La Nouvelle-Aquitaine prise dans la tourmente Ohayon


Après des succès dans l'immobilier, Michel Ohayon a investi le commerce de détail. Mais le redressement judiciaire de la holding qui détient trois hôtels prestigieux dont le Grand Hôtel de Bordeaux plonge des centaines de salariés dans l'incertitude.

Carte Nouvelle-Aquitaine des entreprises de Michel OhayonKeyop Média

Carte Nouvelle-Aquitaine des entreprises de Michel Ohayon

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 17/02/2023 PAR Cyrille Pitois

L’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon a beau rester discret au micro des médias, son empire défraie la chronique. Les déboires se succèdent pour le propriétaire des magnifiques murs du Grand Hôtel Intercontinental de Bordeaux. La tornade post-Covid frappe les chaînes de commerce de détail qu’il a acquises récemment et dont les enseignes irriguent la Nouvelle-Aquitaine. Des dizaines de points de vente, des centaines de salariés dispersés, se retrouvent déjà rayés de la carte, pour ceux de l’enseigne Camaïeu, ou dans l’inquiétude pour les autres enseignes (Go Sport, Galeries Lafayette).

Arrivé enfant à Bordeaux avec ses parents, Michel Ohayon a bâti progressivement un empire dans l’immobilier. Une success story débutée par l’achat d’une simple boutique, puis des affaires développées jusqu’à devenir, sans doute, l’homme incontournable de Bordeaux et au-delà dans l’immobilier d’affaires. Avec des coups inédits, comme le Grand Hôtel de la place de la Comédie ou l’immeuble de l’ancien Virgin place Gambetta, où aucun projet n’a encore finalement abouti.

Les opérations prestigieuses se succèdent entre 1999 et 2019: un domaine viticole Château Trianon à Saint-Emilion, des hôtels de luxe à la porte du Château de Versailles, dans l’enceinte même de l’aérogare de Roissy ou à Jérusalem :

Newsletter Aqui


La holding en redressement judiciaire

Motivé par l’avenir des centres-villes et du commerce de détail, en réponse à la poussée du e-commerce, il crée une filiale en 2018 pour investir aussi dans des enseignes nationales de textile. Il rachète pour l’euro symbolique plusieurs marques en difficulté comme Camaïeu, GoSport. Plusieurs magasins La Grande Récré intègrent une autre filiale. Mais le Covid et les nouveaux comportements des consommateurs brouillent, depuis deux ans, sa grammaire des affaires. L’empire se retrouve dans la tourmente en ce début d’année 2023.

Le tribunal de commerce de Bordeaux a décidé mercredi 15 février, la mise en redressement judiciaire de la société mère, Financière et immobilière bordelaise (FIB) propriétaire des hôtels de Bordeaux, Roissy et Versailles. Ce sont les retards de remboursements des emprunts contractés auprès de la Bank of China qui sont à l’origine de cette procédure. 

La FIB a été déclarée en cessation de paiements à la demande de Michel Ohayon et deux administrateurs judiciaires ont été nommés. Les projets sont gelés, à Saint-Emilion ou place Gambetta à Bordeaux, ainsi que le projet commercial dans les anciennes casernes de Libourne.  

La filiale Hermione People and Brands (HPB) héberge les activités de distribution. Elle a notamment racheté au début de la crise Covid et pour l’euro symbolique les réseaux Camaïeu, GoSport et Gap. Mais la mayonnaise n’a pas pris au point que tous les points de vente de la chaine Camaïeu ont baissé le rideau fin 2022. Et HPB cherche des repreneurs pour GoSport (une douzaine de surfaces en Nouvelle-Aquitaine) et Gap. Les deux enseignes sont déjà en redressement judiciaire. 

Procédure de sauvegarde pour les Galeries Lafayette 

La franchise Galeries Lafayette encore épargnée 

C’est encore HPB qui avait repris, dès 2018, vingt-six magasins Galeries Lafayette dont huit en Nouvelle-Aquitaine. Les salariés ont lancé une procédure d’alerte en décembre 2022 et dans plusieurs magasins, certains ont débrayé quelques heures ce mardi 14 février. « Les projets qui avaient été annoncés sont au point mort, l’effectif est réduit au minimum, le blocage des livraisons de marchandises depuis quelques jours renforce encore les craintes sur la pérennité de l’entreprise et de ses 750 emplois » indiquent les représentants syndicaux. Le siège de HPB a précisé à l’agence France Presse à propos des magasins Galeries Lafayette qu’«aucun plan social ni fermeture de magasin n’est programmé. L’entreprise est saine, portée par une stratégie marketing qui a démontré sa pertinence » avec un chiffre d’affaires 2022 en augmentation. Pas de quoi dissiper toutes les inquiétudes des équipes sur le terrain qui se plaignent d’un manque d’informations.

Michel Ohayon est aussi cité dans une affaire de promotion immobilière à Marseille. Une centaine d’accédants à la propriété attendent de pouvoir profiter de logements achetés sur plan en 2016. Les entrepreneurs ont interrompu la construction faute d’être payés par le promoteur.

Le sort de toutes ces activités qui sont liées par la FIB est désormais entre les mains de la justice. Le comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) qui dépend du ministère de l’économie et des finances a la délicate charge de démêler la cascade de structures juridiques qui composent le groupe dont l’opacité a déclenché la saisine de la brigade financière. Les vautours tournent déjà autour des actifs du groupe, puisque le Virgin de la place Gambetta  est déjà “sur le marché”. Reste à espérer que les salariés du groupe pourront trouver une issue favorable à ce dossier aux multiples entrées.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
1 Commentaire

Un commentaire

  • Laval Jean-Claude, le 17/2/2023 à 15h55

    Article pertinent et intéressant. L’inquiétude est de mise en effet.
    Tous ces montages financiers opaques sont inacceptables et devraient être mieux encadrés. Encore un exemple des méfaits d’un capitalisme sauvage.


Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! ÉCONOMIE > Nos derniers articles