L’Actualité du Roman : Après nous le déluge


Yvan Robin : Après nous le déluge - Éditions In8 - 228 pages - septembre 2021 - 17€

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Yvan Robin : Après nous le déluge- Éditions In8- 228 pages- septembre 2021- 17€-

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 22/10/2021 PAR Bernard Daguerre

C’est une situation fictionnelle radicale, si souvent décrite, que ce déluge. On croit savoir que ça arrivera un jour, on l’a déjà lu presque de toute éternité. Cette possible catastrophe, naturelle et dantesque, qui nous hante et qui traverse la littérature, de l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh jusqu’à l’éternel Adam de Jules Verne et les contemporains de notre XXIème siècle, voici qu’Yvan Robin s’y attaque à son tour. L’auteur girondin avait déjà séduit avec son vigoureux et vachard roman noir Travailler tue ! (Éditions Lajoinie Poche). Ici, il fait face à un mythe, sans crainte et avec panache.

Ils sont deux, le père, Lazare, et le fils, nommé par son surnom « Feu-de-bois » (à cause de sa flamboyante chevelure rousse ?) que les premières secousses du cataclysme dues à une « probable inclinaison de l’axe de rotation de la terre » jettent dans un périple qu’on devine sans retour. La nuit règne désormais ; la pluie proprement diluvienne fait disparaître rapidement les terres qui n’étaient pas encore immergées. Le chaos s’amplifie, prenant une vitesse de croisière apocalyptique pendant les sept jours (et sept nuits) que dure le récit. On apprend peu à peu tout du crépuscule anarchique de la société humaine, son épidémie de suicide, la chute générale de la natalité et les tueries de masse. Séparés, les deux protagonistes connaîtront une Odyssée douloureuse, avec son lot d’épreuves traditionnelles : refuge dans des lieux improbables comme une éolienne ou un bateau à la dérive dont les occupants organisent une bacchanale désespérée, île lilliputienne dont la surface se rétrécit au fur et à mesure de la montée des eaux.

C’est la forme du récit qui nous entraîne avec son lyrisme contenu et sa profusion stylistique, à l’image de l’énormité du cataclysme. Comme si le barrage des mots était le seul rempart au délitement de la mère nature et au laisser-aller criminel des humains. Sans divulgâcher les fins dernières du roman, on peut affirmer qu’il n’est pas impossible que l’espoir subsiste quand même. On aimera aussi que Lazare et Feu-de-bois soient reliés par un héritage littéraire commun : les passages d’un livre au curieux titre « les principes de désacralisation de la vacuité » essai au contenu difficilement définissable, mais à la fulgurante valeur morale que se récite le fils, tout comme des extraits de poèmes composés par le père, en mode alexandrin et à la forme qu’on dirait héritée du mouvement symboliste. Par les interstices de ces étranges fragments, le roman accroît encore sa belle réussite.

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