Le nouveau visage de l’économie aquitaine


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Le nouveau visage de l'économie aquitaine

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 25/03/2008 PAR Nicolas César

La ferveur du débat et des oppositions au projet de port méthanier au Verdon sur Mer en Gironde démontre à quel point il est difficile de faire coexister différents types d’économies sur un même territoire. D’ailleurs, ces quinze dernières années, les territoires et les économies ont profondément évolué. On ne parle plus de secteur primaire, secondaire et tertiaire, mais d’économie productive (agriculture, industries, commerce de gros, services à la production) administrative ou résidentielle (commerce de détail, santé, tourisme, construction). « Cette définition n’était plus pertinente, car 75% de l’économie française se situe désormais dans les secteur tertiaire » explique Francis Elissalt, directeur de l’INSEE Aquitaine.

L’Aquitaine, une des premières régions à avoir basculé vers une économie résidentielle

En Aquitaine, ce changement s’est opéré plus tôt que dans d’autres régions. « Dès 1990, la région a basculé d’une économie productive vers une éconmie résidentielle » souligne Pierre Delfaud, professeur d’économie à Bordeaux IV. Un phénomène qui s’explique par l’attractivité de notre territoire, notamment pour les retraités ou encore pour les cadres qui travaillent en Ile de France et possèdent une résidence dans la région. Aujourd’hui, la part de l’économie résidentielle est donc très importante en Aquitaine (39,3%), contre 36,2% pour l’économie productive et 24,6% pour l’économie administrative. Un ratio résidentiel sur productif place l’Aquitaine en quatrième position par rapport aux autres régions françaises.

Plus d’emplois, mais moins bien payés

Francis Elissalt, directeur de l'INSEE AquitaineMais, si l’économie résidentielle créée plus d’emplois et a ainsi permis, avec l’effet démographique, de faire baisser le chômage, elle a aussi ses limites. Alors que le salaire annuel brut moyen en Aquitaine pour un salarié de la sphère productive est de 30 800 euros, celui d’un salarié de l’économie résidentielle n’atteint que 24 300 euros. D’une part, parce que dans l’économie résidentielle, il y a moins de cadres et de professions intermédiaires et d’autre part, du fait qu’il y a davantage de temps partiels (24,6%, contre 13,1% pour l’économie productive). Résultat, les actifs les plus qualifiés quittent la région et le solde migratoire des jeunes actifs est aujourd’hui devenu négatif en Aquitaine.

Un système économique fragile

« L’économie résidentielle est fragile, car elle doit être encadrée. Sans quoi, il y a des phénomènes de reflux, si l’on urbanise trop comme en région PACA. » rappelle Pierre Delfaud. L’économie résidentielle ne peut fonctionner sans sa « béquille », l’économie productive. Les hauts revenus des cadres de l’économie productive alimentent, en effet, l’économie résidentielle (services…). « Il est donc essentiel que l’Aquitaine conserve ses industries dans la région » insiste Pierre Delfaud. Un message qui s’adresse aux politiques, qui ne doivent pas céder aux tentations « faciles » des promoteurs immobiliers, mais, au contraire, geler des terrains pour en faire plus tard des zones industrielles. D’autant plus, qu’avec la baisse programmée des pensions de retraite et l’augmentation du coût des transports, l’économie résidentielle risque de subir quelques « turbulences ». Selon ¨Pierre Delfaud, l’économie aquitaine dispose de nombreux atouts : sa filière aéronautique, bois, chimie (dans le Béarn), un cadre de vie agréable… Il n’y a plus désormais qu’à mettre en valeur ces atouts.

Nicolas César

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