La Chambre régionale d’agriculture revoit ses priorités


Lors de son point de rentrée, Luc Servant, Président de la Chambre régionale d'agriculture a affirmé sa volonté de positionner l'agriculture comme une réponse aux changements climatiques

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Luc Servant, Président de la Chambre régionale d'Agriculture de Nouvelle-Aquitaine

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Publication PUBLIÉ LE 24/09/2021 PAR Solène MÉRIC

« D’ici 5 à 10 ans l’agriculture va connaître une révolution des pratiques à la hauteur de ce qu’elle a connu après-guerre » affirme Luc Servant, président de la Chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Si l’objet reste de nourrir la population, le moteur de cette révolution sera celui de l’adaptation de l’agriculture face aux défis du changement climatique, le tout évidemment, par le prisme de la résilience des exploitations. Luc Servant l’affirme : « depuis un an les choses s’accélèrent. Ca bouge très vite et partout ». L’opportunité d’un « tournant » qu’il s’agit de ne pas manquer. A mi-mandat, la chambre consulaire régionale a donc revu ses priorités avec pour ambition affirmée : « faire de l’agriculture un élément de réponse sur les enjeux de climat et d’environnement ».

La PAC avec ses nouveaux éco-régimes est quasiment écrite, le Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique est lancé depuis le printemps, le Conseil régional démarre une nouvelle mandature, des débats sont en cours autour de la loi Egalim 2… Et dans cette ambiance de mobilisation générale autour du couple agriculture-environnement, la Chambre régionale d’agriculture a encore trois ans de mandat devant elle. Trois ans pour lesquels, les élus viennent de redéfinir des « priorités fortes » autour de deux enjeux principaux : « On doit continuer à accompagner les exploitations afin de les rendre plus résilientes sur un plan économique, expose Luc Servant, mais il faut aussi que nous répondions à ces nouveaux enjeux et attentes très fortes, comme la question du carbone, de la biodiversité, du changement climatique, et sur lesquels on peut avoir une place prépondérante. »

« Aller plus loin en termes d’adaptation »
En la matière, il y a un an, le plan de relance est aussi passé par là. Mais, « s’il a permis de relancer l’investissement dans l’agriculture, maintenant il faut qu’on aille plus loin en termes d’adaptation, qu’on développe tout ça à plus grande échelle par la recherche et par l’innovation ». Sans oublier la question de l’eau. Autant d’aspects envisagés (aussi) par le Varenne agricole de l’eau et du changement climatique. Lancée par le gouvernement à la fin du mois de mai, Luc Servant, qui confie avoir « beaucoup d’attente » sur cette démarche, souligne la bonne dynamique des premiers échanges et « une réelle volonté de travailler sur les territoires ».

Sur les chantiers à envisager, au croisement des priorités de la Chambre régionale et des enjeux du Varenne, il cite « la recherche de nouvelles productions pour rendre les exploitations plus diversifiées, la question de la génétique avec la création de variétés plus résistantes aux accidents climatiques, ou encore un volet eau en tant que facteur de résilience pour les cultures mais aussi dans le cadre des dispositifs de lutte contre le gel ».

Rémunérations pour services rendus
Mais les innovations peuvent aussi être sur le terrain des dispositifs d’accompagnement, voire de rémunération, des agriculteurs lorsqu’ils répondent aux attentes des consommateurs et citoyens. Les fameuses PSE (Prestations pour Service Environnemental). « L’agriculture peut permettre de restocker du carbone dans les sols, de refavoriser la biodiversité en mettant des cultures spécifiques comme des couverts végétaux et intercultures qui peuvent être là pour nourrir les abeilles, refaire la structure du sol, recapter de l’eau dans les sols, mettre en œuvre des plantations de haies… Mais il faut accompagner les agriculteurs dans ces dispositifs » appuie Luc Servant, qui suggère aussi des indemnisations aux agriculteurs qui lors de grandes crues, accepteraient de noyer leurs terres agricoles pour protéger la ville en aval par exemple.

Un exemple qui démontre aussi que la question de l’eau doit s’entendre à l’échelle des territoires « pour savoir comment faire avancer les projets de territoire en les partageant entre tous les acteurs et sur le long terme ». C’est bien là, du reste, l’objet du 3ème volet du Varenne. Objectif : « trouver un consensus. Je pense que c’est possible, mais pour ça il faut envisager le cycle global de l’eau », souligne le Président de la Chambre régionale, qui note aussi, non sans un certain soulagement, que « la question de l’eau qui était considérée comme un problème essentiellement agricole, est désormais bien comprise comme un sujet qui concerne en réalité tout le monde ».

Réseau d’innovation, de recherche et de développement

Concernant la mise en œuvre opérationnelle de l’ensemble de ces priorités, il y a donc bien sûr, les échanges avec les autres acteurs du territoire pour « une vision partagée et de long terme », mais le président de la Chambre régionale met aussi en avant le réseau d’innovation, de recherche et développement déjà existant au sein du réseau des chambres départementales.« Cela permet à la fois de remonter les besoins en innovation des agriculteurs mais aussi d’en faciliter la diffusion sur le terrain ». Et de lister parmi elles : « les nouvelles techniques de productions, la réduction du travail du sol, les nouveaux outils, la robotique… ». Ce dispositif de R&D, qui devrait donc monter en puissance, Luc Servant compte aussi le rapprocher « encore plus » de la Région, avec un président de Région à l’appétence bien connue sur le thème de l’innovation, ainsi que de la recherche avec de structures telles que INRAE ou BSA pour des accompagnements (et des moyens…) renforcés.

Au total, pour Luc Servant, qui ne boude pas non plus les questions liant énergie et agriculture, dont l’agrivoltaïsme, il s’agit ici d’affirmer haut et fort une volonté et une ouverture à l’échange et à « l’innovation totale ». Un message passé alors que les enveloppes, en lien notamment avec la PAC et le FEADER, se dessinent et se discutent au niveau tant national que régional. A bon entendeur, donc.

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