Le corps enseignant s’interroge après le suicide d’une institutrice en Gironde


DR

Le corps enseignant s'interroge après le suicide d'une institutrice en Gironde

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 30/03/2008 PAR Nicolas César

Meurtri par le suicide de sa femme, Cyril Cruzin, son mari, essaye aujourd’hui de comprendre ce geste. Convaincu, que sa femme a été « harcelée par les parents d’élèves, l’inspection académique et même la mairie de Pauillac », il vient de déposer plainte contre le rectorat de Bordeaux et la mairie de Pauillac. Pour sa part, la mairie a répondu que « la gestion interne des écoles ne relève en aucun cas de la municipalité ». Cyril Cruzin dénonce surtout l’attitude des parents d’élèves. Il en veut pour preuve, les lettres d’une dizaine de parents d’élèves envoyées à l’inspection d’académie, en novembre 2007. Des lettres, où il est reproché à Valérie Cruzin, qui enseignait à Pauillac depuis la rentrée 2006, ses « a priori sur le Médoc et ses habitants », son « excès d’autorité » et même sa tenue vestimentaire. L’institutrice avait également des problèmes relationnels avec le personnel municipal et deux de ses collègues à l’école. Jusqu’alors, en 18 ans de carrière, cette institutrice n’avait connu aucun problème. « Bizarrement, ces lettres, qui demandaient son exclusion définitive de l’enseignement, ont été postées la même semaine et émanent de parents d’élèves de l’année scolaire précédente » note Philippe Mano, secrétaire départemental du Snudi-FO, à qui Valérie Cruzin, était venue demander de l’aide. «Il s’agit ni plus ni moins d’une action de diffamation concertée » ajoute t-il. Le 9 février, Valérie Cruzin recevra même une lettre à son domicile. A bout, le lendemain, elle tentera de se suicider une première fois.

« On donne trop de pouvoirs aux parents d’élèves »

Aujourd’hui, Philippe Mano, du Snudi-FO, dénonce l’inertie de l’inspection académique. « J’ai pourtant demandé au recteur de l’académie, après la première tentative de suicide, d’appliquer l’article 11 de la loi de 1983 de protection des fonctionnaires ». Ce dernier préconise que le ministère ou ses représentants protègent ses fonctionnaires, quand il y a diffamation. Or, le 28 février, le recteur a répondu qu’il n’y avait pas « diffamation ». « Elle a été protégée. La tension dans cette école était connue depuis 2006. Il y a plusieurs entretiens. Nous lui avons suggéré à deux reprises de changer d’affectation. Elle a refusé », rappelle André Mercier, inspecteur d’académie en Gironde. « Partir de Pauillac aurait donné du crédit aux parents d’élèves »répond Philippe Mano. Selon lui, ce drame révèle un mal plus profond. « Depuis 15 ans, les enseignants ne sont plus soutenus par leur hiérarchie. » Il prend pour exemple « l’affaire » du professeur, qui a giflé un élève de 6ème à Berlaimont, dans le Nord. « Il n’y a même plus de présomption d’innocence. C’est toujours à charge. On donne trop de pouvoir aux parents d’élèves » s’insurge t-il. Des propos, qui font sursauter Christine Bouquet, présidente de la FCPE en Gironde. « Nous n’avons pas de pouvoirs, mais des droits. Il ne faut pas exagérer. On ne peut pas reprocher aux parents le suicide de cette institutrice. » Ceci étant, elle regrette que les parents aient, par exemple, écrit au domicile de l’instituteur. « En cas de conflit, Il y a des phases à respecter. Il faut d’abord tenter de résoudre le problème avec l’instituteur en discutant avec lui, avant d’écrire directement à la directrice de l’école ou l’inspection académique. » rappelle t-elle. Le suicide de Valérie Cruzin ravive, aujourd’hui, la délicate question de l’isolement des professeurs. « Au nom de la profession », son mari demande un procès « symbolique ». La décision revient désormais au parquet de Bordeaux.

Nicolas César

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles