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PUBLIÉ LE 31/05/2015 PAR Joséphine DuteuilUn à priori dangereux consiste à croire que seuls les musulmans font preuve de barbarie du fait de leur religion. L’Afrique centrale est aujourd’hui le théâtre de « déclarations invraisemblables de violence » des chrétiens à l’égard des minorités musulmanes. La chasse aux musulmans menés par certains bouddhistes birmans est de même bien loin de l’image pacifique qui accompagne généralement leur religion dans l’esprit des occidentaux. Pour Jean-Louis Schlegel, il est dangereux de conserver les convictions religieuses comme unique grille de lecture. Il conclue « Malheur aux minorités, quelles qu’elles soient ».
Le philosophe nous invite à la nuance. « Les violents représentent une part très réduite de la population religieuse, même si dans les médias c’est l’inverse » La majorité des croyants aspirent à coexister en paix avec leurs voisins. Surtout, ils ne vivent pas en permanence dans et pour la religion. « Comme tout le monde, ils se soucient de leurs vivres et de leur couvert, d’emmener les enfants à l’école ou de payer leur tiers provisionnel. J’ai l’impression que c’est une sorte de fantasme de ceux qui sont eux-mêmes éloignés de la religion ». De plus, ajoute-t-il, « Nous vivons à une époque où jamais les dirigeants religieux ne se sont autant rencontrés pour parler de la paix ». Dernier problème, l’ignorance (ou la paresse intellectuelle) : « personne n’essaie vraiment de comprendre l’éclatement de l’islam, qui d’ailleurs lui pose sans doute beaucoup de problèmes ».
Attention donc à ne pas vivre les troubles actuels uniquement par le prisme de l’imagination ou des affects. Tout comme des craintes excessives, une crispation sur nos propres valeurs ne peut que nous être néfaste. « Pour moi », avance le philosophe, « la laïcité française n’était pas une laïcité d’interdiction. Nous devrions veiller à ne pas nous acheminer vers ce type de régime »
