L’ETA va t-elle se relever de l’arrestation de son numéro 1 ?


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L'ETA va t-elle se relever de l'arrestation de son numéro 1 ?

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 21/05/2008 PAR Nicolas César

Aqui! L’arrestation de Francisco Javier Lopez Pena, alias « Thierry », chef présumé de l’ETA est-elle un coup dur pour l’organisation séparatiste basque ?
Jean Chalvidant :
C’est un coup dur supplémentaire pour l’ETA, mais ça fait 40 ans que le numéro 1 se fait arrêter… En 2004 déjà, Mikel Antza, ex numéro un, avait été arrêté à Salies de Béarn. Avant lui, il y a eu Txelis, Pakito, Fitipaldi, Mobutu, Susper… Depuis que Zapatero est au pouvoir (2004) 360 militants de l’ETA ont été arrêtés, pourtant l’ETA ne compte que 300 membres… Dès qu’un militant « tombe », il est aussitôt remplacé. L’ETA craignait que son numéro un soit arrêté et avait mis en place une direction collégiale, un triumvirat à la tête de l’organisation, avec « Txeroki », le chef des comman­dos, et « Egortz », très vraisembla­blement le troisième membre du commando qui a tué deux gardes civils à Capbreton en janvier de­nier.

« La différence cette fois, avec l’arrestation de « Thierry » est qu’il s’agit de « l’intellectuel de la bande »

@! : Quel rôle avait « Thierry » au sein de l’ETA ?
Jean Chalvidant :
La différence cette fois, avec l’arrestation de « Thierry », est qu’il s’agit de « l’intellectuel de la bande ». Les autres ex numéro un étaient des militants de base, des hommes de main, qui ont gravi les échelons au sein de l’ETA. « Thierry », lui, n’a pas de sang sur les mains. Il était en fuite depuis 1983 et avait établi sa retraite à Cuba, mais avec la perte consécutive de plusieurs cadres, l’ETA lui a demandé de revenir dans les années 90. Il était alors responsable des « planques ». C’est en 2006, qu’il a pris la direction de l’appareil politique de l’ETA. Il serait l’un des responsables de l’attentat de l’aéroport de Madrid en décembre 2006, qui a coûté la vie à 2 personnes.

« La prochaine trêve n’aura donc pas lieu dans quelques mois, mais dans deux ans au mieux. »

@! C’est justement cet attentat à l’aéroport de Madrid qui a rompu la trêve entre l’ETA et le gouvernement espagnol, peut-on espérer quand même dans les mois à venir une nouvelle trêve ?
Jean Chalvidant :
Depuis 40 ans, il n’y a pas de dialogue entre l’ETA et le gouvernement espagnol, il faut bien en tirer les conclusions… La dernière trêve était un trompe l’oeil. Quand l’ETA a tendu la main, José Zapa­tero n’a pas su répondre. En neuf mois, rien ne s’est passé. Le premier ministre a envoyé des émissaires de second rang pour les négociations. L’ETA attendait un geste, mais les arres­tations n’ont pas cessé. Le groupe s’est senti floué et a mis fin à la trêve avec l’attentat de l’aéroport de Madrid. La solution ne peut être que politique, mais on est dans une impasse. Tous ceux qui ont joué la carte politique sont passés dans la clandestinité, car tous les partis indé­pendantistes sont désormais interdits. La prochaine trêve n’aura donc pas lieu dans quelques mois, mais dans deux ans au mieux.

Note : Jean Chalvidant est l’auteur de L’Espagne de Franco à Zapatero, aux Éditions Atlantica, 2006, 660 pages, 35 €. Il est également l’éditeur du site : http://www.critica.fr/.

Interview : Nicolas César

Crédit photo : Critica

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