Comme l’a martelé en préambule Pascal Combeceau, président du Comité technique de la Safer 87, « le renouvellement des générations, on en a fortement besoin ici car des jeunes, on n’en a pas beaucoup qui veulent s’installer ». Les chiffres sont éloquents avec une installation pour trois départs à la retraite. « D’après les données de la MSA, 126 installations ont été enregistrées l’an dernier annonce Charles Muller, vice-président de la Chambre d’agriculture, une cinquantaine a été suivie de DJA. Les chiffres sont alarmants notamment sur le bovins et ovins viande qui font la force de notre département. »
Malgré tout, la Safer a enregistré, en 2021, une demande en hausse sur le foncier. « On constate une dynamique sur le marché résidentiel avec de plus en plus de biens qui se vendent, explique Nathalie Lebas, directrice de la Safer 87. Sur 4 469 notifications, la moitié concerne des biens bâtis ou non bâtis de moins de 1 ha. La hausse est très importante sur un an soit 12 447 ha mis sur le marché, en hausse de 36 % et elle se poursuit en 2022. » Le montant des ventes a atteint 299 millions d’euros (+42%) pour des biens achetés à 81 % par des non agriculteurs. Les marchés agricoles représentaient, l’an dernier, 1 168 transactions soit +34% pour 8 765 ha cédés (+42%) pour un montant de 61 millions.
Les élèves du lycée agricole des Vaseix ont écouté avec attention les différents intervenants.
Quant à la Safer, elle a acquis 1 747 ha (+83% en un an) dont 934 ha attribués pour l’installation de 31 jeunes agriculteurs, 9 bénéficiant du fonds Fascina alloué par la Safer Nouvelle-Aquitaine (19 788 €). Le portage foncier, système d’acquisition progressive de 5 à 10 ans, a permis d’installer 18 jeunes sur 668 ha.
« Nous accueillons beaucoup de candidats à l’installation hors cadre, il y a de la place vu le nombre d’exploitations à transmettre constate-t-elle, le prix du foncier est stable, moins élevé qu’ailleurs à 3 200 € en moyenne. » Cela représente 119 acquisitions, dont 11 préemptions, pour 1 747 ha (+83%). Ainsi, 1 627 ha ont été attribués, en majorité pour l’installation agricole, la consolidation et la restructuration à 128 candidats sur 173.
« Envie de revenir aux sources »
La Safer a contribué à l’installation de Matthieu Vasset qui a trouvé son exploitation sur son site propriétés-rurales.com. Ce normand sera en activité le 1er janvier sur une propriété de neuf hectares. Pour le projet de sa vie, il a renoncé à son poste de responsable qualité, hygiène, sécurité et environnement. « Mes grands-parents étaient exploitants en Normandie, mes oncles ont repris l’exploitation et je les ai aidés jusqu’à mes 18 ans raconte-t-il, mais celle-ci était devenue un monstre, je ne m’y reconnaissais pas. Je n’ai pas souhaité m’inscrire dans cette continuité. »
L’envie de revenir aux sources le taraudait, il a franchi le pas en contactant la Safer Haute-Vienne. « J’ai fait la première visite de la ferme en février 2021, il a fallu donner une réponse le lendemain car des Hollandais l’avaient visitée et voulaient l’acheter » se souvient-il. La Safer 87 a souhaité privilégier son projet de porcs Cul noir, les premiers visiteurs ayant un projet de loisirs. « Le contact est bien passé avec les cédants qui m’ont fait confiance pour faire perdurer leur élevage avec transformation à la ferme. »
Il fallait aller vite car les cédants devaient s’installer sur une autre propriété, plus compatible avec leur projet. « Le montage a été ficelé en dix mois ce qui est rapide » souligne le conseiller foncier. « Pour aider une personne hors cadre à s’installer, il faut un vrai accompagnement dès le départ sur tous les aspects atteste Matthieu Vasset, quand on commence le parcours, il y a beaucoup d’étapes à franchir. J’ai le sentiment de ne pas avoir été lâché dans la nature. » Il attend maintenant avec impatience que son projet se concrétise.