Chewing-gums, mégots, masques: ces déchets si mal traités


L'entreprise bordelaise Keenat s'est fait un nom en moins de trois ans en collectant et recyclant des déchets mal aimés des circuits habituels. Une approche qui va du mobilier de collecte à la sensibilisation, en passant par la création d'emplois.

Un cendrier extérieur dans le cadre du dispositif Éco-mégotKeenat

Le dispositif Éco-mégot, grâce aux cendriers extérieurs et la signalétique autour, fait, à chaque fois, gagner 10 % de mégots de cigarette en moins au sol.

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/03/2023 PAR Juliette Huard

La commune de Talence s’est récemment dotée de 24 cendriers urbains dans des lieux stratégiques pour lutter contre la pollution des eaux et des sols, rendre la ville plus propre et sensibiliser au tabagisme. Keenat, ou Keeping our nature, est une start-up bordelaise solidaire d’utilité sociale, engagée pour l’environnement, qui s’est emparée de ce type de problématique depuis 2019 : « De nombreux acteurs recyclent déjà le carton et le plastique. Nous, on traite d’autres déchets parfois plus petits et souvent maltraités », affirme le fondateur et président de Keenat, Erwin Faure. La collecte et le recyclage des chewing-gums, équipements de protection individuelle (EPI), masques chirurgicaux et mégots de cigarette constituent l’activité principale de Keenat. L’activité compte 1100 clients, des collectivités mais aussi des entreprises dont certains gros employeurs du CAC 40.

Avec la solution Éco-mégot, les cendriers disposés à l’extérieur de différents lieux privés ou publics permettent de collecter et trier les mégots de cigarettes. Les substances nocives qu’ils abritent requièrent une filière de traitement spécifique. Après un passage en broyeur puis thermo-compresseur, ils deviennent des panneaux de sensibilisation notamment à la propreté (« ville zéro mégot ») ou au tabagisme. Il faut jusqu’à 5500 mégots pour réaliser un panneau.

Lorsque le tri révèle la présence de verre, d’eau ou encore de métal dans les mégots, ils sont valorisés énergétiquement. Un processus dont le but est de récupérer l’énergie produite lors du traitement des déchets par combustion ou méthanisation pour l’utiliser sous forme de chaleur ou d’électricité.

Les dirigeants de Keenat, Édouard Vergé, directeur général, Erwin Faure, fondateur et président, et Sandrine Poilpré, directrice généraleKeenat

Les dirigeants de Keenat : Édouard Vergé, directeur général, Erwin Faure, fondateur et président, et Sandrine Poilpré, directrice générale.

Le process de recyclage des masques R’mask, connaît un franc succès. Soigneusement jetés dans des boxs, 100 % des masques chirurgicaux collectés sont recyclés. Ils sont déconditionnés à la main. Les masques passent, eux aussi, en thermo-compresseur avant de se transformer en panneaux de sensibilisation.

Les chewing-gums posent encore quelques soucis à Erwin Faure. Le process Freegum est annoncé pour le mois de mars. « Les chewing-gums, parfois écrasés sur du bitume, accueillent des composants parasites difficiles à recycler. La promesse est donc, dans un premier temps, que les chewing-gums ne finissent pas à l’enfouissement ou ne restent pas par terre. On les récupère pour valorisation énergétique. »

Complément indispensable au recyclage… la sensibilisation ! 

Si les trois entrepreneurs de Keenat recyclent, ils sensibilisent également. « On ambitionne de changer les comportements, faire en sorte que les déchets soient correctement traités. On sensibilise à travers la France sur les gestes de tri, l’impact et la pollution », assure Erwin Faure.

Keenat propose aussi à ses clients, des journées de sensibilisation pour les collectivités et les entreprises, et des quiz  pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer. Des affiches dictant les bons gestes et des ramassages citoyens sont également proposés. « En 2022, on a réalisé 50 actions de sensibilisation, on devrait en faire 100 cette année. Et à chaque fois on touche 200 à 300 personnes. Ca a donc véritablement du sens », témoigne Erwin Faure.

Keenat favorise l’emploi solidaire

Keenat est aussi une entreprise de l’économie sociale et solidaire (ESS). La start-up collabore avec 70 sous-traitants dans les filières du handicap et de l’insertion à travers la France. 80 % des collectes sont effectuées par des structures du handicap et de l’insertion. La collecte se fait également majoritairement à vélo.

Lors d'une collecte de mégots de cigarette à véloKeenat

À Bordeaux, la collecte se fait durant une demi-journée, voire une journée.

Le déconditionnement des masques chirurgicaux est également sous-traité par l’ Établissement et service d’aide par le travail (ESAT) de Villenave d’Ornon. « À terme, le but est de sortir les gens de la précarité de l’emploi pour tendre vers un emploi pérenne. »

Une nouvelle génération de consommateurs et d’élus veut bien faire les choses. La commande publique s’active pour que les villes soient plus propres, que les citoyens trient mieux.

Devenue en l’espace de trois ans la référence en matière de solutions dans le traitement des déchets, Keenat réalise un chiffre d’affaires de l’ordre du million d’euros. Pour Erwin Faure, « il y a une nouvelle génération de consommateurs et d’élus, qui ont envie de bien faire les choses. La commande publique s’active pour faire en sorte que les villes soient plus propres, que les citoyens trient mieux. »

De la PME bordelaise à la start-up nationale reconnue

Labellisé Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale (ESUS) et French Tech, Keenat a réalisé une levée de fonds de 3,5 millions d’euros en décembre 2022. « L’objectif est d’absorber la croissance d’activité, digitaliser l’entreprise, faire en sorte de viabiliser tous nos postes, transformer et davantage tendre vers l’international, au-delà de l’Allemagne et l’Espagne », indique Erwin Faure.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Bordeaux / Gironde
À lire ! ENVIRONNEMENT > Nos derniers articles