Le CECA disserte sur « l’avenir jeune »


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Le CECA disserte sur "l'avenir jeune"

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 30/08/2019 PAR Romain Béteille

Pour leur répondre, ils avaient en face d’eux Nicolas Truelle, directeur général depuis 2014 des Apprentis d’Auteuil, et Cyril Dion, créateur du mouvement « Colibris » et réalisateur du film « Demain », César du meilleur film documentaire en 2016, qui aborde avec optimisme les grands changements sociétaux du 21ème siècle. « Le changement, y compris climatique, ce n’est pas qu’une histoire de petits gestes : si on ne change rien au modèle économique, c’est un peu comme si on disait « je travaille chez Monsanto mais j’y vais en vélo donc je sauve la planète ». Il faut se questionner sur comment on a envie de contribuer pendant le peu de temps qu’on va passer ici, qu’est-ce qu’on a envie de construire et de laisser ? Les étudiants ont d’ailleurs invoqué les forces et les faiblesses de la nouvelle génération : pour répondre, chacun sa version. Le phénomène Greta Thunberg et les débats passionnés qui s’agitent autour posent la question des jeunes et de savoir s’ils ont droit au chapitre. « Sa force, c’est qu’elle sait que c’est maintenant qu’il faut agir. Ça donne à ce qui se passe aujourd’hui une grande valeur. La faiblesse, c’est de ne vivre que pour l’instant et de s’y réfugier. Mais je pense que la force l’emporte sur la faiblesse, elle vous donne une exigence en termes de sens », commence Nicolas Truelle. « La lucidité, et c’est vrai même pour ceux qui s’en foutent », lui répond Cyril Dion. « C’est plus dur de vous faire gober n’importe quoi. La faiblesse, c’est le confort. On vit dans un confort dingue dont on a du mal à prendre conscience. L’inquiétude face au changement politique et climatique peut avoir du bon, elle peut être un peu passive et poser une question importante : est-ce qu’on va coller à la norme et être à la hauteur de notre société ?

Mais alors, questionnent les étudiants, « comment nous impliquer dans les défis de notre temps ? On est dans un entre-deux : d’un côté, on se dit que c’est maintenant qu’il faut agir et de l’autre, on pense encore qu’on a le temps. On est une génération inquiète de tout ce qui change si vite mais on est en même temps en quête de changement, en recherche de nouvelles formes d’organisation, de communauté, comme si on voulait raconter quelque chose de nouveau ». « Ou les jeunes peuvent-ils trouver du pouvoir d’agir ? On a une grande chance, c’est qu’on peut en trouver assez facilement », continue Nicolas Truelle. « Des élèves d’écoles de commerce se sont engagés, viennent dans nos établissements (des Apprentis d’Auteuil) faire du soutien scolaire, jouer, partager. Même si c’est parfois à vocation utilitariste, on est confrontés à des situations tellement différentes que ce pouvoir d’agir se forme. Notre temps est riche en propositions de toute sorte, dans des structures qui ont trouvé une action à mener pour apporter leur pierre ». « C’est bien d’essayer d’avoir la liberté de se dire : si je n’avais aucun problème d’argent, qu’est-ce que je ferais ? », continue Cyril Dion. « Assez rapidement, dès qu’on rêve de quelque chose, on se dit que ce n’est pas possible, or on a besoin d’imaginer avant de pouvoir concrétiser. Imaginer, c’est déjà faire un sacré pas. C’est une petite graine que l’on plante, et qui, parfois, pousse ».

Avec son documentaire sorti en 2015 et baptisé « Demain », le réalisateur a dépassé le million d’entrées en France, et beaucoup de jeunes se sont intéressés à ce qu’il racontait. Ce qui n’était pas forcément son but au départ. « Je voulais essayer de faire un film pour dire tous les trucs que je croyais avoir compris et parler à plus de personnes que d’habitude. Ma surprise, ça a été que plein d’étudiants et de lycéens étaient dans les salles, au lieu de retraités membres d’associations écolo qui regardent ce genre de documentaire d’habitude. Ils sont venus nous voir, ont organisé des débats dans leurs écoles, ont développé des programmes dans leurs université. C’est la première fois que j’ai réalisé qu’une partie de votre génération avait compris bien plus vite que celles d’avant. Il y a une lucidité et une gravité et ça change beaucoup de choses parce que pour une partie des jeunes, l’insouciance qu’on a eu ne peut plus exister pour eux (…) Allez apprendre autrement si vous ne pouvez pas le faire par les études. Il y a plein de façons différentes, pas qu’une seule voie. Des gens inspirants, ce sont des gens qui sont au bon endroit et qui ont trouvé leur voie ».  

Optimisme et grands témoins

Enfin, on a demandé à Christophe de la Chaise, directeur du CECA, de nous résumer ce qu’il avait retenu de l’essentiel du discours de ses invités. « Je dirais que c’est plutôt des confirmations. Des intervenants comme Clément Leroy ou Virginie Delalande ont montré que le changement était possible mais qu’il fallait une forte conviction au départ, croire en soi et beaucoup de travail. Dans l’entreprise, quand on parle de bonheur au travail, il y a plusieurs facettes : la conviction, mais aussi être authentique parce que quand on parle de RSE, certaines entreprises peuvent être tentées de prendre des raccourcis ou d’habiller la vérité mais personne n’est dupe. On n’a eu que des intervenants qui étaient dans une forme d’optimisme pour changer les choses. Jamais Atanase Perifan, le créateur de la « Fête des voisins », n’aurait envisagé que cet évènement touche 30 millions de personnes à travers le monde, il voulait juste réunir quelques personnes pour qu’ils se connaissent un peu mieux ».

À peine cette nouvelle édition terminée que le CECA pense d’ailleurs déjà à la suite : la réalisation et la diffusion, potentiellement sur une chaîne d’information nationale, d’un documentaire sur la vision de l’entreprise. « Le point de départ, et c’est un constat, c’est que souvent quand on parle de l’entreprise, les grands médias en parlent de façon très rapide, souvent négative et pas toujours juste. Le tissu économique français est essentiellement composé de petites entreprises de moins de vingt salariés, la plupart ont envie que tout se passe bien et que les salariés aient de bonnes conditions de travail. On veut donc montrer une autre image de l’entreprise. On a la chance de connaître 120 à 130 « grands témoins », des spécialistes de toutes les disciplines. On en a interrogé une quinzaine (parmi lesquels Éric Orsena, Philippe Dessertine ou Luc Ferry) sur l’image de l’entreprise et les pistes à développer pour que ça change. On a envie de partager nos convictions pour dire que la performance économique et le bien être des salariés peuvent être compatibles. Avec l’Université Hommes-Entreprises, on touche 700 personnes, si on peut diffuser ce documentaire sur une chaîne d’info, on peut potentiellement en toucher beaucoup plus ». On ne connaît pas la date de diffusion de ce documentaire sous forme de regards croisés, par contre on sait quand aura lieu la 26ème édition de l’Université Hommes-Entreprises : ce sera les 27 et 28 août 2020. Si ça vous intéresse, plus qu’à cocher la date…

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