Le Musée des beaux-arts et le CAPC accueillent le grand architecte « humaniste » – Yona Friedman


Né en 1923 à Budapest, Yona Friedman débute ses études à l'Institut de Technologie à Budapest pour ensuite les poursuivre à Haifa.

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Le Musée des beaux-arts et le CAPC accueillent le grand architecte « humaniste » - Yona Friedman

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 16/02/2008 PAR Piotr Czarzasty

Né en 1923 à Budapest, Yona Friedman débute ses études à l’Institut de Technologie à Budapest pour ensuite les poursuivre à Haifa. Après avoir réalisé quelques constructions en Israël, il s’installe définitivement en France à la fin des années 50. L’appeler néanmoins tout simplement « architecte » semblerait fort réducteur. « Je suis architecte et bien d’autres choses à la fois. » dit-il. Son travail témoigne d’une grande richesse d’inspirations. Friedman est à la fois architecte, concepteur, créateur, dessinateur, constructeur… « Etre créateur en architecture demande d’aller au-delà; Il serait une erreur de considérer que c’est un domaine qui suffit à lui-même. »

La Ville spatiale

Inspiré des structures tridimensionnelles de Konrad Waschmann (structures autoportantes en acier à l’image d’une superposition de nappes infinie), ainsi que des constructions habitables à dimensions variables constituées d’objets trouvés, de Kurt Schwitters, Friedman élabore son projet phare – « la Ville spatiale ». L’idée n’a pas échappé au contexte socio-économique de l’époque, où semblaient coexister la notion de société de masse et la volonté de s’en démarquer. C’est dans cet esprit que la Ville spatiale est conçue comme une sorte d’urbanisme démocratique qui reste à l’écoute de l’expression de chacun tout en ayant vocation à devenir une « mégastructure ».

Fais ta propre ville

Chaque habitant a donc son mot à dire. « Je veux restituer l’architecture à ceux qui en bénéficient. » souligne Y. Friedman: « l’habitant doit trouver lui-même la solution. » Le rôle de l’architecture s’y réduit à celui de rassembler ces différentes solutions en une même « arcane ». La ville n’est de ce fait, ni plus ni moins, que l’expression d’une somme d’imaginations spatiales diverses et individuelles de ses habitants. « J’ai toujours cherché à délivrer les habitants de la ville, et la ville elle même de ses habitants. » explique-t-il.

Une ville sur la ville

Afin d’y parvenir Friedman propose un modèle d’aménagement assez inhabituel; une vaste construction modulable, un squelette reproductible à l’infini dont les différentes couches se superposent l’une à l’autre. C’est le modèle d’une « ville sur la ville ». Ainsi, les surfaces surélevées, à quelques 10, 20m du sol, sont réservées aux activités liées à la vie quotidienne des citadins (habitation, vie publique, loisirs, circulation des piétons); les surfaces inférieures sont consacrées par contre aux services divers (circulation mécanique, magasinage, production). Ceci pour donner une plus grande flexibilité et liberté de manoeuvre à la surface habitée.

« L’intelligence commence avec l’improvisation »

Cette liberté devrait se manifester par une possibilité non restreinte d’improviser. « L’intelligence commence avec l’improvisation.» énonce l’artiste. Friedman souhaite qu’on se sente dans la ville aussi confortablement qu’à l’intérieur d’une maison. L’aménagement de la ville devient donc tout aussi simple que le déplacement de meubles dans le salon. C’est une structure qui offre ainsi beaucoup d’espace vides, prêts à être librement investis par les habitants de la manière qu’ils souhaitent. Une utopie, mais « réalisable » comme le expo beaux arts camille henrotsouligne Friedman, car selon lui: « croire en une utopie et rester réaliste n’est pas une contradiction. »

Une léger aperçu de la mise en partique des idées de Yona Friedman, nous offre un petit détour par son appartement. C’est en effet toute une exposition qui est consacrée à ce lieu visiblement pas comme les autres, fascinant pour Camille Henrot, conceptrice de l’exposition: « Le Nouveau Monde, une exploration de l’appartement de Yona Friedman ».

Le « nouveau monde » de l’appartement de Friedman

L’exposition met en avant le résultat d’une visite méticuleuse de l’appartement, signée Camille Henrot, en proposant une déconstruction de cet espace ainsi qu’en invitant à une réflexion sur sa pluridimensionnalité. Ceci, à travers plusieurs supports. Dans un premier temps, plusieurs photos de l’appartement, assemblées sous forme de « modules » à épaisseurs différentes. Leur composition sur le sol renvoie immédiatement au modèle de planification urbain de Friedman. « c’est une tentative d’établir une relation entre une architecture utopiste et le cinéma expérimental. » explique Camille Henriot.

Choc des cultures

L’étude de ces photos nous donne l’image d’un espace abstrait et symbolique dans lequel les lois de la pesanteur et de la perspective ne semblent plus s’appliquer « C’est un rassemblement d’éléments hétérogènes, qui forment en même temps un univers en soi, un nouveau monde » confie l’artiste. Au milieu de toutes ces photos, un modeste tapis bicolore représente les silhouettes des grands bâtiments architecturaux emblématiques (Villa Savoye, Empire State Building, tours Petronas, etc.). « Le tapis représente une certaine coexistence de cultures. » raconte Camille Henrot: « Il nous laisse nous interroger sur l’ambivalente proximité du symbole traditionnel d’une culture nomade, dite primitive; et, à travers ces sihouettes, de la culture post-moderne de sédentarité. »

Une architecture d’ « intentions »

Enfin une troisième exposition est consacrée au dernier projet de Yona Friedman sur les ponts de Shangai. Ce projet suppose de relier deux parties de la ville séparées par un fleuve, par l’intermédiaire de ponts, qui ne seraient pas de simples passerelles mais de vraies voies commerciales. En regardant les ponts de Shangai, mais aussi bien les autres dessins de Friedman, on ne peut s’empêcher de constater que l’artiste refuse une prise en compte quelconque de calculs ou de lois de physique. D’ailleurs, il ne le cache pas lui-même: « Ce qui m’intéresse c’est les intentions; la richesse combinatoire; ce que sont les extrèmes limites de l’expression visuelle; le calcul y est insignifiant. »

Piotr Czarzasty

Infos pratiques

CAPC – Musée d’art contemporain:
« Yona Friedman – tu ferais ta ville »
Jusqu’au dimanche 1 juin 2008
de 14h à 18h sauf les lundis et jours fériés
le mercredi jusqu’à 20h

Tarifs: 5€ ; 2,50€

Renseignements:
05 56 52 78 36
arcenreve.com

Musée des beaux-arts:
« Camille Henrot – Le Nouveau Monde »
Jusqu’au dimanche 11 mai 2008
Tous les jours de 11h00 à 18h00 sauf mardi et jours fériés

« Yona Friedman – les ponts de Shangai »
Jusqu’au dimanche 28 septembre 2008
Tous les jours de 11h00 à 18h00 sauf mardi et jours fériés

Entrée gratuite

Renseignements:
05 56 10 25 13
www.bordeaux.fr

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