L’Actualité du Roman Noir : Gueules d’ombre


Lionel Destremau : Gueules d’ombre- La manufactures de livres- 425 pages- Mars 22- 20,90 €

Lionel Destremau : Gueules d’ombre- La manufactures de livres- 425 pages- Mars 22- 20,90 €La Machine à Lire

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 05/09/2022 PAR Bernard Daguerre

C’est un roman noir au long cours, qui prend son temps. Dans un pays meurtri par un conflit qui vient de s’achever, qui lèche encore ses blessures de guerre, l’ambiance générale est morose. Siriem Plat, ancien de la police judiciaire, qui fut, sous l’habit militaire, un soldat un peu rebelle puis un policier militaire, est convoqué par un officier et sommé de trouver l’identité véritable -son nom supposé mène à une impasse- d’un combattant tombé dans le coma après avoir été renversé par une voiture. Et ce, dans les meilleurs délais.

L’enquête se déroule à une période historique et dans une région du monde qui ne sont ni l’une ni l’autre, clairement identifiées ; il faut sans doute y voir une volonté de l’auteur de brouiller les pistes. Des indices, d’avantage basés sur la littérature que sur la recherche de la « vérité vraie » pourraient renvoyer à un monde bureaucratique et anonyme des romans de la Mittel Europa entre les deux conflits mondiaux. Et la condition des personnes rencontrées, témoins, amis et connaissances du disparu, accentuent le climat de clair-obscur, répétitif, voire absurde et fantastique.

Car le récit ne se contente pas d’interroger les vivants. Il fait la part belle aux soldats morts qui, d’outre-tombe, apportent une espèce de couche sédimentaire supplémentaire à ce qui devient un chant général sur la condition humaine au temps de l’après-guerre. Partout où le mènent ses recherches, Siriem se heurte à la loi non-dite d’une oppression universelle, un carcan qui étouffe la vie des hommes et des femmes rencontrés. C’est comme si la guerre et ses conséquences ne constituaient que la continuation par des moyens plus brutaux d’un état général permanent. La trame policière se trouve ainsi non pas rejetée en périphérie de l’histoire mais comme intégrée dans un ensemble plus vaste dont elle est, au fond, comme un symptôme manifeste de cette violence.

Il faut ainsi saluer la première œuvre _au noir_ de Lionel Destremau, qui est aussi le directeur du salon Lire en poche de Gradignan.

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