Le bouchon de liège, une monnaie caritative et vertueuse ?


Basée à Eysines (33), l'entreprise Amorim France fait de la filière française du recyclage des bouchons de liège un marché au profit du caritatif. Si le réseau de bénéficiaires est mince, les revenus générés par ce système augmentent chaque année.

Un homme a ses deux mains sur plusieurs bouchons de liège, déposés sur une table en bois.Amorim

Depuis 2010, 2000 tonnes de bouchons de liège ont été récoltés et recyclés en France, pour 600 000€ de dons à la recherche médicale et au handicap.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/03/2024 PAR Enzo Legros

Depuis bientôt 15 ans, le marché du recyclage des bouchons en liège sert de mine d’or aux secteurs de la recherche médicale ou de l’aide au handicap en France. En lien avec la Fédération française du liège, l’entreprise multinationale Amorim Cork organise un réseau de recyclage des bouchons de liège au profit d’associations solidaires. Un nouveau point de collecte a été installé dans la cave bio Supergraal de l’écosystème Darwin à Bordeaux.

La collecte de près de 517 millions de bouchons ont permis de déverser 600 000€ de dons depuis 2010, dont 300 000€ à l’association Agir Cancer Gironde pour l’institut de traitement du cancer Bergonié à Bordeaux. Dans les coulisses de ces dons caritatifs repose un système d’équilibre financier, permettant de pérenniser cette organisation qui se veut aussi éco-responsable. 

Le principe est simple : les associations partenaires s’occupent de récolter les bouchons apportés dans les points de collecte, Amorim rémunère ces dernières selon un prix fixé à la tonne, et récupère l’argent donné en vendant les produits de seconde vie issus du recyclage. Les bouchons de liège peuvent resservir après broyage dans l’isolation, la mode, dans des protections thermiques de navettes spatiales ou encore dans les pièces détachées d’automobiles. Ils ne peuvent être réutilisés comme bouchons de bouteilles, pour des raisons sanitaires. 

Le recyclage plutôt que l’incinération 

Ce système n’est tenable que pour un groupe de l’envergure de celui de la famille Amorim, la plus riche du Portugal avec une fortune de 4,3 milliards d’euros. Il demande un effectif et des ressources financières suffisants pour pouvoir envoyer les bouchons jusqu’à la seule usine européenne de recyclage de liège, située dans la ville portugaise de Santa Maria da Feira, sans toucher aucun bénéfice. Pour justifier cet investissement, Amorim France évoque « un comble » écologique autour du cycle de vie du liège dans le pays. « On a la chance d’avoir un matériau magnifique et vertueux, mais certain vont soit l’enfouir, soit l’incinérer », regrette Franck Autard, le directeur d’Amorim France.

Le liège provient en effet de l’écorce du chêne-liège, dont l’extraction ne nécessite pas de couper d’arbre. Dans le cas d’Amorim, la production de bouchon de liège est qualifiée comme « négative » en terme d’impact carbone. Les déchets de production sont transformés en biomasse appelée poussière de liège, une source d’énergie neutre en CO2 qui fournit 60 % des besoins énergétiques d’une usine de production, et permet donc de faire des économies d’énergie. « Cela diminue les émissions de gaz à effet de serre de 300 à 500 grammes de CO2 par tonne de bouchons », précise Franck Autard qui insiste sur la circularité de cette économie. 

Une filière au profit du caritatif

En Gironde, environ 400 points de collecte de bouchons sont gérés par 300 bénévoles d’Agir Cancer Gironde. Certaines collectes sont aussi installées dans le Lot-et-Garonne, le Pays basque et la Charente-Maritime. Les revenus de l’association ne cesse de croître depuis 10 ans. « L’année dernière, on a récolté 27 400€, et je suis dès maintenant persuadé qu’on va dépasser les 30 000€ cette année », confie le président d’Agir Cancer Gironde, Bernard Wallet.

Pour une tonne de bouchons, les associations partenaires du dispositif EcoBouchons, telles que France Cancer ou Bouchons Bonheur, sont rémunérés à hauteur de 650€. Amorim a lancé un appel à partenariats « à toutes les associations de France » engagées dans la recherche ou l’aide au handicap. Selon la Fédération française du liège, la filière a de quoi se développer, puisque seulement 10 à 15% des bouchons sont actuellement recyclés en France. 

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