L’Actualité du Roman Noir : Ce n’est qu’un début


Le lecteur familier des aventures du commissaire Soneri, ce policier italien habitant Parme, ne sera pas étonné à la lecture de sa huitième enquête. Valerio Varesi : Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri, traduit de l’italien par Florence Rigollet

Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri, traduit de l’italien par Florence Rigollet – Éditions Agullo -350 pages- 2023-22,5€La Machine à Lire

Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri, traduit de l’italien par Florence Rigollet – Éditions Agullo -350 pages- 2023-22,5€

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/09/2023 PAR Bernard Daguerre

Dans cette enquête on y retrouve le goût pour ses investigations dont on ne réalise la minutie qu’après coup, l’habitude de parcourir sa ville à pied, comme pour y tirer par la marche les fils d’une affaire bien embrouillée. Jalonner aussi le parcours par des stations goûteuses dans les restaurants, avec sa compagne, l’avocate Angela, ou bien avec quelque collègue qui le seconde dans son travail. On y repèrera encore une réflexion au long cours, plutôt mélancolique, sur l’évolution politique de son pays ; et enfin une méditation sur les paysages changeants, qui pour les besoins de son enquête transportent notre commissaire de la tristesse hivernale parmesane à la luminosité un peu indolente de la côte ligure.

Mais d’abord parlons du crime. L’affaire débute avec deux morts : un suicide d’un jeune exilé roumain, supporter d’un club de foot dans un groupe d’extrême droite, venu de sa bourgade côtière pour se pendre en ville. Et le meurtre d’une ancienne figure bien connue de l’extrême gauche parmesane des années 1970, Guglielmo Boselli dit Elmo, charismatique, séducteur et qui finit son parcours de vie empreint de religiosité. Soneri a l’intuition d’un lien entre les décès. Mais il a du mal à comprendre les ressorts de l’affaire. Le voilà d’abord plongé dans les itinéraires politiques des anciens militants de l’extrême gauche italienne : certains campent encore dans le camp figé de l’amertume, toujours fidèles à leur cause de jadis, désenchantés dénonçant les nombreux opportunistes qui ont tourné casaque. Il exploite cette piste, aidé d’un policier retraité d’extrême droite qui lui ouvre ses dossiers, auxiliaire aussi zélé qu’antipathique aux yeux de notre policier profondément républicain.

Cette dimension politique, présente presque tout au long du livre, bifurque vers une réflexion sur les héritages biologiques : les pères ont engendré des fils aux idées totalement antagoniques…

Un Maigret italien ?

Le roman accorde une grande importance à la géographie : économique entre Parme et les petits villages qui parsèment la côte ligure -séparée de la métropole par les montagnes de l’Apennin-, physique avec les contrastes géographiques et climatiques de la plaine, de la montage et de la mer.

On l’a beaucoup comparé au commissaire Maigret de Simenon. Il est plutôt un frère, le cynisme en moins, la sensibilité en plus du célèbre détective Pepe Caravalho de l’écrivain barcelonais Montalban : même attachement sensuel et indéfectible à sa commune, même lucidité un peu nostalgique et amère sur l’évolution politique et sociétale de sa cité. Ce qui lui fait dire avec humour quand il consulte, désenchanté, une carte de restaurant :« Le retour à la barbarie se mesure aussi aux menus »

Il ne faudrait pas rester sur cette note en demi-teinte, mais dire comment le style de l’auteur sait faire passer cette imprégnation de Soneri par sa ville : longs parcours solitaires sous la pluie, qui sont souvent des espèces d’arpentages analytiques des quartiers de sa Parme bien -aimée, relayés parfois par les promenades amoureuses avec Angela et les notes vives des rares bonnes tables de restauration. Et puis la dimension poétique, physiquement ressentie des voyages professionnels vers la mer via la montagne, lorsqu’il traverse les bourrasques de la neige dans un « matelas de vapeur ». Si l’on ajoute la dimension réflexive qui lui fait dire dans une conversation avec un magistrat « Vous êtes jeune…Avec le temps, vous vous apercevrez que les affaires, y compris lorsqu’on les résout, conservent des aspects obscurs qu’il est inutile de tenter d’éclairer. Et qu’à force de les trimballer, elles deviennent une partie de nous-mêmes. », on a là un le portrait d’un personnage complet de roman, aux facettes multiples et universelles.

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Valerio Varesi : Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri, traduit de l’italien par Florence Rigollet – Éditions Agullo -350 pages- 2023-22,5€-  

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