Pour Philippe Barre, directeur de l’écosystème Darwin situé sur la rive droite de Bordeaux, le temps des simples analyses économiques des entreprises est révolu. « On a l’habitude de mesurer notre impact économique mais on ne sait pas suffisamment mesurer l’ensemble de notre impact », constate-t-il.
Pour corriger cela, l’écoquartier a commandé au bureau d’étude Vertigo Lab un rapport d’impact complet sur l’empreinte carbone, économique et sociale de l’écosystème, dont les résultats ont été présentés ce mardi à la presse. Philippe Barre assure que l’étude est « indépendante » même si elle a été menée par une structure basée dans le quartier alternatif de Darwin.
389 m³ d’eau potable économisés par an
Sur le plan environnemental, l’étude révèle que 60% des employés ou membres de l’écosystème circulent en mobilité douce, dont 40% à vélo. Sur place, 98% des 15 000 plats servis en restauration sont bio et 70% sont d’origine locale. Un système de récupération et de stockage d’eau installé sur l’ancienne caserne militaire Niel de la Bastide permet à Darwin de consommer 29% d’eau en mois par rapport aux autres écosystèmes comparables, soit 389m³ d’eau potable par an.
Sur l’aspect énergétique, le quartier consomme 3 fois moins d’énergie que des sites équivalents, avec une consommation électrique de 2,76 gigawatts par an. Le cap symbolique des 1000m² de panneaux photovoltaïques en autoconsommation a été atteint en 2023 et doit être doublé d’ici 2025 selon les objectifs fixés. Philippe Barre préfère parler de « traque aux gaspillages » avant « de commencer la transition écologique ». « On ne parle pas assez de la sobriété énergétique alors qu’on gaspille 35 à 45% de l’énergie en France », estime-t-il.
Un constat très mitigé sur la gestion des déchets
Si l’étude approuve les nombreux impacts positifs de l’écosystème, elle dresse aussi un bilan négatif sur la gestion des déchets. Philippe Barre a reconnu avoir totalement raté le projet de récupération des urines. « C’est un échec parce qu’on l’a mal fait, admet le fondateur de Darwin. On a pas su s’entourer des bons prestataires pour le déroulé des travaux », détaille-t-il. Une erreur dans le choix des matériaux utilisés aurait notamment été faite, rendant le système inutilisable. Malgré les pertes financières de cet échec, le projet sera repris à zéro prochainement en recontactant de nouveaux prestataires.
Le tri des déchets aurait aussi régressé par rapport aux dernières années, où 65% des déchets produits sur le site étaient recyclés. La version complète de l’étude n’a pas encore été rendue publique mais donnera des précisions sur l’étendue des lacunes de Darwin. L’écosystème souhaite réactualiser le rapport de Vertigo Lab une fois par an pour assurer le suivi, entres autres, de son empreinte carbone. « Sans ce genre d’études, on ne peut pas savoir ce sur quoi on doit s’améliorer », indique Philippe Barre.
Les impacts financiers et sociétaux aussi quantifiés
Au-delà de l’empreinte carbone, le rapport de Vertigo Lab permet aussi à Darwin de mesurer son poids dans l’économie locale. L’écosystème accueille un million de visiteurs par an, notamment lors des 250 évènements annuels organisés sur 3000m² d’espaces couverts destiné à cette utilisation.
Du côté des 250 structures intégrées au site, 9500m² sont dédiés à des associations, 1500m² à des commerces responsables, 7000m² au coworking, 1000m² à des artisans et 2200m² aux « métiers de bouche ». Darwin a mis à l’abri 500 personnes depuis 2013, avec 115 00 nuitées financées. Chaque année, 730 paniers alimentaires sont distribués à ces familles. Enfin, 100 élèves ont été « sauvés du décrochage » depuis l’ouverture du lycée privé Edgar Morin en 2013.