« La filière viandes limousines est à un virage »


A l’approche du Salon international de l’agriculture, Limousin Promotion va renforcer sa communication auprès des consommateurs dans un contexte inflationniste qui pénalise les éleveurs.

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La filière viandes limousines a maintenu ses ventes de boeuf en 2022 tandis que les autres productions reculaient.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 17/02/2023 PAR Corinne Merigaud

Les chiffres de 2022 sont en demi-teinte pour les viandes limousines. Avec 6 139 éleveurs, elles enregistrent une baisse de près de 400 éleveurs en un an. Des chiffres que relativise Jean-Marc Escure, directeur de Limousin Promotion. « Certains avaient peu de production mais d’autres ont arrêté de produire des viandes sous Label Rouge et IGP quand d’autres ont arrêté de produire ou ont réduit fortement leur production. » La situation diffère d’une production à l’autre.

Le Label Rouge ne fait plus la différence

Le bœuf a progressé de 2,7 % en un an avec 195 tonnes supplémentaires commercialisées (7 417 en tout). Le Limousin Junior a chuté de 4 %, soit 92 tonnes de moins, de même que le porc du Limousin avec une perte de 3,5 %. Les plus fortes baisses concernent l’agneau du Limousin avec une chute de 16,5 %, soit 188 tonnes de moins. Le veau élevé sous la mère et le veau rosé reculent chacun de 10,5 %.

« Pour le boeuf, on craignait beaucoup en début d’année dernière mais c’est mieux que prévu malgré une baisse au dernier trimestre ajoute-t-il, avant la crise, on avait des progressions de plus de 20 % par an. » Le prix du boeuf Label Rouge a augmenté de 30 % en trois ans. « Du jamais vu mais ça se stabilise un peu actuellement constate-t-il, les animaux bien finis sont payés 5,70 à 5,80 €/kg à l’éleveur, les animaux non finis 5,30 à 5,40 €/kg et les éleveurs n’ont pas à acheter les céréales dont les prix ont augmenté. Les éleveurs ne sont pas incités pas à finir les animaux… Il manque 20 à 30 centimes au kilo. »

On arrive à une standardisation des viandes autour de 5 €/kg

Les viandes limousines se retrouvent en concurrence avec d’autres productions et le Label Rouge ne fait plus aujourd’hui la différence. « On arrive à une standardisation des viandes autour de 5 €/kg, constate Jean-Pierre Bonnet, président de Limousin Promotion. Avec l’inflation, il y a un rapprochement des différentes catégories et un manque de différenciation dans les prix par rapport au Label Rouge qui apportait la plus-value aux éleveurs. La filière est à un virage, on a perdu beaucoup de vaches allaitantes. Pour avoir un bon produit, il faut un prix rémunérateur. »

Les consommateurs se détournent de l’agneau et du veau, malgré un écart de prix faible avec le boeuf. « On a perdu des volumes en veau sous la mère, poursuit-il, la production est très gourmande en main d’oeuvre, il faudrait une hausse des prix pour compenser. » Quant à l’agneau, il pâtit de son image et de sa saisonnalité. « Il a un fort goût et c’est un produit de plus en plus festif consommé pour Pâques » remarque le directeur.

Dans ce contexte d’inflation, les éleveurs ont vu leurs charges s’envoler avec la hausse du prix de l’énergie, des céréales et des tourteaux. « Ils ne peuvent pas finir leurs animaux correctement sans céréales et protéines assure-t-il, les prix ont augmenté pour le consommateur mais moins que d’autres produits de consommation. »

« Le bien-manger comme nouvelle valeur »

Pour reconquérir les consommateurs, Limousin Promotion va renforcer sa communication sur l’importance de choisir une viande de qualité, quitte à en consommer moins. « Si on veut conserver une viande de qualité, il faudra en consommer et mettre une valorisation suffisante pour l’éleveur insiste-t-il, parmi nos valeurs, nous allons ajouter le bien-manger et le besoin en protéines animales. »

La filière viandes limousines sera représentée au Salon international de l’agriculture (hall 1 et 7) avec une vente aux enchères de onze vaches de boucherie LR, le 27 février à 14h, et le concours général de la race, le 2 mars à 9h30. Les visiteurs pourront également déguster les viandes limousines au foodtruck et sur le stand où un pôle boucherie sera animé par des apprentis.

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