visite aux rues de Chicago et son passé de « Capone City ». Bienvenue ensuite, si l’on peut dire, sur une scène de crime, avec aux murs des avis de recherche, et même un « Tommy Gun », pistolet-mitrailleur, qui a fait quelques adeptes du temps de la prohibition. Une salle qui fait aussi office d’espace Cinéma, avec laa diffusion d’extraits de films culte et d’un documentaire sur la Route 66. Puis le public passe par Flagstaff(Arizona) et sa célèbre station-service/musicstore, immortalisée par le film Easy Rider. Guitare électrique accrochée au mur, la salle donne également des infos sur les artistes qui ont crée des chansons et des œuvres littéraires à propos de la célèbre route, comme Steppenwolf et Kerouac, symboles aussi de la contre-culture. Le public entre ensuite dans une ville fantôme où il peut admirer une DeLorean DCM, la voiture mythique de Retour vers le Futur. Enfin, l’Expo se termine avec des boissons et de la nourriture dans un restaurant snack-bar de style américain. Sans oublier, dans presque toutes les salles, la présentation de voiture aux carrosseries lustrées.

Un américain qui habite à Bordeaux depuis quelques mois

Toute la visite de l’exposition a été assez bizarre pour moi en particulier, sans doute, parce que d’une certaine manière l’exposition parle de moi. Je suis un américain et j’habite à Bordeaux depuis quelques mois. De quoi piquer ma curiosité sur la perception française de moi-même, en quelque sorte… J’ai voulu aussi découvrir la manière dont ma culture était présentée par l’exposition, et analyser la justesse de cette présentation. Mais, Les Etats-Unis est un pays grand, et un pays divisé, surtout maintenant. Alors, avant de livrer mon verdict, je tiens à préciser que je ne peux pas parler pour toute l’Amérique, mais seulement en mon nom, au regard de mes propres expériences.

Après cette petite « décharge de responsabilité », je vous livre mon avis, qui n’a pour qualification que ma nationalité, avec les limites déjà indiquées… D’après moi, l’exposition est assez bien faite. C’est clair que les organisateurs ont fait des recherches pour bien présenter la matière et cela d’une manière intéressante avec une scénographie  réussie. La première salle est particulièrement riche d enseignement, avec des infos sur la Grande Dépression, le New Deal, et plusieurs autres sujets important de l’histoire américaine. L’exposition a aussi réussi à créer une ambiance authentique de l’Amérique de l’époque. Les voitures dispersées dans les salles différentes sont attirantes à l’œil et donnent l’impression d’être dans un vieux film américain. La présence des anciens bouteilles de Pepsi et Coca, par exemple, ajoute à ce sentiment. Enfin, la musique que l on peut entendre tout au long de l’exposition, vraiment américaine, et m’a rappelée des souvenirs de chez moi.

Mais ma critique la plus grande sur cette exposition c’est que elle n’a pas vraiment réussi à me faire sentir chez moi. J’ai écrit plus tôt que les voitures m’ont donné le sentiment d’être dans un vieux film américain. En fait, toute l’exposition m’a donné cette même impression. Elle capture plutôt le stéréotypes américains que la vérité. La partie sur Chicago en est un exemple fort. La ville y est caractérisée par sa violence et son crime. Il y a un cadavre et un fusil dans la rue, même un « speakeasy » (bar clandestin) au derrière d’un bâtiment. C’est dramatique et intéressant, mais il ne donne pas l’image complète. Chicago a été une ville violente, et la violence reste encore aujourd’hui, mais définir la ville seulement par cette caractéristique est simpliste. Je comprends bien l’obligation d’intéresser le public par des expositions attirante, mais il faut aussi, selon moi, donner un sens équilibré de la vérité. Ce manque d’équilibre est le vrai défi de l’exposition. Elle ignore par exemple, des caractéristiques américaines importantes, comme le racisme. De plus, elle souligne les petites choses qui n’occupent pas en vérité, une place importante dans la culture américaine, comme les motels et les stations-services. Même le sujet de l’exposition m’apparaît, plutôt comme quelque chose venu du cinéma, pas vraiment basé sur ma réalité américaine. En effet, avant d’écrire cet article, la Route 66 ne me disait rien pas grand chose historiquement parlant.

A une époque où, selon moi, un des problèmes les plus grand dans le monde est que les gens de cultures différentes ne se comprennent pas, je ne suis pas sûr que l’Exposition Route 66 aide les français à vraiment comprendre ce que ça veut dire d’être américain dans le monde d’aujourd’hui. Mais après tout le propre des rêves, y compris américains,  c est d être jolis, et faire jouer l imagination, plus que d être dans le souci de la vérité.

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