Le cancer colorectal, le dépistage en panne en région


Les professionnels de santé s'inquiètent du faible nombre de dépistages effectués en Nouvelle-Aquitaine. La formation à la remise de kits et la sensibilisation auprès du public doivent être amplifiées pour atteindre les objectifs européens.

Une infographie présentant les taux de participation au dépistage colorectal.Leslie Herre

Déjà loin de l'objectif européen de taux de dépistage, la Nouvelle-Aquitaine accuse une baisse du nombre de tests effectués sur la période 2022-23 par rapport à la campagne 2020-21.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 01/03/2024 PAR Enzo Legros

Alors que les différents cancers se guérient de mieux en mieux en France et ailleurs, celui du colon pose aujourd’hui un problème dans la région : seulement 1 néo-aquitain éligible au dépistage sur 3 procède au test. Un sujet de préoccupation pour de nombreuses structures de santé de Nouvelle-Aquitaine au moment d’entamer le dispositif Mars bleu, dédié au dépistage de ce cancer. 

Sur la saison 2022-2023, le taux de participation au dépistage colorectal dans la région a diminué de 2,4% par rapport à la période 2020-2021, avec 32,4% de personnes dépistées. Un recul d’autant plus visible à l’échelle de la Gironde, avec un taux de participation passé de 34,5% en 2020-2021 à 31,7% (-2,8%). Ces chiffres sont pratiquement les mêmes à l’échelle nationale, mais révèlent un retard massif vis à vis des objectifs européens, fixés à 65% pour 2025. 

1943 décès par an en Nouvelle-Aquitaine

Chaque année, environ 1943 personnes décèdent en Nouvelle-Aquitaine des suites d’un cancer colorectal, d’après l’Agence régionale de santé de la région. En comparaison, la Région Grand-Est, qui a le taux de dépistage le plus haut du pays (39,8% en 2020-21), compte 1549 décès par an. Paradoxalement, ce cancer est le deuxième le plus meurtrier avec 17 000 morts par ans, alors qu’un dépistage régulier favorise la guérison dans 9 cas sur 10. 

Face à ce constat, le Centre régional de coordination des dépistages des cancers Nouvelle-Aquitaine (CRCDC-NA) a décidé de réunir fin 2022 ses bases de données départementales dans une seule source régionale, une première en France. Une démarche adminstrative qui a retardé l’envoi des invitations au dépistage et causé un taux de participation au dépistage loins des 30% habituels, à 25% lors du premier semestre 2023.

Pierre Hurmic regardant vers Benjamin Gandouet, directeur général du centre de coordination et de dépistage des Cancers de Nouvelle-Aquitaine.Enzo Legros | Aqui

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a inauguré comme chaque année le mois de Mars bleu, dédié à la sensibilisation et le dépistage du cancer colorectal. Il a déclaré que le niveau de prévention actuel est « insuffisant » et que ‘nous pouvons et devons faire mieux ».

Un « net rebond » du nombre de dépistage a néanmoins eu lieu au second semestre 2023, en atteignant un taux de 37,7%, et serait en train de se maintenir sur le premier semestre 2024 selon Philippe Madoulé, président délégué du CRCDC-NA. Pour doubler les chiffres actuels, le centre régional compte sur la formation des médecins libéraux et des pharmaciens à la remise de kits de dépistages. 

75% des pharmaciens formés à la remise de kits

Aujourd’hui, 2528 pharmaciens du territoire sont habilités à remettre des tests au public et 80% des pharmacies d’avoir au moins un professionnel formé au don de kits de dépistage. Les officines sont-elles des lieux adéquats pour les particuliers ? C’est en tout cas ce que pense François Martial, vice-président de l’URPS pharmaciens de Nouvelle-Aquitaine. « C’est facile d’aller en pharmacie, on peut parler avec les pharmaciens de la peur du dépistage, argumente-t-il alors la peur du résultat d’examen ou encore de la coloscopie sont soupconnés d’être les plus gros frein au dépistage.

Les pharmacies ont aussi l’avantage d’être actuellement présentes un peu partout en zone rurale et urbaine, contrairement aux cabinets de médecine générale.

En Gironde, le taux de participation au dépistage du cancer colorectal est particulièrement faible dans certaines zones, comme le Sud Gironde et le Blayais, où moins d’une personne éligible sur 3 se fait dépister. « On doit multiplier les actions d’aller-vers à ces endroits-là », souhaite Bénédicte Motte, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) de Gironde.

« Cette maladie me gâche la vie »

Lors de la conférence de presse de lancement du mois Mars bleu, l’écrivain et sous-préfet de Cognac (Charente) Sébastien Lepetit est intervenu pour raconter le combat qu’il mène face au cancer colorectal. « Si j’avais été moins bête, je n’aurais rien eu », regrette-t-il après avoir omis le dépistage lors des années précédentes. Si son cancer a été opéré avec succès le 03 février 2023, l’homme de 55 ans souffre d’un retour de métastases et de plusieurs symptômes persistants. « Il aurait suffi que je fasse ce petit test, aujourd’hui cette maladie me gâche la vie », témoigne-t-il.

Infos pratiques !

Les kits de dépistage du cancer colorectal sont gratuits et commandables sur le site monkit.depistage-colorectal.fr

Le dépistage permet d’éviter 2 200 nouveaux cancers et 2 600 décès chaque année selon l’Institut national du cancer. 

Le dépistage est fortement prescrit à partir de 50 ans, une fois tous les 2 ans. Il peut permettre dans 9 cas sur 10 de guérir du cancer colorectal. 

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