Le bout du tunnel pour l’économie sociale et solidaire?


L'économie sociale et solidaire doit enfin changer de braquet. C'est ce que la ministre dédiée, Olivia Grégoire, est venue dire lundi après-midi à Biarritz et dans les Landes. Elle affiche la volonté de rapprocher l'ESS de l'économie conventionnelle.

Maïder Arostéguy, maire de Biarritz, Maxime Baduel, délégué ministériel à l'économie sociale et solidaire, la ministre Olivia Grégoire et la présidente de la maison de l'ESS Kabia à Biarritz, Ghys Hayes.Cyrille Pitois | Aqui

Maïder Arostéguy, maire de Biarritz, Maxime Baduel, délégué ministériel à l'économie sociale et solidaire, la ministre Olivia Grégoire et la présidente de la maison de l'ESS Kabia à Biarritz, Ghys Hayes.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 14/11/2023 PAR Cyrille Pitois

L’économie sociale et solidaire a été cadrée par la loi portée par Benoit Hamon, en 2014. « Cette loi ce sont les fondations de la maison ESS, » rappelle la ministre, Olivia Grégoire. Mais depuis dix ans, le gros oeuvre se cherche un peu. Aléas sur un portefeuille ministériel dédié, sur des budgets pérennes, sur une administration quasi inexistante…

De passage à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) et Tarnos (Landes), la ministre déléguée en charge des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme affirme que le moment de passer à une édification plus solide et méthodique est venu, surtout depuis la copieuse feuille de route qu’elle a dévoilée début novembre.

Pas que l’entraide et la solidarité

« L’Economie sociale et solidaire est souvent cantonnée au champ de l’entraide et de la solidarité, » déplore Ghys Hayes, présidente de la maison de l’ESS, Kabia à Biarritz. « Il faut amener le grand public à découvrir les acteurs qui co-construisent ces associations ou entreprises dont beaucoup sont très innovantes pour l’humain comme pour l’environnement. »

Activités coopératives, épiceries de proximité, développement durable ou accompagnement des personnes en reconversion, les champs d’intervention et les formes de l’ESS sont multiples. En Nouvelle-Aquitaine 30 000 structures sont actives et 240 000 salariés s’y engagent quotidiennement. En Pyrénées-Atlantiques, 13% des salariés sont employés par ces entreprises alors qu’ils ne sont que 10% au plan national. « La maison Kabia de Biarritz commence à inspirer d’autres villes. Et c’est tant mieux, mais c’est encore insuffisant, » plaide la ministre. « L’économie sociale et solidaire a tant à apporter à l’économie conventionnelle et inversement. Il faut développer ces lieux d’échanges. »

L’ESS porte de nouveaux modèles de gouvernance qui inspirent les jeunes qui arrivent sur le marché du travail en recherche de sens.

La feuille de route ministérielle dévoilée depuis quelques jours recense un catalogue d’aides, d’actions et de modalités à disposition des entreprises, fondations et associations. « Elle rassemble ce que les acteurs attendent de l’impulsion de l’Etat, elle est arrimée aux attentes du terrain et des remontées des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire. Elle est aussi faite de mes convictions et la première d’entre elles c’est que c’est une économie à part entière, parce qu’elle défend des impératifs environnementaux et sociaux mais aussi parce qu’elle porte de nouveaux modèles de gouvernance économique qui inspirent les jeunes qui arrivent sur le marché du travail et qui sont en recherche de sens. »

Pour autant la ministre reconnaît que les mêmes acteurs étaient un peu abandonnés au fil des aléas politiques depuis 2017. « Quand on respecte les acteurs économiques, il faut de la stabilité. L’impulsion de 2014-2015 était retombée. Aujourd’hui, l’ESS est une économie à part entière qui produit à hauteur de 10% du produit intérieur brut. Elle a donc vocation à loger à Bercy. Elle a le droit d’être bordée par le grand ministère de l’économie et en même temps c’est une politique très interministérielle. Je ne suis plus isolée et notre programme va consister à bâtir des transversales et porter une politique claire ».

Multiplier les pôles de coopération économique

Première action concrète: le développement des Pôles territoriaux de coopération économique. « Il y en avait 80 en 2020. Aujourd’hui, on a dépassé les 200. Et nous allons continuer à mailler le territoire pour croiser l’économie sociale et solidaire avec l’économie conventionnelle. » 2,5 millions d’euros seront consacrés chaque année à ces pôles, pour accompagner ceux qui existent et en faire émerger de nouveaux, si besoin en les spécialisant. Un moyen de rendre visibles ces acteurs engagés et aussi de les aider à se repérer dans le dédale de ceux qui peuvent les aider: la Banque des Territoires, France 2030 et d’autres. 

Un interlocuteur dans chaque préfecture

Outre la feuille de route et des budgets sanctuarisés, la ministre a un nouvel atout dans sa manche : la nomination, voilà une semaine, d’un délégué ministériel à l’Economie sociale et solidaire, en la personne de Maxime Baduel. Déjà conseiller ministériel à l’ESS et à l’investissement à impact en 2020 et 2021, il a aussi été directeur général de la fédération Solidarités nouvelles pour le logement. Il a à la fois l’expérience de l’ESS et l’agilité au sein de l’appareil public pour trouver les réponses. Parmi ses premières missions: faire nommer dans chaque préfecture un équivalent temps plein à l’économie sociale et solidaire, une mission aujourd’hui encore insuffisamment identifiée dans les organigrammes de l’administration d’Etat dans les départements.

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