L’agriculture bio, nouvel « outil » de territoire pour les collectivités?


Bio d'Aquitaine / Aqui.fr

L'agriculture bio, nouvel "outil" de territoire pour les collectivités?

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 27/03/2015 PAR Solène MÉRIC

L’association Bio d’Aquitaine, « créée par et pour les agriculteurs bio », a pour vocation le développement de ce mode de production dans la Région. Et, en la matière, les arguments mis en avant par l’association, à l’image des instances bio au niveau national, sont nombreux : biodiversité, qualité de l’alimentation, respect de l’environnement,… Un ensemble de messages dont les destinataires ne sont plus seulement les consommateurs ou les agriculteurs conventionnels pour les encourager à la conversion, mais désormais aussi, ou de manière plus affirmée en tout cas, les collectivités territoriales.
Et, s’adressant à elles, les acteurs du bio, ici Bio d’Aquitaine et FNAB, ne cherchent pas simplement à les encourager à soutenir l’agriculture bio pour l’agriculture bio, mais préfèrent valoriser les bénéfices en terme de développement territorial que ce mode de production pourrait leur apporter… Bref, les collectivités ne sont plus appelées à voir le bio comme une fin, mais comme un moyen, un outil permettant notamment de participer à la protection, voire l’amélioration de la qualité des eaux sur les bassins de captation… En d’autres termes un intérêt collectif conciliant à la fois production d’eau potable et maintien d’une activité agricole, si possible bio.

De la « guerre »…Pour apporter de l’eau à son moulin, la FNAB a mis en place depuis 2007, avec les Agences de l’eau et des collectivités, des expérimentations pilotes sur 12 territoires au niveau national. Grâce aux retours d’expériences et à l’accompagnement réalisé par la FNAB sur ces projets, Sylvain Roumeau peut ainsi exposer l’existence d’une multitude de leviers d’actions aux mains des collectivités pour favoriser la production bio, au titre désormais de « projets de territoire durable ». Parmi les différents outils, il pioche dans la grande enveloppe des documents de planification territoriale, qui d’ailleurs pour la plupart, inclus en amont, un nécessaire dialogue entre les acteurs aux intérêts souvent divergents. Parmi eux, l’agenda 21, les documents d’urbanisme, les Chartes de parcs naturel, les politiques de la ville, les SAGE, le Périmètre de protection de captage,etc… Mais, au delà des outils, ce sont aussi des actions qu’il s’agit de définir et de mettre en œuvre pour que projet territorial se concrétise en réalité de terrain. Autant d’outils, actions et retour d’expérience compilés sur le site www.devlocalbio.org, véritable guide en la matière
Outils et actions dont la condition sine qua non du succès semble d’abord être celle du dialogue, dans des zones, où peut se jouer parfois, une véritable « guerre de l’eau entre producteurs agricole et buveurs d’eau », pour ne pas dire entre campagne et ville, comme en témoigne Daniel Helle du Syndicat Eau du bassin Rennais. Une situation de tension désamorcée par une forte et progressive concertation avec les acteurs (professionnels, élus et habitants) de terrain jusqu’à la création d’un comité de pilotage commun pour un projet de territoire sur le thème eau et agriculture.

… à la solidarité entre producteurs et buveurs d’eauQuant aux actions menées sur certaines zones de captage de la ville de Rennes, elles ont été de deux ordres. « Nous avons d’abord agi sur le foncier et mis en œuvre sur ces zones un certain nombre de Baux Ruraux Environnementaux », permettant d’inclure un cahier des charges bio ou s’en rapprochant, en échange d’un loyer diminué pour l’agriculteur.
Autre actions : la fournitures des restaurations collectives publiques de Rennes, par les productions des agriculteurs situés sur les zones de captage, permettant ainsi l’ouverture d’un nouveau marché pour ces professionnels. Un principe simple mais complexe à réaliser dans les faits en raison de l’interdiction de localisme posée par le Code des Marchés publics.
Cette difficulté a été contournée par une solution innovante : utiliser un Marché public « eau », permettant ainsi de cibler l’achat des denrées alimentaires sur les exploitations situées sur un champ de captation de l’eau potable. En outre, « une incitation financière est mise en œuvre pour les producteurs s’engageant à changer leus modes de production de façon importante». L’objectif étant bien ici, souligne l’intervenant, « de faire progresser les productions sur un certain nombre de critères précis en terme d’impact sur la qualité des eaux. » En d’autres termes, sur ce bassin et par le biais cette action, soutenue par une forte animation sur le terrain, c’est bien désormais de solidarité, et non plus de guerre, qu’il s’agit entre producteurs agricoles et buveurs d’eau.

Sylvain Roumeau de la Féderation Nationale d'Agriculture Biologique et Daniel Helle, Eau du Bassin Rennais
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